Levée de boucliers contre le cours d’éducation financière

Par La rédaction | 16 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Trois syndicats représentant quelque 100 000 enseignants du réseau des écoles publiques du Québec dénoncent le prochain retour des cours d’éducation financière en 5e secondaire dans un communiqué diffusé mardi.

Publié conjointement par l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), celui-ci indique que les trois centrales « ont décidé d’unir leurs voix afin de dénoncer le caractère irrespectueux, et même illégal, de la démarche du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, à l’effet d’imposer ce nouveau cours d’éducation financière dès la rentrée scolaire 2017 ».

« En modifiant unilatéralement et aussi rapidement la grille-matière, le ministre manque de respect à l’endroit du personnel enseignant et des élèves et fait fi des encadrements légaux qui prévalent. Les organisations syndicales demandent donc un moratoire sur l’implantation de ce cours, le temps de faire correctement les choses, en tout respect de la loi », précise le communiqué.

UN CHANGEMENT JUGÉ PRÉCIPITÉ

« La procédure légale exige une consultation formelle des acteurs du milieu d’une durée de 45 jours, ce qui n’est pas le cas actuellement », soulignent l’APEQ, la FAE et la FSE. Leur conclusion? « Le ministre Proulx demande aux commissions scolaires d’adopter des grilles-matières non conformes au régime pédagogique […] alors que rien ne justifie une telle précipitation. »

En imposant ce cours pour la prochaine rentrée, le gouvernement « n’a pas pris en compte la réalité de l’organisation scolaire, déplore Josée Scalabrini, présidente de la FSE. Celle-ci regrette par ailleurs que le ministre « bouscule les enseignants, qui devront aussi implanter en même temps les nouveaux programmes d’histoire nationale de secondaire 3 et 4 ».

« Pourquoi n’avons-nous pas droit à des projets pilotes pour nous approprier le contenu et procéder aux ajustements requis? Il est plus que temps qu’on respecte notre travail et notre expertise », ajoute la dirigeante.

UN MORATOIRE EXIGÉ

Critiquant « le ton péremptoire du ministre dans ce dossier, qui crée de l’incertitude, de l’instabilité et du mécontentement au sein de la profession », le président de la FAE, Sylvain Mallette, soutient de son côté que « maintenir cette mauvaise décision nuira tant aux élèves qu’aux enseignants », car à quelques mois de la prochaine rentrée scolaire, « les professeurs n’ont reçu ni le matériel pédagogique adéquat ni la formation nécessaire pour s’approprier adéquatement les contenus d’un tel cours et dispenser un enseignement de qualité à leurs élèves ».

En conséquence, l’APEQ, la FAE et la FSE « exigent aujourd’hui du ministre Proulx un moratoire sur l’implantation du nouveau cours » afin de leur donner le temps de consulter leurs membres, qui sont « les premiers concernés dans ce dossier ».

« Les actrices et acteurs du milieu doivent pouvoir convenir des meilleures avenues à prendre, d’autant plus que le cours que veut imposer le ministre n’est pas une nouvelle version de l’ancien cours d’économie. Par ailleurs, il existe une réalité bilingue dans le réseau dont celui-ci semble peu se soucier. Les délais de traduction du matériel pédagogique en anglais s’ajouteront à celui d’élaboration et de préparation du matériel en français. Si le ministre Proulx souhaite réellement que ce cours profite aux élèves, il doit prendre le temps de bien faire les choses », conclut Sébastien Joly, président de l’APEQ.

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