Libor : un ex-courtier passera 14 ans derrière les barreaux

Par La rédaction | 4 août 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Businessman in handcuffs

L’ex-courtier britannique Tom Hayes, qui faisait face à la justice depuis le mois de mai, a été reconnu coupable hier d’avoir manipulé les taux interbancaires du Libor (London Interbank Offered Rate) et a été condamné à purger une peine de 14 ans de prison, rapporte l’Agence France-Presse.

Si plusieurs banques avaient déjà été condamnées à payer des amendes dans cette affaire, l’ex-employé d’UBS et de Citigroup est le premier individu à faire face à la justice.

AU CENTRE DE LA MANIPULATION

Selon le procureur britannique, l’ancien courtier, qui faisait face à huit chefs d’accusation pour avoir mis sur pied un vaste réseau de manipulation, non seulement au sein de la banque où il travaillait, mais aussi avec plusieurs autres institutions financières, était le chef d’orchestre de cette vaste fraude. « Ce procès a souligné l’absence d’intégrité qui devrait caractériser l’univers de la banque», a déclaré le juge Jeremy Cooke à l’AFP. Il a aussi reproché à l’intimé d’avoir « joué un rôle moteur dans la manipulation du Libor ».

D’après l’Office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO), M. Hayes avait orchestré pendant quatre ans, entre 2006 et 2010, « un système de collusion avec des courtiers des banques suisse UBS et américaine Citigroup, mais aussi avec ceux d’autres établissements, afin d’influencer à leur avantage le niveau du Libor », indique l’AFP.

UNE PRATIQUE COURANTE

Tom Hayes s’est défendu en affirmant que « la manipulation du taux était monnaie courante dans l’industrie financière à l’époque. »

Rappelons, comme le souligne l’AFP, que « le Libor est un taux interbancaire fixé à Londres qui sert de référence pour de nombreux produits financiers, du compte épargne le plus classique au produit dérivé complexe, en passant par les emprunts immobiliers, les crédits à la consommation, les prêts aux entreprises et aux autorités publiques. Il concerne des centaines de milliers de milliards de dollars de transactions par an à travers le monde. »

« La pratique était relativement simple, détaille le quotidien Le Monde. Le Libor était à l’époque déterminé quotidiennement par un panel de banques. Chacune téléphonait chaque jour à l’Association des banquiers britanniques (BBA), donnant le taux qu’elle pratiquait ce jour-là dans les prêts interbancaires. La BBA en faisait ensuite la moyenne pondérée. »

Au milieu des années 2000, de nombreux courtiers ont compris tout l’intérêt qu’ils pouvaient retirer de cette façon de procéder. En effet, ils n’avaient qu’à demander aux employés qui communiquaient le taux à la BBA, moyennant rétribution, de l’augmenter ou de l’abaisser très légèrement en fonction de leurs positions sur les marchés.

LE PREMIER, PAS LE DERNIER

Depuis 2012, la plupart des grandes banques ont été prises la main dans le sac et ont dû payer des amendes totalisant plus de neuf milliards de dollars. Et Tom Hayes ne sera pas le dernier courtier à devoir s’expliquer devant un juge, puisqu’une vingtaine de ses collègues sont eux aussi poursuivis en justice, tant en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis.

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