L’open banking pourrait impacter la gestion de patrimoine

Par Greg Meckbach | 25 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si le Canada adopte l’open banking, les entreprises technologiques pourraient perturber la gestion du patrimoine en automatisant les processus et en aidant les clients possédant plusieurs comptes d’investissement, selon les experts en fintech.

L’open banking – disponible en Grande-Bretagne, mais pas encore au Canada – permet aux institutions financières de partager les détails du compte d’un client (avec son consentement) avec une tierce partie, sans que le client ait à partager son nom de connexion et son mot de passe.

Munie de ces données, une fintech tierce pourrait potentiellement dire à un consommateur combien il pourrait économiser sur les frais, illustre Stephanie Holmes-Winton, PDG et fondatrice de CacheFlo, une fintech basée à Halifax. Grâce aux services bancaires ouverts, une fintech pourrait apprendre qu’un client possède plusieurs comptes dans différentes institutions avec des investissements similaires. La fintech pourrait alors comparer les frais, suggère Stephanie Holmes-Winton.

Obtenir une image complète des investissements d’un client présente d’autres avantages. Par exemple, une fintech pourrait déterminer si tous les investissements d’un client réunis (par opposition à un seul établissement) correspondent à sa tolérance au risque, suggère l’experte.

L’open banking pourrait également accélérer les processus de connaissance du client (KYC), affirme Darcy Ammerman, associé et avocat spécialisé dans la réglementation bancaire chez McMillan LLP. En effet, un tiers ayant accès aux données bancaires d’un consommateur pourrait potentiellement automatiser le processus de remplissage des formulaires KYC. C’est un exemple de la façon dont l’open banking pourrait perturber la gestion de patrimoine en améliorant l’efficacité, continue-t-il.

Mais ne vous attendez pas à ce que les choses changent du jour au lendemain.

Certaines personnes pourraient surestimer « le degré et la rapidité des effets », prévient Stephanie Holmes-Winton. Les fintechs pourraient recevoir beaucoup de données bancaires, mais pas nécessairement dans un format facile à utiliser ou à comprendre.

En 2021, un comité consultatif nommé par le gouvernement du Canada recommandait que les services bancaires ouverts soient opérationnels d’ici janvier 2023.

Dans la phase initiale proposée par le comité, les fournisseurs de services tiers (comme les fintechs) devraient pouvoir lire les données des comptes de chèques et d’épargne des clients, des comptes d’investissement, des REER, des CELI et des comptes non enregistrés contenant des actions, des obligations, des fonds communs de placement et des CPG, indiquait le comité dans son rapport final. Les services bancaires ouverts devraient être obligatoires pour les banques sous réglementation fédérale et facultatifs pour les institutions sous réglementation provinciale et les « autres entités », suggère le rapport.

Le gouvernement fédéral « reste déterminé à mettre en œuvre un système bancaire ouvert », assurait un porte-parole du ministère des Finances dans un courriel adressé à Advisor’s Edge, sans confirmer que les services bancaires ouverts seraient en place d’ici janvier. Le comité consultatif a « préparé une feuille de route » pour mettre en œuvre les services bancaires ouverts au Canada et le gouvernement fédéral « accueille favorablement ses conclusions », ajoutait le porte-parole.

Bien que la date exacte de mise en œuvre soit incertaine, l’annonce de la nomination, le 22 mars, du responsable fédéral des services bancaires ouverts, Abraham Tachjian, montre qu’il y a « un bon élan », conclut Darcy Ammerman.