Les Québécois plus inquiets pour leur retraite que pour leurs dettes

Par La rédaction | 19 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les Québécois se disent toujours préoccupés par les problèmes financiers qui les guettent, en particulier au moment de la retraite, mais, paradoxalement, ils semblent être moins inquiets qu’auparavant des risques de surendettement, selon une étude du CIRANO.

Publiée mardi par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, celle-ci passe en revue les préoccupations et les perceptions des consommateurs de la province vis-à-vis de 47 enjeux de société, dont l’économie et les finances personnelles.

Le rapport montre que, dans l’ensemble, les Québécois demeurent préoccupés par les risques économiques et financiers au niveau personnel, mais qu’ils le sont moins qu’en 2016 au niveau collectif. En outre, le risque perçu pour l’ensemble des enjeux économiques analysés est en baisse depuis les deux dernières années.

HAUSSE DU COÛT DE LA VIE REDOUTÉE

De façon significative, les répondants de la génération X (âgés de 35 à 54 ans) sont les plus préoccupés par les risques économiques et financiers au niveau personnel (48 % alors que la moyenne pour l’ensemble des personnes interrogées est de 41 %).

Plus spécifiquement, 59 % des sondés affirment redouter une éventuelle hausse du coût de la vie et des taux d’intérêt (comparativement à 65 % en 2016), tandis que 51 % éprouvent des craintes par rapport aux revenus qu’ils percevront durant leurs vieux jours et à la solvabilité des régimes de retraite (57 % en 2016).

Si la majorité des répondants craignent de moins en moins la perspective de perdre leur emploi, ils semblent cependant être quelque peu déconnectés de la réalité en matière d’endettement. En effet, souligne le CIRANO, le risque perçu dans ce domaine n’a cessé de diminuer au cours des cinq dernières années : alors qu’en 2013, 69 % de la population considérait le risque d’avoir des dettes comme étant « grand » ou « très grand », cette proportion est tombée à 65 % en 2016, puis à 57 % en 2018.

GARE AU NIVEAU D’ENDETTEMENT DES MÉNAGES

Cette différence entre les perceptions de risques et la vraie vie est « inquiétante », juge le CIRANO, car le niveau d’endettement des ménages constitue un important facteur de risque économique au Canada. En effet, ajoute l’organisme, même si la progression marquée de l’emploi contribue à réduire les risques de défaut de paiement, puisque beaucoup de familles peuvent compter sur un revenu stable, les consommateurs ne sont pas à l’abri d’un revirement de situation, en particulier avec la remontée des taux d’intérêt déjà amorcée.

Pour ce qui est du surendettement, le CIRANO prône avant tout « une meilleure sensibilisation des Québécois » à de bonnes habitudes de consommation, tout en rappelant que « le message se doit d’être adapté à la clientèle la plus à risque ». Concrètement, les données de l’étude montrent que les personnes qui perçoivent le moins les risques d’endettement se retrouvent davantage chez les hommes (51 % voient un risque élevé, contre 62 % des femmes) et chez les anglophones (42 %, par rapport à 59 % des francophones et 60 % des allophones).

De même, les répondants disposant d’un revenu familial de plus de 80 000 dollars se disent moins préoccupés par la question que les autres (48 %, contre 60 % des personnes ayant un revenu inférieur à 40 000 dollars et 68 % de celles dont le revenu est compris entre 40 000 et 80 000 dollars). Enfin, la peur de crouler un jour sous les dettes touche moins les répondants sans enfants (54 %, contre 63 %) ainsi que les détenteurs d’un diplôme universitaire.

SENSIBILISER LES QUÉBÉCOIS À MOINS CONSOMMER

« Les résultats de notre sondage révèlent que les Québécois se sentent de moins en moins préoccupés par l’endettement des ménages. Dans la réalité, cette perception semble malheureusement se traduire par un taux d’endettement qui ne cesse de croître au Québec depuis 2013. Dans ce contexte, une meilleure sensibilisation aux saines habitudes de consommation nous apparaît primordiale », conclut Nathalie de Marcellis-Warin, coauteure de l’étude, professeure à Polytechnique Montréal et présidente-directrice générale du CIRANO.

Le sondage a été réalisé en ligne entre le 5 et le 10 avril 2018 auprès de 1 013 personnes représentatives de la population du Québec. Cet échantillon était composé de résidents de la province âgés de 18 ans et plus, et pouvant s’exprimer en français ou en anglais. La durée moyenne pour répondre au questionnaire d’enquête électronique a été d’environ 28 minutes.

La rédaction