L’insurtech qui veut faire aimer l’assurance

Par Sylvie Lemieux | 28 juin 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Famille sous un parapluie rouge
Photo : Jirsak / iStock

La pandémie n’a pas freiné le développement de Emma, la plateforme d’assurance vie axée sur la famille, bien au contraire. La jeune pousse, qui vend exclusivement en ligne, a atteint la barre du 1,5 milliard de dollars (G$) en couvertures émises cette année.

En mars 2020, alors que la COVID-19 venait tout juste d’ébranler le monde, Emma a lancé son propre produit d’assurance vie qui a eu « un succès retentissant », affirme son PDG Félix Deschâtelets,

Développé en partenariat avec l’assureur Humania, qui est aussi actionnaire d’Emma, le produit s’adresse plus spécifiquement aux femmes enceintes.

« L’arrivée d’un nouvel enfant réveille souvent les besoins de sécurité financière. Or, quand elles veulent acheter une assurance vie, beaucoup de femmes sont refusées à cause de la prise de poids, de l’hypertension ou du diabète de grossesse, même si ce sont des conditions temporaires, explique Félix Deschâtelets. Quand on a développé le produit Emma, on a été catégorique : on voulait qu’il soit non discriminant pour les femmes enceintes. Après tout, créer la vie, ce n’est pas une maladie. »

Parmi ses clients, Emma compte dorénavant 70 % de femmes enceintes ou mères d’un enfant de moins de deux ans. « On est rapidement devenue la compagnie d’assurance la plus populaire au Canada auprès de cette clientèle », précise le PDG.

NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS

Félix Deschâtelets a d’autres projets de développement en vue. À partir de l’automne, en plus de l’assurance vie temporaire et permanente, Emma offrira une assurance vie pour enfant à un coût très modique, soit pour aussi peu que 1 $ par mois.

« On veut que le produit soit accessible à l’ensemble des familles pour se protéger, explique-t-il. On prévoit également lancer d’autres produits avec des assureurs et réassureurs sur un horizon de 12 à 24 mois, notamment une assurance hypothécaire et une assurance maladies graves. »

Emma a été un précurseur dans la vente en ligne d’assurance vie. En 20 minutes ou moins, les consommateurs peuvent obtenir un produit qui convient à leurs besoins et leur profil. Toutefois, avant de conclure la transaction, ils doivent obligatoirement parler à un des agents conseillers qui sont formés en assurance.« Ceux-ci détiennent tous leur permis de l’Autorité des marchés financiers. La majorité de nos agents sont aussi des planificateurs financiers. Notre équipe peut donc offrir un niveau élevé de conseils », précise Félix Deschâtelets, qui a cofondé Emma avec son frère Jacomo et deux autres associés en 2017.

Ils se sont donné comme mission de simplifier l’achat d’assurance. « Notre processus est rapide. Pas besoin de remplir de longs questionnaires et de lire des documents au langage obscur pour les non-initiés. On veut faire en sorte que les gens tombent en amour avec le domaine de l’assurance », ajoute-t-il.

Actuellement, le territoire de vente de l’entreprise se concentre au Québec et en Ontario. À partir de l’automne, elle sera présente sur le marché pancanadien. Un projet que Félix Deschâtelets mijote depuis plusieurs mois et qui a nécessité d’adapter la technologie question conformité et aussi pour offrir une expérience consommateur de même niveau. Les États-Unis sont aussi dans sa mire, mais sur un horizon plus lointain. « Le marché des insurtechs y est beaucoup plus développé qu’ici. Il faut être capable de se différencier de la concurrence », dit-il.

Emma a récemment consolidé sa place de numéro un en remportant le prix de l’Entreprise insurtech canadienne de l’année 2021 décerné par les FinTech Awards. Elle s’est aussi mérité deux prix au concours de pitch d’Insurtech Qc, soit la première place et le prix coup de cœur.

Au-delà des bourses de 10 000 $ et 1 000 $ qui venaient avec ces deux prix respectivement, Félix Deschâtelets a pu avoir des discussions importantes avec d’éventuels partenaires qui pourraient favoriser le développement d’Emma. Des projets qu’il se garde bien de révéler. Ce qu’il a toutefois accepté de partager, c’est que son frère et lui s’apprêtent à lancer une deuxième entreprise de technologie financière pour aider les personnes handicapées. Il faudra attendre l’automne pour en savoir plus. « C’est le fun d’être en affaires et aussi de faire une différence dans la vie des gens », se contente-t-il de dire.

Sylvie Lemieux headshot

Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.