L’inexorable chute du billet vert

Par Richard Lawrence | 12 avril 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une flèche rouge pointant vers le bas sur un fonds rempli de dollars américains.
Baris-Ozer / iStock

Le dollar américain a entamé une descente qui n’est pas près de s’achever, croit Richard Lawrence, premier vice-président, titres mondiaux à revenu fixe, Brandywine Global (Philadelphie, Pennsylvanie). Selon lui, mieux vaut se tourner vers les devises émergentes qui offrent de belles aubaines.

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« Nous avons sous-pondéré le dollar américain pendant toute l’année dernière, et nous avons été récompensés pour cela. Depuis que la Réserve fédérale (Fed) a lancé diverses mesures d’atténuation suite à la crise de liquidité de mars 2020, le dollar a suivi une descente constante et nous avons bien fait de maintenir un panier de devises diversifié entre les pays émergents et développés », soutient Richard Lawrence.

Selon l’expert, la descente va se poursuivre en 2021, car le dollar américain est encore surévalué de 15 %, d’après son modèle. De plus, selon lui, un ensemble de facteurs sont actuellement réunis en défaveur du billet vert.

« Les mesures de relance liées à la pandémie ont représenté environ 25 % du PIB américain, si on inclut le 1,9 billion que le président Biden vient de signer. Cela va exercer une pression sur la devise », observe Richard Lawrence.

« On a à la fois un déficit budgétaire et un déficit du compte courant, qui totalisent environ 19 % du PIB. Ce pourcentage n’a jamais été aussi élevé. Si on ajoute le fait que les politiques de Biden vont probablement inclure des hausses de taxes et un resserrement réglementaire, tout cela va jouer contre le dollar », poursuit-il.

Il compare la situation actuelle à l’année 2018, quand les États-Unis étaient en tête de la croissance mondiale ; cela pourrait à nouveau se produire en 2021. Mais alors que le dollar avait grimpé en 2018, cette fois les conditions ne sont pas les mêmes, puisque la Fed s’est engagée à garder ses taux bas. Elle ne les augmentera pas chaque trimestre et ne resserrera pas sa politique monétaire comme elle l’avait fait alors. Alors même si les États-Unis connaissent une plus forte croissance que le reste du monde, cela ne se fera pas avec le même niveau de soutien des taux d’intérêt qu’en 2018, et en conséquence la devise devrait rester faible.

« Oui, les États-Unis impriment beaucoup d’argent avec leurs mesures de relance. Mais une partie sort du pays. En effet, à mesure que les consommateurs recommencent à dépenser, ils entraînent une hausse des importations qui emportent leurs dollars outre-mer, pèsent sur le compte courant et creusent la balance commerciale du pays. En fait, le déficit du compte courant est à son plus bas depuis huit ans, et cela affaiblit le dollar », analyse Richard Lawrence.

Qui dit perdants, dit gagnants. Dans quelles devises devrait-on désormais investir ? L’expert a l’œil sur celles qui sont cycliques et liées aux matières premières, tant dans les pays émergents que développés.

C’est le cas du dollar canadien, mais aussi des pesos chilien, colombien et mexicain, des couronnes norvégienne et tchèque, du zloty polonais, du won coréen, du ringgit malaisien, du rouble russe, du forint hongrois et de la roupie indonésienne. De quoi se diversifier amplement selon lui entre les régions et secteurs d’activité – et loin du billet vert.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Richard Lawrence

Les fonctions de M. Lawrence au sein de l’équipe Titres mondiaux à revenu fixe englobent la mise en œuvre de portefeuille, la recherche et la communication des particularités de nos stratégies de placement aux clients actuels et potentiels et aux conseillers. Avant son arrivée, il dirigeait la fonction de service à la clientèle institutionnelle de Brandywine Global, où il était responsable d’entretenir et de renforcer les relations avec les clients institutionnels. Il s’est alors spécialisé dans les titres mondiaux à revenu fixe et les stratégies connexes. M. Lawrence était entré au service de cette entreprise en avril 2005. Auparavant, il a occupé divers postes à Goldman Sachs Asset Management (de 1994 à 2004). M. Lawrence a également été au service des sociétés Booz Allen Hamilton, Inc. (de 1992 à 1994), Salomon Brothers (de 1987 à 1992), Acsis, Inc. (en 1986 et 1987) et Hoskyns Group (en 1985 et 1986). Il est titulaire d’un baccalauréat en science informatique (avec mention très honorable) de l’Université de Westminster à Londres.