Les pièges de l’investissement autonome

Par Sylvie Lemieux | 19 février 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : funwayillustration / 123RF

L’investissement autonome gagne en popularité. Selon Investor Economics, le nombre d’ouvertures de comptes sans conseils a plus que doublé au Canada pour atteindre 2,3 millions en 2020, comparativement à 846 000 en 2019. Le nombre de plaintes a suivi la même tendance à la hausse (+270 %).

Face au phénomène, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a lancé un appel à la prudence. Elle a développé une nouvelle section sur son site web portant spécifiquement sur l’investissement autonome. Elle met en garde la population sur les risques qui y sont associés en rappelant qu’investir par soi-même peut coûter très cher.

Faute de connaissances appropriées et de préparation, les boursicoteurs sont plus susceptibles que les autres investisseurs de tomber dans une arnaque du type pump and dump, qui consiste à gonfler artificiellement la valeur d’un titre en propageant de fausses nouvelles positives à l’égard de l’entreprise.

On l’a vu récemment lorsque des investisseurs amateurs du site Reddit ont fait monter en flèche les actions d’entreprises comme GameStop, une envolée qui est vite retombée, faisant perdre beaucoup à ceux qui ont acheté au plus haut.

FACILE ET SANS RISQUE, VRAIMENT ?

« Des jeunes se lancent sans trop savoir en étant influencés par des campagnes très bien ficelées que ce soit sur TikTok ou sur Reddit. Ils se font dire d’investir s’ils aiment l’entreprise. On leur présente la chose comme facile et sans risque. Or, il ne faut pas confondre divertissement et investissement », lance Fabien Major, planificateur financier chez Major Gestion Privée / Assante.

Ces dernières années, les fintechs se sont approprié une clientèle de jeunes investisseurs quelque peu délaissée par les conseillers parce qu’ils ne les jugent pas très payants.

« Ils se lancent dans l’investissement en ligne, sans faire trop d’analyse ou de recherche. Ils visitent des forums où ils se conseillent les uns et les autres alors qu’ils ne sont pas vraiment qualifiés pour le faire », explique Fabien Major.

« On est peut-être en train de nuire à toute une génération d’investisseurs », ajoute-t-il.

Avec la pandémie, un phénomène s’est accentué. « Il y a un marché du divertissement boursier qui s’est développé, explique Fabien Major. Les investisseurs sont dans l’anticipation de réaliser de gros gains, ce qu’aucun conseiller ne peut promettre. »

Une mise en garde s’impose donc. Dans sa nouvelle section web, l’AMF en profite pour rappeler les règles de base de l’investissement boursier et donne une foule d’informations utiles.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.