Les loups de Wall Street de retour à Washington

Par La rédaction | 24 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Alors que Donald Trump s’était présenté durant sa campagne en pourfendeur de l’establishment et défenseur de l’Amérique des travailleurs, le futur président s’entoure de représentants de la haute finance et de lobbyistes, rapporte Le Monde.

C’est ainsi que plusieurs anciens dirigeants de Goldman Sachs ou de fonds spéculatifs sont aujourd’hui approchés pour occuper des postes clés dans l’administration républicaine, qui prendra les commandes le 20 janvier prochain. Et nombre d’entre eux sont déjà à pied d’œuvre puisqu’ils font partie de l’équipe de transition du président désigné.

Parmi eux, Steven Mnuchin est l’un des plus connus, souligne Le Monde. Pressenti pour être le prochain secrétaire au Trésor, celui qui a géré les finances de la campagne républicaine est un pur produit de Wall Street, puisqu’il a notamment passé 17 ans chez Goldman Sachs avant de rejoindre le secteur des fonds spéculatifs et de créer sa propre firme, Dune Capital.

LE « ROI DE LA FAILLITE » EST DANS L’ÉQUIPE

Selon le quotidien français, il a notamment aidé de richissimes investisseurs, comme George Soros ou John Paulson, à racheter en 2009 IndyMac, une caisse d’épargne spécialisée dans les prêts hypothécaires à risque, qui avait fait faillite après la crise des subprimes. Il l’a ensuite reprise pour 1,5 milliard de dollars, la rebaptisant OneWest Bank, et en a fait le « leader des saisies sur le segment des personnes âgées », avant de la revendre en 2014 pour 3,4 G$, après qu’elle eut expulsé des dizaines de milliers d’Américains de leur maison.

Ex-dirigeant de fonds spéculatif, John Paulson, qui a gagné des milliards de dollars lorsque le marché immobilier s’est effondré en 2008, a de son côté été nommé conseiller économique du président désigné, tandis que le futur secrétaire au commerce pourrait être Wilbur Ross, lui aussi fondateur d’un fonds d’investissement, WL Ross and Co, spécialisé dans la reprise de compagnies en faillite.

Surnommé « le roi de la faillite », il a par exemple racheté pour une bouchée de pain des fabricants d’acier, des entreprises du secteur du textile et des mines de charbon, pour ensuite les revendre avec de forts bénéfices après les avoir « redressées » en procédant, notamment, à de nombreux licenciements.

LES LOBBYISTES SONT OMNIPRÉSENTS

Autre membre éminent de l’équipe de transition, Paul Atkins a fait partie de la Securities and Exchange Commission (SEC) de 2002 à 2008 tout en étant farouchement opposé à toute régulation financière. C’est lui qui est chargé, entre autres, de conseiller Donald Trump en matière de nominations à la Réserve fédérale ou à la SEC et il devrait aussi participer au démantèlement annoncé de la loi Dodd-Frank.

En octobre, il a été nommé par un juge fédéral pour contrôler la Deutsche Bank concernant la gestion de ses produits dérivés après que la Commodity Futures Trading Commission, l’agence fédérale chargée de la régulation des Bourses, lui eut infligé une sanction, souligne Le Monde. La banque allemande est par ailleurs le principal prêteur de la Trump Organization, le groupe qui appartient au milliardaire.

Et ce ne sont là que quelques exemples, poursuit le journal, qui relève que les lobbyistes occupent eux aussi une place de choix au sein de l’équipe du futur président. C’est notamment le cas de Jeff Eisenach, ex-consultant pour l’opérateur américain de télécommunications Verizon, désormais chargé de réfléchir à l’avenir de la Federal Communications Commission, l’autorité de réglementation du secteur.

C’est également le cas de Michael Catanzaro, défenseur de longue date des intérêts des compagnies parapétrolières Halliburton et Koch Industries, qui occupe la fonction de conseiller pour les questions énergétiques.

Ou encore de Martin Whitmer, qui a travaillé pour la National Asphalt Pavement Association, le regroupement des fabricants de bitume, et s’occupe aujourd’hui de la question des transports et des infrastructures auprès de Donald Trump. Au total, une vingtaine de lobbyistes au moins feraient partie de l’équipe de transition, selon Le Monde.

« DONALD TRUMP N’A PAS TENU SES ENGAGEMENTS »

Une situation que la sénatrice démocrate du Massachusetts, Elizabeth Warren, a dénoncée dans une lettre qu’elle a récemment envoyée à Donald Trump. « Vous aviez promis que vous ne seriez pas aux mains “des donateurs, des intérêts particuliers et des lobbyistes qui ont corrompu nos politiques depuis déjà trop longtemps” et que vous alliez “assécher le marais” à Washington », y rappelle-t-elle notamment.

Affirmant que le président désigné était « déjà en train d’échouer » parce qu’il avait nommé « de nombreux banquiers de Wall Street, d’initiés de l’industrie et de lobbyistes au sein de [son] équipe de transition », Elizabeth Warren cite un sondage selon lequel 72 % des Américains, qu’ils soient démocrates ou républicains, jugent aujourd’hui que « l’économie américaine est truquée au bénéfice des riches et des puissants ».

En réponse aux critiques du camp démocrate, Donald Trump rétorque qu’il est difficile de trouver des personnes qualifiées qui n’aient pas de liens avec des lobbys et, dans une entrevue accordée à la chaîne de télévision CBS, il explique que Washington est tout entier « un énorme lobby ».

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