L’indice d’illiquidité, c’est quoi ça?

17 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’AMF fait toute la lumière sur cet indice dont elle se sert depuis le début des années 2000.

La liquidité de marché est un concept central au bon fonctionnement des marchés, explique l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans son dernier numéro de la Revue économique et financière, mais elle demeure délicate à quantifier tant les différentes caractéristiques permettant de le déterminer sont difficile à observer.

L’AMF a donc mis sur pied un indice d’illiquidité composite visant à capter ces caractéristiques pour les marchés boursiers canadiens. Un indice qui s’inspire de celui mis en place sur le Vieux Continent par l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA).

Six indicateurs sont ainsi pris en compte :

  • Le coefficient d’illiquidité (Amihud) : ratio entre le rendement absolu d’un titre et son taux de rotation au cours d’une même séance. Cet indicateur vise à mesurer l’ampleur d’un marché, et plus spécifiquement l’impact d’un grand volume d’ordres sur la fluctuation des prix.
  • L’écart entre les cours acheteurs et vendeurs, qui vise à mesurer les coûts de transaction.
  • Le ratio Hui-Heubel (HHL), similaire au coefficient d’illiquidité, mais sur une plus longue période.
  • Le volume, à savoir la somme quotidienne de toutes les transactions. Cet indicateur vise à mesurer la profondeur et l’ampleur du marché.
  • Le taux de rotation, qui n’est autre que le ratio du volume sur la capitalisation boursière
  • Et enfin le coefficient d’efficacité du marché (MEC), c’est à dire le ratio de la volatilité d’un titre sur une longue période, sur la volatilité de ce même titre sur une période plus courte. Cette donnée vise à mesurer le niveau de résilience du marché.

L’AMF applique ces six indicateurs à chacune des transactions qui sont effectuées sur le TSX depuis le début des années 2000. Via une procédure mathématique, il est alors possible d’extraire les facteurs qui entraînent la liquidité des marchés.

« Notre indice peut aider les parties prenantes, notamment les organismes de réglementation, à repérer rapidement des épisodes d’illiquidité, justifier des analyses plus poussées et l’application de mesure réglementaires au besoin », peut-on lire.

Si l’on regarde l’indice sur la durée, on aperçoit d’ailleurs bien une hausse marquée du niveau d’illiquidité lors de la crise financière de 2008. Plus récemment, l’indice suggère un niveau de liquidité plus près de la moyenne historique, bien que l’on observe quelques chocs ponctuels depuis 2014, reflétant potentiellement les variations des cours du pétrole.

« Les enjeux relatifs à la liquidité de marché occupent une place de plus en plus importante dans les préoccupations des régulateurs financiers, conclut l’article. Cet indice peut s’avérer utile afin de détecter en temps opportun des changements importants sur le plan de la liquidité et inciter à une analyse plus approfondie de ces changements. Cet indice s’inscrit dans une volonté plus large de mieux comprendre et quantifier les enjeux de liquidité pour les différents marchés financiers au Québec et au Canada. »