Marché hypothécaire hors normes : beaucoup de bruit pour rien

Par Steven Lamb | 1 octobre 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La crise qui secoue le marché hypothécaire américain hors normes a semé l’inquiétude à l’échelle mondiale, forçant les investisseurs à réévaluer leur niveau de tolérance au risque. Or, selon les conclusions d’une étude récente, la réaction des marchés était exagérée.

Bien que la poussée des taux d’intérêt plus tôt cette année ait immédiatement plongé les marchés dans le chaos, tout porte à croire que la véritable catastrophe ne se produira pas avant 2008, lorsque la majorité des prêts hypothécaires dotés de faibles taux d’intérêt viendra à échéance pour ensuite être renouvelée à un taux plus élevé.

Les cas de non-paiement de prêts hypothécaires continueront de se multiplier, affirme Benjamin Tal, économiste principal chez Marchés mondiaux CIBC, mais l’impact sur les marchés financiers n’est peut-être pas aussi important qu’il n’y paraît.

«En effet, les grands titres pessimistes des derniers mois ont augmenté le niveau de tolérance des marchés aux mauvaises nouvelles à propos des prêts hors normes. À cela s’ajoute le fait que le marché adossé à des créances immobilières se prépare présentement à des conditions beaucoup plus sombres que celles qui risquent de prévaloir lorsque la poussière va retomber, et ce même en dépit des progrès enregistrés », dit-il.

D’ici la fin de 2008, un bloc de prêts hypothécaires totalisant près de 700 milliards $ sera renouvelé à un taux plus élevé lorsque le taux offert dans le cadre de l’offre de lancement viendra à échéance. Le taux de défaillance associé aux prêts hypothécaires hors normes grimpera alors à environ 25 %, alors que le taux de défaillance anticipé par le marché est de 30 %.

Ceci étant dit, il ne faut pas croire que la prévision de M. Tal, en l’occurrence un taux de défaillance de 25 %, sera de tout repos. Il s’agit tout de même d’une augmentation de 35 % par rapport au taux de défaillance des prêts hypothécaires souscrits en 2000 dans la région du Midwest américain, qui se targuait à l’époque d’exiger le taux le plus élevé de sa catégorie.

Cependant, si on se fie aux dires de M. Tal, la valeur actuelle de l’indice ABX laisserait présager un taux de défaillance oscillant entre 28 % et 32 %.

«Les taux de défaillance anticipés sont près de 20 % supérieurs à nos prévisions, ce qui suggère que les attentes du marché sont beaucoup plus sombres que ce que nos modèles laissent entrevoir», ajoute M. Tal. «On peut donc y voir une source d’occasions potentielles du côté de l’indice ABX, mais également du côté des titres adossés à des créances immobilières et du marché boursier dans son ensemble, la hausse du taux de défaillance sur les prêts hors normes n’étant pas suffisante pour contrebalancer les attentes du marché.»

Que le marché soit survendu ou non, le dernier rapport MarketPoint de Richardson Partners recommande aux investisseurs de faire preuve de prudence et de s’attendre à une augmentation de la volatilité.

La firme recommande notamment d’opter pour des actions à caractère cyclique(ex. titres à forte capitalisation provenant du domaine de l’énergie, de l’agriculture, des technologies et du secteur industriel)en ce qui a trait à la croissance et d’y aller de valeurs de protection(ex. titres liés aux produits de consommation de première nécessité, à l’assurance-vie et au secteur de la santé)pour ce qui est de la stabilité.

Steven Lamb