Littératie financière : où en est le Canada?

Par La rédaction | 1 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’argent est la principale source de stress pour de nombreux Canadiens, et leur confiance en matière de finances personnelles semble plus importante que leurs connaissances financières proprement dites quand il s’agit de gérer au quotidien leur argent et leurs dettes, selon l’ACFC.

Dans un rapport publié jeudi, l’Agence de la consommation en matière financière du Canada fait le point sur l’état d’avancement de son Plan national de recherche sur la littératie financière 2016-2018.

Ce document présente notamment les résultats des recherches consacrées à « l’importance de la confiance financière à titre de complément aux connaissances financières » et passe en revue différentes façons d’utiliser les données de l’économie comportementale pour améliorer les interventions en matière de littératie financière.

AU 3E RANG MONDIAL EN MATIÈRE DE CONNAISSANCES

Premier constat : parmi les 30 pays ayant participé à l’enquête menée conjointement en 2015 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Réseau international sur l’éducation financière (INFE), le Canada se classe au troisième rang mondial au chapitre des connaissances, attitudes et comportements financiers. Ainsi, 85 % des sondés d’un océan à l’autre considèrent leurs connaissances financières comme étant moyennes ou supérieures… même si seuls 61 % d’entre eux sont en mesure de répondre correctement à cinq des sept questions qui leur ont été posées.

Les répondants canadiens ont obtenu de bons résultats aux questions liées aux taux d’intérêt (93 %), à l’inflation (92 %), au risque et au rendement (86 %) et à la diversification (68 %), mais des résultats moins favorables à celles portant sur le calcul des intérêts et du capital (58 %), la valeur temporelle de l’argent (57 %) ou encore l’intérêt composé (39 %).

L’étude montre aussi qu’en règle générale, les femmes possèdent de moins bonnes connaissances que les hommes; qu’elles sont proportionnellement moins nombreuses qu’eux à estimer avoir un niveau de connaissance suffisant en placement pour choisir les produits convenant le mieux à leur situation; et qu’elles sont aussi moins nombreuses que leurs compagnons à être en mesure d’évaluer le montant qu’il leur faudra épargner pour avoir une retraite confortable. En revanche, lorsque les deux membres du couple assument ensemble la responsabilité de la gestion financière à long terme du ménage, ou lorsque la contribution de la femme au revenu du ménage est semblable à celle de son conjoint, on n’observe aucune différence entre les sexes en matière de connaissances financières.

L’ARGENT, PRINCIPALE SOURCE DE STRESS DES CANADIENS

Le rapport de l’ACFC relève également que l’argent demeure la principale source de stress de nombreux Canadiens, loin devant le travail, la santé ou les obligations familiales. Plus de la moitié des Canadiens aimeraient d’ailleurs avoir accès à des programmes de formation financière dans leur milieu de travail. Dans l’ensemble, l’épargne et la planification sont les deux sujets qui leur tiennent le plus à cœur et qu’ils aimeraient voir abordés dans le cadre d’une telle formation.

L’étude observe en outre que les connaissances ne sont pas suffisantes en soi pour entraîner de bons comportements financiers, et qu’il faut y ajouter « le facteur complémentaire clé » qu’est la confiance financière. En effet, note l’ACFC, on observe de meilleurs résultats au regard des comportements relatifs à la planification et à l’épargne à long terme (comme les placements, la souscription d’assurances) chez les personnes qui possèdent à la fois des connaissances et une confiance supérieures en matière de finances. De même, la confiance en matière de finances semble aider les aînés et les travailleurs proches de la retraite ayant des connaissances limitées en finances à adopter des comportements favorables dans plusieurs domaines importants. Seul bémol, une trop grande confiance dans cette catégorie de la population est aussi associée à de mauvaises décisions financières.

Logiquement, l’ACFC souligne qu’il est important que les jeunes apprennent à gérer leur argent tôt dans la vie. La raison? Les élèves qui ont des comptes bancaires et ceux qui discutent de questions d’argent avec leurs parents une ou deux fois par semaine obtiennent de meilleurs résultats à l’évaluation de la littératie financière que ceux dont ce n’est pas le cas. Dans ce contexte, l’Agence indique que les interventions ciblées en littératie financière offertes par application mobile améliorent les connaissances et la confiance en ce qui concerne l’établissement d’un budget chez les personnes qui n’en ont pas.

« TENIR COMPTE DES PERSONNES QUI MANQUENT DE CONFIANCE »

« Les interventions [en matière de littératie financière] peuvent être améliorées en tenant compte des besoins particuliers des personnes qui manquent de confiance en leur capacité de gérer leurs finances ainsi que des processus de prise de décision qui sont à l’origine de ce faible degré de confiance. Les interventions axées sur l’apprentissage par l’expérience sont essentielles pour accroître le degré de confiance et de connaissances en matière de finances, en tant que méthodes d’apprentissage par l’action. En effet, elles donnent l’occasion de mettre ses connaissances en pratique, ce qui permet d’apprendre de ses propres expériences en vue de mettre en place des stratégies de gestion financière fructueuses », conclut l’ACFC.

La rédaction