Les régimes de retraite mondiaux dans le rouge

Par La rédaction | 29 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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piggy bank saving

L’allongement de l’espérance de vie et un rendement des investissements inférieur aux attentes creuseront un trou de plus de 540 billions de dollars canadiens d’ici 2050 dans l’épargne-retraite de la planète, estime le Forum économique mondial.

C’est ce montant qui manquera pour que chaque personne reçoive un revenu de retraite équivalent à 70 % du revenu annuel qu’elle obtenait lorsqu’elle travaillait.

Le Canada figure parmi les pays les plus à risque, si l’on se fie au rapport du Forum économique mondial (WEF). Plus de la moitié du manque à gagner sera partagé entre six pays, soit les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada et l’Australie. La Chine et l’Inde risquent aussi d’être fortement touchées. Fait à noter, les États-Unis et la Chine pourraient se retrouver avec un déficit de 135 billions de dollars canadiens chacun.

VIVRE JUSQU’À 100 ANS COÛTE CHER

Une grande partie du problème vient de l’allongement de l’espérance de vie. La moitié des bébés nés au Canada en 2007 peuvent s’attendre à atteindre l’âge vénérable de 104 ans. Le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus passera de 600 millions aujourd’hui à 2,1 milliards en 2050. Or, la population en âge de travailler ne suit pas ce rythme. Conséquemment, le nombre de cotisants aux régimes de retraite passera de huit travailleurs par retraité à quatre, ce qui mettra une énorme pression sur les régimes publics.

RENDEMENTS DÉCEVANTS

Cette difficulté est exacerbée par les rendements anémiques des investissements à long terme. Le rapport rappelle que depuis une décennie, ils se situent largement sous les moyennes historiques. Le rendement des actions reste de 3 à 5 % sous cette moyenne, alors que les obligations offrent un rendement de 1 à 3 % inférieur à sa moyenne historique. Cette dynamique met, elle aussi, beaucoup de pression sur les régimes de retraite privés et publics.

DÉSAMOUR ENVERS LES RÉGIMES PD

Le virage des employeurs vers des régimes à cotisation déterminée pourrait, lui aussi, contribuer à ce problème, déplaçant plus de risques vers des individus dont l’accès à des options adéquates est souvent limité et qui manquent de ressources pour les comprendre. Le rapport du WEF rappelle que les régimes à prestations déterminées comportent de nombreux avantages, notamment un meilleur partage du risque et l’intervention de gestionnaires de portefeuille pour gérer la répartition d’actif.

Au Canada, le gouvernement fédéral envisage d’encourager l’établissement de régimes à prestations cibles, sorte d’hybride où les cotisations et la responsabilité de l’employeur sont plafonnées ou négociées. Un niveau minimal de prestations est garanti, au-delà duquel celles-ci peuvent ensuite varier en fonction du rendement des investissements.

AGIR RAPIDEMENT

Dans une entrevue accordée à Bloomberg, Michael Drexler, directeur des systèmes financiers et d’infrastructure au WEF, soutient qu’il est temps de se réveiller et d’agir. « Le sous-financement des retraites est un peu le moment « changement climatique » des systèmes sociaux, en ce sens qu’il reste du temps pour agir. Mais si nous n’agissons pas, dans 20 ou 30 ans, la société dira que c’est un énorme problème. »

Certains gouvernements tentent de le contrecarrer en augmentant l’âge du départ à la retraite, une décision généralement peu populaire, pour laquelle il y a toujours un prix politique à payer. En mars 2016, le gouvernement Trudeau annonçait que l’âge de la retraite resterait 65 ans plutôt que de passer à 67 ans comme l’avait décidé son prédécesseur. Et encore, dans le plan des conservateurs, ce changement ne survenait qu’en 2023.

Une meilleure littératie financière et l’appui de conseillers sont aussi des atouts importants pour aider les individus à mieux planifier leurs revenus de retraite. « Une grande partie des solutions existent déjà quelque part dans le monde, poursuit Michael Drexler. Seulement, personne n’a encore réussi à les coordonner. Il n’y a pas grand-chose de nouveau à inventer. »

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