Les marchés américains se résignent à un gouvernement minoritaire

Par Nicolas Ritoux | 5 novembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Maison blanche
Photo : mphillips007 / iStock

Les programmes de relance économique s’annoncent timides, et les hausses d’impôt improbables, estime Sam Garza, gestionnaire de portefeuille pour DoubleLine Capital à Los Angeles.

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« Dès la soirée électorale, on s’est senti comme il y a quatre ans. Le marché aurait souhaité une victoire décisive d’un des deux partis car cela aurait permis au gouvernement américain de lancer rapidement un programme bonifié de relance économique. La possibilité d’un gouvernement minoritaire était au bas de la liste des attentes. Mais c’est pourtant ce qui émerge de l’élection, sans parler des possibilités de poursuites judiciaires autour du décompte », observe Sam Garza.

Selon l’expert, beaucoup s’attendaient à un rebond des marchés américains dès le lendemain de l’élection, mais les prix se sont finalement adaptés dans plusieurs secteurs à l’éventualité d’un gouvernement minoritaire.

« Les taux d’intérêt ont monté, les actions des banques ont perdu du terrain, et les titres technologiques ont encore grimpé. Mon interprétation est qu’un gouvernement minoritaire réduit la possibilité d’un programme de relance, ou le rend en tout cas moins important qu’avec un président et un congrès entièrement démocrates. Et ce programme aidera moins l’économie en cette période de confinements et de déconfinements. Immédiatement après l’élection, les investisseurs choisissent donc des titres de croissance et des obligations en se disant que l’économie reprendra moins fort », analyse Sam Garza.

Non seulement tout programme de relance négocié par les deux partis sera moins ambitieux qu’un plan exclusivement démocrate, mais il n’apparaîtra sûrement pas pendant la période inter-régime et il faudra attendre jusqu’après l’inauguration présidentielle du 20 janvier, croit l’expert.

L’autre conséquence importante est fiscale, selon lui.

« La possibilité d’une hausse d’impôts marquée s’est estompée en même temps que celle d’une vague bleue. En effet, les démocrates auraient certainement fait remonter ceux des sociétés », dit Sam Garza.

Bien qu’un gouvernement minoritaire ne soit pas la meilleure chose qui puisse arriver à l’économie, il note qu’en revanche, les actifs risqués comme les actions apprécient le status quo fiscal.

« C’est un bilan contrasté : un moindre potentiel pour l’économie, mais aussi moins de chances de voir les impôts monter. Puisqu’on est en pleine pandémie, les marchés se soucient surtout des conséquences pour les actifs risqués. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.