Les paradis fiscaux abritent 8 % de la richesse mondiale

Par Rémi Maillard | 2 Décembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Environ 8 % de la richesse mondiale, soit l’équivalent de 7 600 milliards de dollars, sont détenus par des particuliers dans des paradis fiscaux, rapporte l’Agence France-Presse, qui cite une étude parue dans le Journal of Economic Perspectives, de l’American Economic Association.

Ce sont les contribuables européens qui arrivent en tête de ce « palmarès » de l’optimisation fiscale, voire de l’évasion pure et simple, avec quelque 2 600 milliards placés dans des États mêlant faible fiscalité et opacité financière, affirme Gabriel Zucman, professeur assistant à la London School of Economics et auteur de La Richesse cachée des nations. Enquête sur les paradis fiscaux.

Les États lésés de 190 G$ par an

Viennent ensuite les ménages asiatiques (1 300 milliards), suivis de près par les américains (1 200 milliards) et par les ressortissants des pays du Golfe (700 milliards).

Des chiffres qui donnent le vertige, surtout si l’on songe que l’étude prend uniquement en compte les actifs financiers et non les biens mobiliers ou immobiliers, qui peuvent eux aussi échapper aux fiscs nationaux.

« S’il semble clair que la richesse détenue offshore est en augmentation, la principale incertitude tient à la part qui relève de l’évasion fiscale », explique à l’AFP Gabriel Zucman, qui précise que certains contribuables déclarent « en bonne et due forme » leurs comptes en Suisse ou dans les Îles Caïmans, par exemple.

En tenant compte de cette incertitude, l’économiste a calculé que les perte en recettes fiscales des États se montaient chaque année à quelque 190 milliards de dollars, et ce, au profit « quasi exclusif » des plus fortunés.

Les multinationales aussi

Par ailleurs, son étude montre que les multinationales étatsuniennes ont de plus en plus souvent recours aux paradis fiscaux pour réduire leurs impôts. Ainsi, l’an dernier, 55 % de leurs revenus réalisés à l’étranger étaient localisés dans ce type de juridictions, notamment au Luxembourg ou à Singapour, comparativement à 20 % il y a 30 ans.

Comme le souligne l’AFP, cette enquête paraît à l’heure où la polémique sur l’optimisation fiscale des grandes entreprises fait rage, après les révélations du « LuxLeaks » sur le rôle de plaque tournante joué dans ce domaine par le Luxembourg.

Les « ultrariches »… toujours plus riches!

Les 211 000 personnes les plus fortunées du globe (disposant d’un patrimoine supérieur à 30 millions de dollars) ont continué à prospérer en 2014 malgré le marasme économique et les tensions géopolitiques, selon une récente étude de la banque suisse UBS et de l’agence de conseil Wealth-X.

« En 2014, le nombre d’ultrariches dans le monde a augmenté de 6 % et leur patrimoine […] de 7 %, pour atteindre près de 30 000 milliards de dollars », soit près de deux fois le produit intérieur brut étatsunien, constate ce document cité par l’AFP.

Alors qu’elles ne représentent que 0,004 % de la population adulte mondiale, ces très grandes fortunes détiennent aujourd’hui à elles seules 13 % de la richesse accumulée sur le globe, soit un niveau de concentration inédit jusqu’alors.

Et la tendance n’est pas prêt de s’inverser, si l’on en croit le rapport, qui estime que ce club très fermé a réussi à étendre son influence grâce à la bonne santé des marchés boursiers et en dépit des « conflits géopolitiques, des tensions socio-économiques et de la volatilité sur les marchés financiers ».

Sans surprise, ce sont les États-Unis qui abritent le plus gros contingent d’ultrariches (74 865), suivis par l’Europe (61 820) et l’Asie (46 635). Il s’agit en grande majorité (87 %) d’hommes dont l’âge moyen est de 59 ans.


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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.