Les ménages québécois plus endettés que jamais

Par La rédaction | 8 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La progression de l’endettement des ménages a été rapide depuis une quinzaine d’années au Québec, mais les créances diffèrent selon le groupe d’âge, conclut une récente note de synthèse de Desjardins Études économiques.

Son auteure, l’économiste Hélène Bégin, relève néanmoins que la valeur des actifs a elle aussi fortement augmenté durant la même période, « de sorte que le ratio dette-actif a peu fluctué, signalant que le bilan financier de l’ensemble des emprunteurs est demeuré relativement sain ».

Alors que les dettes de l’ensemble des ménages avoisinaient en moyenne 40 000 $ en 2000, elles ont graduellement augmenté jusqu’à atteindre près de 80 000 $ en 2015, constate l’économiste. Cependant, si l’endettement s’est accru dans tous les groupes d’âge, la croissance a été marquée chez les plus jeunes. Les emprunts des moins de 35 ans, qui se situaient autour de 50 000 $ en moyenne il y a 15 ans, ont grimpé à près de 125 000 $ l’an dernier.

POURQUOI CET ENDETTEMENT CHEZ LES JEUNES?

Deux éléments expliquent cette forte progression, selon Hélène Bégin. D’une part, « la hausse fulgurante des prix des résidences a gonflé la valeur des emprunts hypothécaires, notamment pour les premiers acheteurs ». D’autre part, « le faible niveau des taux d’intérêt ainsi que la souplesse des modalités de l’assurance prêt hypothécaire pendant les années 2000 ont permis à de nombreux jeunes ménages de devenir propriétaires ».

L’économiste rappelle également que les revenus des moins de 35 ans « sont habituellement plus bas au moment où leurs dettes sont à leur sommet, mais que le niveau d’emprunt diminue au fil des remboursements tandis que les revenus augmentent avec le temps », de sorte que l’importance des dettes diminue, en général, au fur et à mesure que l’on avance en âge.

Résultat : alors qu’en 2000 la dette moyenne des moins de 35 ans et des 35-44 ans était similaire, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Le niveau moyen d’endettement des 35-44 ans avoisine 100 000 $, puis s’abaisse aux environs de 70 000 $ pour les 45-54 ans.

Les jeunes ménages demeurent toutefois plus vulnérables, juge l’économiste, car leurs revenus sont relativement inférieurs lorsque leurs dettes sont plus élevées que leurs actifs. « Ils doivent donc faire l’objet d’une attention accrue puisque les risques de difficultés financières sont clairement plus élevés », surtout en cas « de dévaluation subite et persistante des actifs, comme une chute du prix des maisons ou une correction sévère des marchés boursiers ».

LES RETRAITÉS NE SONT PAS À L’ABRI

La dette moyenne des ménages de 65 ans et plus, qui tourne autour de 35 000 $, est la plus faible de tous les groupes. La moitié n’a pas du tout recours à l’emprunt. Cette proportion, qui peut sembler importante à première vue, est toutefois nettement moins élevée qu’il y a 15 ans, alors que près de 70 % d’entre eux n’avaient aucune dette à rembourser.

D’après Hélène Bégin, certains ménages ont profité de la faiblesse des taux d’intérêt des dernières années pour acquérir une propriété plus chère ou acheter une résidence secondaire, allongeant ainsi leur période de paiement. Par ailleurs, ajoute-t-elle, il est possible que leurs revenus ne soient plus suffisants pour rembourser complètement leurs emprunts.

Malgré tout, celle-ci juge que « les préoccupations concernant le bilan financier des plus âgés sont, dans l’ensemble, nettement moindres » que celles qui ont trait aux jeunes ménages, notamment en raison des actifs plus importants dont ils disposent souvent : en 2015, leurs avoirs financiers et non financiers moyens totalisaient quelque 315 000 $, soit pratiquement le double de ce qu’ils étaient 15 ans auparavant.

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