L’innovation technologique révolutionne le secteur financier

Par La rédaction | 7 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Malgré les défis qu’elle représente, l’innovation technologique « pourrait changer considérablement la manière dont les Canadiens accèdent aux services financiers » en leur offrant « plus de choix et de commodité, tout en faisant diminuer les prix et les frictions du marché actuel », estime le Bureau de la concurrence.

Dans un rapport provisoire publié lundi, l’organisme fédéral rappelle que « presque tout ce que nous faisons » dépend du secteur des services financiers, qui est « un pilier de l’économie canadienne ». Afin d’« examiner l’impact concurrentiel de ces nouvelles technologies qui changent la façon dont les Canadiens accèdent aux produits et services financiers et les utilisent », il a donc lancé une étude de marché sur cette question au printemps 2016.

Un an et demi plus tard, le constat du Bureau est qu’« une multitude de technologies novatrices ont fait leur apparition dernièrement pour offrir de nouveaux moyens d’accéder aux services financiers ». Par ailleurs, il estime que « l’introduction de produits novateurs est l’occasion d’accroître la concurrence dans le secteur » et que, « lorsqu’il y a une plus grande concurrence, on constate généralement une baisse des prix, ainsi qu’une augmentation du choix et de la commodité pour les consommateurs ».

« MODERNISER LA RÉGLEMENTATION DES SERVICES FINANCIERS »

Toutefois, ajoute l’organisme, ces produits « ont souvent du mal à s’implanter à cause des règles liées à la manière traditionnelle de faire affaire ». Pour tenter de contourner cette difficulté, son rapport contient un certain nombre de recommandations en matière de concurrence, de paiements de détail, de prêt et de financement participatif, ou encore d’opérations et de conseils d’investissement. Celles-ci sont destinées aux organes de réglementation et aux responsables de l’élaboration des politiques au pays.

Chacune de ces recommandations « vise à moderniser la réglementation des services financiers afin de soutenir l’innovation et d’accroître la concurrence à l’aide des technologies financières », insiste le Bureau.

Citant les récents propos de Carolyn Wilkins, première sous-gouverneure de la Banque du Canada, l’organisme fédéral souligne que « l’innovation dans le secteur des services financiers représente une occasion en or d’améliorer le système financier en misant sur la technologie et les nouveaux modèles d’entreprises pour améliorer l’accès aux services, en remplaçant les anciens systèmes pour accroître l’efficacité des services fournis et peut-être même en créant un peu plus de concurrence dans les marchés, au bénéfice des compagnies et des particuliers ». Pour que les entreprises et les particuliers puissent réellement en bénéficier, ajoutait néanmoins la dirigeante, « cette occasion implique une responsabilité en matière de gestion des risques associés aux nouvelles technologies et aux nouveaux services fournis ».

« SAVOIR NAVIGUER DANS UN MONDE D’INCERTITUDES »

Or, relève le Bureau, cet équilibre n’est pas facile à atteindre. En effet, si les autorités de réglementation et les décideurs politiques « ont le lourd fardeau de protéger les consommateurs », ils doivent également « respecter l’esprit d’entrepreneuriat canadien et savoir naviguer dans un monde d’incertitudes et de changements ».

Malgré cette difficulté, l’organisme se dit « optimiste à la vue des importantes mesures qui ont été prises par les autorités fédérales et provinciales pour faire place aux technologies financières dans le secteur ». En effet, précise-t-il, le ministère des Finances du Canada a par exemple ajouté les questions de technologies financières, de système bancaire ouvert et de concurrence à son processus d’examen continu des cadres réglementaires. De même, les autorités de réglementation des valeurs mobilières offrent désormais des services de bac à sable et de conciergerie. Enfin, des groupes de travail ont été créés pour étudier l’intégration des nouvelles technologies financières à tous les échelons du gouvernement fédéral.

La question des conseillers-robots

Dans son rapport, le Bureau de la concurrence note que, « répondant au changement des demandes des clients, les conseillers-robots ont pris comme clientèle cible les consommateurs à la recherche de conseils de base, d’une gestion de portefeuille standard et d’une meilleure expérience en ligne ». En proposant des fonds négociés en Bourse à coût moindre et en opérant avant tout à partir de modèles à frais seulement et à combinaison de commissions et frais, ces automates constituent « des solutions de rechange à faible coût par rapport aux conseillers financiers en place », ajoute-t-il.

Sa conclusion? Parce qu’ils tirent parti de la technologie pour recueillir des informations et utilisent des stratégies d’investissement basées sur des modèles de portefeuille, ces nouveaux concurrents « ont pu répondre aux besoins des clients à la recherche de conseils et de gestion de portefeuille, mais qui ne souhaitent pas rencontrer en personne un conseiller financier ou qui n’ont pas les ressources nécessaires pour le faire ».

RÉDUCTION DU COÛT DE GESTION

Les frais moindres associés aux conseillers-robots qui, grâce à la technologie et à l’automatisation du processus d’investissement, permettent de réduire le coût marginal de gestion d’un portefeuille, « peuvent potentiellement réduire les barrières auxquelles se heurtent les investisseurs moins riches » et s’avérer également intéressants « dans des secteurs où la concurrence est faible ».

Par l’utilisation de modèles de portefeuille basés sur des modèles de profil d’investisseur, ils permettent aussi de diminuer le temps et les coûts de rencontre avec les clients. «Sans avoir besoin de requérir un réseau de succursales de conseillers et plusieurs bureaux, les conseillers-robots sont à même d’opérer à des coûts nettement plus faibles que les opérateurs traditionnels de l’industrie, poussant ainsi les autres entreprises à abaisser leurs coûts pour demeurer concurrentielles », souligne le Bureau.

IMPORTANT AVANTAGE CONCURRENTIEL

L’avantage concurrentiel de ces nouveaux outils va au-delà d’offrir un même service à un prix inférieur, estime l’organisme fédéral. En effet, les plateformes de conseils automatiques proposent « certains services différents de ceux des conseillers traditionnels, d’où la possibilité d’attirer des investisseurs dont les préférences en matière de services de conseils sont très différentes ». Ainsi, le processus d’entrée peut être totalement automatisé et effectué de façon électronique (selon la qualité du questionnaire et la robustesse du processus), attirant les investisseurs technologiquement plus avancés et ceux moins enclins à rencontrer un « vrai » conseiller.

Les traditionnels fournisseurs de conseils ont pris bonne note de ce changement dans les préférences des consommateurs pour des services en ligne plus simples et plus rapides, relève également le Bureau. Résultat : « d’importantes institutions financières ont développé des plateformes offrant un accueil électronique et des options d’autonomie à leurs clients », tandis que « d’autres travaillent maintenant en partenariat avec de nouveaux conseillers-robots pour atteindre le segment du marché que ce modèle de service intéresse ».

Le Bureau appelle « les parties intéressées » à lui transmettre leurs commentaires à ce sujet au plus tard le 20 novembre en remplissant un formulaire en ligne ou en les envoyant à l’adresse suivante : Direction générale de la promotion de la concurrence, Bureau de la concurrence, 50, rue Victoria, Gatineau (Québec) K1A 0C9.

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