Les marchés indifférents à l’élection du Parti québécois

Par Ronald McKenzie | 6 septembre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le secteur financier canadien a fait fi des résultats de l’élection du Parti québécois. Au lendemain de la mince victoire de la formation de Pauline Marois, l’écart de crédit entre les titres de dette du gouvernement du Québec et ceux de l’Ontario se chiffrait à 16 points de base.

C’est sensiblement plus élevé que la moyenne historique des dix dernières années, qui est autour de 10 points, « mais c’est normal dans le cas d’un gouvernement minoritaire », constate Stéfane Marion. Ce type d’écart n’a rien de nouveau. On en a observé un semblable en mars 2007 lorsque le Parti libéral du Québec de Jean Charest a pris le pouvoir. « C’est une prime au gouvernement minoritaire », illustre l’économiste en chef et stratège à la Banque Nationale.

Entre mardi soir et mercredi matin, le dollar canadien a reculé de 0,006 $ à peine par rapport au dollar américain. « Ce léger fléchissement est bien davantage attribuable au maintien du taux directeur annoncé par la Banque du Canada [mercredi matin] qu’à l’élection du Parti québécois », analyse Denis Durand, associé principal au cabinet Jarislowsky Fraser.

Même l’attentat meurtrier qui a assombri la soirée électorale n’a secoué ni les Bourses ni le marché obligataire.

Il reste que le secteur financier sera attentif à la suite des choses. « Le Parti québécois de 2012 est plus à gauche que celui de 1994-1995. Pendant la campagne, il a formulé des propositions visant le resserrement de la fiscalité des dividendes et des gains en capital », souligne Carlos Leitao, stratège en chef et économiste en chef à Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

« Mais dans un contexte où, même avec l’appui de Québec solidaire, la Parti québécois demeure minoritaire, il y a beaucoup moins d’inquiétude chez les investisseurs », note Denis Durand.

Le principal défi de Pauline Marois et de son équipe sera de respecter le cadre budgétaire qu’ils ont défini, en route vers l’assainissement des finances publiques. À ce sujet, le Parti québécois partage une préoccupation avec les libéraux et les caquistes de François Legault. Si elle ne veut pas être défaite rapidement, Pauline Marois devra faire des compromis. Les hausses d’impôts, directes et indirectes, annoncées dans le programme électoral péquiste, pourraient donc être édulcorées. « Le vrai test sera lorsque le Parti québécois présentera son budget », dit Stéfane Marion.

Enfin, la perspective d’un référendum sur la souveraineté ne semble pas irriter les marchés outre mesure. En effet, un gouvernement péquiste minoritaire aura très peu de marge de manœuvre pour lancer une telle consultation populaire. D’ailleurs, Pauline Marois n’a pas mentionné le mot « référendum » dans son discours de victoire, écourté par la fusillade mortelle. Au moment du scrutin, l’appui à la souveraineté était inférieur à 30 %.

Ronald McKenzie