Les investisseurs doivent devenir plus raisonnables, dit Jarislowsky

16 février 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Dollars canadiens

En entrevue au quotidien The Globe and Mail, le financier montréalais Stephen Jarislowsky estime que les investisseurs demeurent encore et toujours motivés par la cupidité (avidité ou convoitise), un danger qui risque de les perdre.

S’ils veulent sortir gagnants de la « jungle du placement », ils devraient au contraire mettre l’accent sur la préservation de leur capital et cultiver des espoirs réalistes quant à la croissance de leurs actifs, dit-il.

Reprenant le message qu’il prêche depuis des années, Stephen Jarislowsky a indiqué au Globe and Mail que les investisseurs sont la cible de nombreux prédateurs. Pour éviter de figurer parmi les victimes, ils doivent devenir plus futés et plus raisonnables, a souligné le fondateur de la firme Jarislowsky Fraser. Comment ? En effectuant des recherches avant d’investir et en apprenant à bien gérer leurs attentes.

La tâche de Stephen Jarislowsky consiste à dénicher des entreprises de premier ordre non cycliques qui génèrent des bénéfices prévisibles tous les ans et dont le dividende est en croissance continue. Une fois que les investisseurs ont fait le plein des actions de ces bijoux, ils doivent les conserver à très long terme. En deux mots, il faut préconiser une approche « valeur » et ne pas changer de style chemin faisant.

Toutefois, Stephen Jarislowsky n’aime ni les étiquettes ni les recettes toutes faites. « Il est insensé d’investir dans une action de valeur si elle ne recèle pas un potentiel de croissance », a-t-il nuancé. Oui, il sera un gestionnaire « valeur » dans la mesure où il n’achètera pas les actions d’une entreprise dont certains ratios sont trop élevés (comme le ratio cours/bénéfice, ou C/B). Mais, contrairement à ce que préconise l’approche « valeur », Stephen Jarislowsky choisira d’investir dans des entreprises qui sont les chefs de file dans leur secteur.

On le sait, Stephen Jarislowsky aime bien brasser les idées reçues. Par exemple, il dit que le portefeuille des personnes qui souhaitent investir à long terme ne devrait contenir que des actions, rien d’autre. Quel conseiller oserait formuler une telle recommandation à son client ?

Afin de mieux faire comprendre sa philosophie de placement, Stephen Jarislowsky a apporté les précisions suivantes au Globe and Mail :

Savoir diversifier un portefeuille Les investisseurs doivent choisir des actions dans quatre ou cinq secteurs importants et dans quelques secteurs spécialisés. Ils se procureront seulement les actions des meilleures firmes de ces secteurs et limiteront le nombre de transactions pour éviter de payer trop de commissions.

Identifier la qualité Aux yeux de Stephen Jarislowsky, les bonnes entreprises non cycliques génèrent des bénéfices d’au moins 12 % année après année.

Opter pour les grandes entreprises Seules les grandes firmes devraient être considérées, car lorsqu’elles affronteront une période difficile, elles auront de meilleures chances de passer à travers une crise et de se reprendre.

Savoir dénicher les occasions Les investisseurs doivent comparer le ratio C/B historique d’une entreprise avec celui en vigueur au moment de l’achat. Si le ratio historique C/B est de 14 ou de 15 fois les bénéfices annuels et que le titre se négocie à un taux moins élevé, il pourrait être judicieux de l’acheter aujourd’hui et de le vendre une fois que ce ratio aura atteint 24 ou 25 fois les bénéfices annuels.

Savoir évaluer une entreprise Certes, le ratio C/B est un indicateur précieux, mais il doit être complété par d’autres analyses, dit Stephen Jarislowsky. Par exemple, le bilan doit être sain. Notamment, la dette bancaire ne devrait pas être supérieure aux comptes à recevoir. La valeur des actifs à court terme devrait représenter le double du montant de la dette à court terme. Les frais d’intérêt que la société doit payer doivent être bas pour qu’elle puisse verser des dividendes et même pouvoir les augmenter. « Si les ventes progressent alors que les marges bénéficiaires ne suivent pas, c’est peut-être le signe d’une mauvaise gestion », explique Stephen Jarislowsky.

Le réputé gestionnaire reconnaît que la plupart des investisseurs n’ont ni les moyens ni les ressources pour abattre un tel travail. « C’est pourquoi des gens comme nous sont en affaires », note-t-il.