L’inquiétante multiplication des prêts sur salaire

Par La rédaction | 10 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Remboursements de la part de banques, multiplication des prêts sur salaire, fonds d’urgence inexistant : voici le rapport annuel de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Dans son rapport annuel 2016-2017 intitulé Protéger – Informer – Collaborer, l’Agence souligne qu’elle a « protégé les consommateurs de produits et de services financiers et renforcé leur littératie financière en exécutant les engagements pris dans son [précédent] plan d’activités ». Sous sa pression, les banques ont ainsi remboursé quelque 10,5 M$ à 1,2 million de consommateurs l’an dernier pour compenser « des inexactitudes dans la divulgation des frais ou dans les calculs de taux d’intérêt », ou encore « des erreurs dans les frais imputés à des comptes ».

Au titre de son mandat de surveillance, celle-ci a aussi « élaboré un nouveau cadre de surveillance », ce qui lui a permis d’« améliorer sa capacité de prévenir les manquements aux obligations en matière de pratiques commerciales ».

En 2016-2017, l’ACFC a en outre supervisé 353 entités financières sous réglementation fédérale, répondu à plus de 10 000 appels et lettres par l’intermédiaire de son Centre de services aux consommateurs a reçu 4 528 plaintes directement de consommateurs. De plus, elle a continué d’enrichir la Base de données canadienne sur la littératie financière, qui comprend aujourd’hui 1 371 ressources (+20 % en l’espace d’un an). Enfin, elle compte désormais plus de 15 000 abonnés sur Twitter, soit une augmentation de 24 % par rapport à l’an dernier.

« TENDANCES PRÉOCCUPANTES »

L’ACFC affirme avoir noté des « tendances préoccupantes » en matière de prêts sur salaire, qui prouvent que, bien souvent, les consommateurs ne sont pas conscients du coût élevé de ce type de pratique. « Le recours des Canadiens aux prêts sur salaire est inquiétant. Nos recherches montrent qu’un nombre croissant de personnes à faible revenu, à revenu moyen et même à revenu élevé les utilisent. En fait, 20 % des particulier qui les utilisent déclarent vivre dans des ménages dont le revenu dépasse 80 000 $ », relève l’Agence.

Or, souligne-t-elle, « de nombreux utilisateurs ignorent à quel point les prêts sur salaire sont coûteux en réalité, s’en servent pour couvrir des dépenses de nécessité et, souvent, ne disposent pas de moyens de crédit moins coûteux comme une carte de crédit ou une marge de crédit ».

Selon l’ACFC, beaucoup de ménages font de tels emprunts à court terme et d’une faible valeur (500 $ ou moins habituellement) « pour couvrir des dépenses imprévues ou des pertes de revenu ». Pourtant, insiste-t-elle, « s’ils épargnaient 10 dollars par semaine, ils accumuleraient 520 $ par an, soit assez pour remplacer la plupart des prêts ».

« INCITER LES GENS À ÉPARGNER »

Conclusion de l’Agence : il faut « sensibiliser davantage les consommateurs aux coûts élevés » de ces pratiques et « inciter les gens à épargner pour se constituer un fonds d’urgence ».

L’un des moyens d’atteindre cet objectif est d’améliorer le niveau de littératie financière des particuliers, souligne l’ACFC, qui rappelle qu’un récent sondage international mesurant les niveaux de connaissance en finances personnelles des adultes a montré que, dans ce domaine, le Canada se classait en troisième place parmi 29 pays. « En visant directement l’éducation financière des consommateurs on peut agir positivement sur les comportements et améliorer le bien-être financier de nombreux Canadiens ».

Une autre façon d’aider les ménages à atteindre leurs objectifs consiste à les aider à établir dans les règles un budget personnel, poursuit l’Agence. Et à ce niveau, il reste du travail à faire, puisque seuls 46 % des Canadiens « font leurs devoirs » dans ce domaine.

Enfin, notons également que l’Agence a décortiqué dans son rapport les principales catégories des plaintes qu’elle a reçues directement des consommateurs au cours de l’exercice écoulé. Celles-ci concernent essentiellement le coût de l’emprunt (cartes de crédit), les comptes de dépôt et les procédures de traitement des plaintes. La question des codes de conduite représente également un autre motif important de plaintes, notamment en ce qui concerne les cartes de crédit et de débit ainsi que les activités d’assurance autorisées.

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