Mauvaise année pour les bonis des banquiers

Par La rédaction | 9 Décembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Signe de dollar en 3D explosant entre les mains ouvertes d'un homme d'affaires.
Photo : Sebastien Decoret / 123RF

Les banquiers canadiens ne doivent pas s’attendre à des bonis records cette année, rapporte Bloomberg. Il s’agit même de la pire année pour ces paiements liés à la performance depuis 2010, où l’augmentation des montants alloués aux bonis n’avait alors été que de 1,1 %. 

Cette année, les six grandes banques canadiennes ont mis de côté 15,6 milliards de dollars pour les primes de performance, selon Bloomberg. La CIBC et la Banque Nationale du Canada ont même prévu de moins forts montants pour cette année fiscale que pour la précédente. 

Globalement, les banquiers d’investissement principaux devraient voir une baisse de 10 % de leurs revenus cette année, en raison de la baisse des financements d’entreprises et des fusions et acquisitions, selon Vlaad & Co. Les représentants aux ventes, les courtiers et les analystes devraient voir leurs revenus globaux chuter de 15 à 25 %.

EN BAISSE À LA BANQUE NATIONALE ET À CIBC

La Banque Royale du Canada a réservé 5,71 G$ pour les bonis, soit un tiers du total des six grandes banques, mais elle offre sa plus faible augmentation sur trois ans, à +1,9 %. TD et la Banque de Montréal, qui ont respectivement enregistré 5,1 % et 4 % leur plus faible augmentation depuis 2013, ont prévu verser 2,72 G$ et 2,61 G$.

CIBC, qui a enregistré -4,7 %, une première réduction depuis 2008, et Scotiabank, qui a enregistré +8,4 %, sa plus grosse augmentation depuis sept ans, devraient remettre respectivement 1,87 G$ et 1,76 G$. La Banque Nationale (-1,3 %) ferme la marche avec 932 millions de dollars en bonis. Chez cette dernière, la baisse provient d’une moins bonne performance des revenus tirés des marchés financiers et de Credigy, selon Jean Dagenais, vice-président principal des Finances.

PROFITS RECORDS À LA BANQUE NATIONALE

La Banque Nationale n’en a pas moins connu une bonne année, générant même des profits records. Elle conclut l’exercice avec un bénéfice net de 2,3 G$, soit 6,34 $ par action. Il s’agit d’une hausse de 4 % par rapport à l’année financière précédente. La bonne teneur de l’économie québécoise, principal marché de la Banque Nationale, alimente cette performance, souligne Le Devoir. À l’inverse, les banquiers qui travaillent auprès du secteur de l’énergie albertain ont connu une année misérable, souligne Bloomberg.

De son côté, la Banque Laurentienne a reporté à 2022 l’atteinte de certaines cibles de son plan de transformation, rapporte Le Devoir. Les négociations syndicales auraient été difficiles et coûteuses cette année. La septième plus grande banque du pays a finalement signé un nouveau contrat de travail avec environ 1 200 syndiqués en mars dernier. La situation a obligé l’institution à maintenir un plus haut niveau de liquidités, à ralentir la croissance des prêts hypothécaires et des particuliers en plus de faire grimper ses dépenses, a expliqué mercredi son président et chef de la direction, François Desjardins.

La Banque Royale affiche, elle, un bénéfice de près de 3,21 G$, soit 2,18 $ par action, pour le trimestre se terminant au 31 octobre, en baisse par rapport aux 3,25 G$ (2,20 $ par action) de la même période l’année dernière. Le total des prévisions pour pertes a fortement augmenté. Il s’établit à 499 M$, contre 353 M$ un an plus tôt.

LES RISQUES DE CRÉDIT EN HAUSSE

Le Financial Post se demande si cette hausse des montants réservés en prévision de pertes liées à des prêts ne devient pas une nouvelle norme pour les banques canadiennes. Cela réduirait quelque peu leurs marges de profits. Il cite notamment les baisses respectives de 4 % et 6 % sur un an dans les profits du quatrième trimestre de la TD et de CIBC. La RBC et la Banque de Montréal ont aussi déclaré des baisses de leurs revenus la semaine dernière.

Au total, les revenus agrégés des six grandes banques canadiennes ont baissé de 6 % au quatrième trimestre par rapport à la même période l’an dernier et de 5 % d’une année à l’autre. À l’inverse, les montants réservés en cas de pertes ont augmenté de 17 % au quatrième trimestre par rapport au même trimestre l’an dernier et de 36 % pour l’ensemble de l’année. 

« Les pertes de crédit devaient se normaliser par rapport aux niveaux historiquement bas qu’ils avaient connus », soutient Robert Colangelo, analyste de DBRS Morningstar. 

De son côté, Dave McKay, PDG de RBC, soutenait récemment que « les prochaines années risquaient de représenter un défi en raison des tendances des taux d’intérêt, de l’incertitude quant à la croissance mondiale, aux tensions commerciales et aux conditions de crédit qui se réajustent. »

La rédaction