Les risques de récession ont augmenté

Par Sylvie Lemieux | 2 août 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les périodes de confinements successives en Chine qui maintient sa politique zéro-COVID, les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement qui en ont découlé, le marché de l’emploi qui se resserre encore plus… Voilà autant d’événements et de changements qui forcent Vanguard Canada à réévaluer ses prédictions dans ses perspectives économiques de mi-année.

La société de placements a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour toutes les grandes régions du monde. Elle s’attend par ailleurs à une inflation plus élevée que prévu et se dit plus méfiante à l’égard de la politique monétaire.

Alors que la menace d’une récession s’intensifie sur de nombreux pays, le Canada se retrouve « dans une meilleure position » que d’autres régions du monde, selon Benjamin Creary, directeur national des ventes chez Vanguard.

« On s’en tire mieux en raison de nos exportations de pétrole, explique-t-il. La croissance économique sera néanmoins plus faible que ce que l’on avait anticipé. On prévoyait une croissance de 5 %, maintenant on s’attend davantage à 4 %. »

Malgré les difficultés de recrutement des entreprises et la croissance des salaires, le marché de l’emploi restera sain avec un taux de chômage avoisinant 5.5 %, en légère hausse par rapport à juin alors qu’il était de 4,9 % au pays (4,3 % au Québec).

INFLATION CONTRÔLÉE

En ce qui a trait à l’inflation, elle continue de préoccuper les économistes.

« Aux États-Unis, on prévoit que l’inflation globale atteindra de 7 % à 7,5 % d’ici la fin de l’année. Elle sera à environ 6,5 % au Canada. Ce sera encore haut, mais il y a quand même une amélioration par rapport à juin où elle a atteint 8,1 % », souligne Benjamin Creary.

Pour la freiner, Vanguard s’attend à ce que la Banque du Canada agisse de façon plus énergique et augmente encore son taux de financement à un jour de façon à ce qu’il soit proche ou supérieur au taux neutre, soit environ 3 % d’ici la fin de 2022.

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait aussi relever de façon significative les taux d’intérêt. Pour l’ensemble de l’année, Vanguard prévoit « une poussée de 325 à 375 points de base, ce qui est quand même une augmentation importante », souligne M. Creary. En 2023, la firme s’attend à un taux de 4 %, un seuil qui va au-delà des prévisions du marché.

RISQUES DE RÉCESSION

Au cours des prochains mois, les risques de contraction de l’économie augmentent de façon significative aux États-Unis. Sur un horizon de 24 mois, les probabilités d’une récession sont de 65 % comparativement à 25 % au cours des 12 prochains mois.

Un atterrissage en douceur est peu probable en raison de l’inflation élevée et d’une stagnation de la croissance économique américaine, selon les experts de Vanguard.

« Le Canada pourrait en subir les conséquences si la demande pour le pétrole continue de baisser, une tendance qui se manifeste depuis la mi-juin », soulève Benjamin Creary.

La société de placements a aussi évalué les risques de récession dans d’autres contrées. Dans les pays de la zone euro, la probabilité qu’ils se concrétisent est de 50 % sur 12 mois — donc plus élevée qu’aux États-Unis — et de 60 % sur 24 mois.

La dépendance de l’Europe envers le gaz naturel russe et les difficultés liées à la gestion de la politique monétaire de 19 pays exposent davantage la zone euro à un risque de contraction de l’économie sur un horizon d’un an, estime Vanguard.

Le Royaume-Uni, qui se cherche un nouveau premier ministre, fait face aux mêmes probabilités.

Le risque de récession est toutefois plus faible en Chine malgré une croissance au ralenti depuis quelques années. Le produit intérieur brut devrait être tout juste supérieur à 3 % en 2022, ce qui est nettement en dessous du taux enregistré avant la pandémie (autour de 6 %).

MARCHÉS BOURSIERS

Les marchés boursiers et obligataires ont été plutôt malmenés ces derniers mois, c’est le moins qu’on puisse dire.

« Au Canada, le marché des actions a pris un recul de 10 % environ. Quant au S&P500, il a chuté de 17 % environ à la fin juillet. Les projections de rendement se sont toutefois améliorées en raison des évaluations de titres qui ont baissé et de la hausse des taux d’intérêt du côté des obligations. Les investisseurs peuvent donc s’attendre à des rendements intéressants », prédit Benjamin Creary.

Pour les investisseurs américains, les prévisions de rendement annualisé sur 10 ans se situent dans la fourchette de 3,4 % à 5,4 % pour les actions américaines, de 6,1 % à 8,1 % pour les actions internationales, de 3 % à 4 % pour les obligations américaines et de 2,9 % à 3,9 % pour les obligations internationales (couvertes en dollars américains).

Les investisseurs ont donc (encore une fois) raison de ne pas céder à la panique face à la chute des marchés.

« Quand on regarde les rendements des marchés boursiers chaque année, la pire et la meilleure journée sont souvent très rapprochées. Donc, rester investis avec le profil de risque approprié selon notre horizon de placement et garder le cap, c’est très important », soutient M. Creary.