Méfiez-vous des attroupements

Par David Picton | 30 août 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Depuis quelques mois, les investisseurs sont devenus grégaires. Motivés par la recherche du rendement, ils ont tendance à se ruer collectivement sur des actifs en apparence solides, pour ensuite subir les conséquences de cette arrivée massive d’argent. Explications avec David Picton, président de Picton Mahoney Asset Management.

Cliquer ici pour entendre l’entrevue complète en baladodiffusion sur Gestionnaires en direct.

« Des positionnements similaires (crowded trades) apparaissent quand le marché se met à croire à une idée apparemment simple et sensée, et que les gens investissent en grand nombre dans un petit nombre d’actifs, sans égard au prix ou à la valeur », résume David Picton.

« Dans leurs étapes préliminaires, les positionnements similaires sont plutôt favorables, car ils exercent une force considérable sur les titres. Mais celle-ci devient dangereuse lorsque les prix gonflent et qu’un léger incident suffit à provoquer un exode massif », poursuit l’expert.

Un exemple récent : le FANG, un carré d’actions populaires nommé ainsi par Jim Cramer, chroniqueur financier américain au style notoirement excentrique. On y trouve les titres de Facebook, Amazon, Netflix et Google, qui ont performé de façon soutenue malgré un environnement de faible croissance, de bas taux d’intérêt, et d’apaisement quantitatif de la part des banques centrales.

« Les gens recherchent la croissance à n’importe quel prix, et ces entreprises la leur offrent, car elles sont exceptionnellement bien positionnées dans leur marché. Au début de l’année, leurs titres ont accueilli un arrivage massif de fonds, qui ont ensuite pris la fuite entre janvier et mars. Aujourd’hui, la plupart s’échangent à des prix records ; cela démontre qu’une fois retiré leur volume de transactions excessif, elles demeurent de bons investissements », observe David Picton.

Selon l’expert, le phénomène des positionnements similaires traverse maintenant une nouvelle phase, où la nouvelle coqueluche des investisseurs est la zone du marché qui est à la fois sensible aux taux d’intérêt et subit peu de volatilité. Le problème, c’est qu’on y trouve surtout des entreprises qui évoluent peu, et offrent parfois des résultats financiers peu flatteurs.

« Le marché récompense désormais les actions à dividende ou celles qui sont perçues comme peu volatiles. Mais les importants flux de fonds sont dangereux. Nous sommes arrivés à une étape où il faut être prudent », prévient David Picton.

Exemples au Canada : les épiceries Loblaw et Métro. « Ce sont de solides entreprises qui connaissent peu de volatilité, mais leurs résultats n’ont pas été particulièrement impressionnants. Pourtant, leurs titres font l’objet d’une attention qui affecte leur valeur et leurs éléments fondamentaux », dit l’expert.

Même verdict pour les géants canadiens des télécommunications : « ils sont perçus comme sûrs et offrent de bons dividendes, mais ils s’échangent à des prix records, alors qu’ils subissent l’arrivée de nouveaux concurrents au-delà de leur [marché traditionnel] », détaille M. Picton.

« L’an dernier, les actions privilégiées étaient considérées comme un investissement sûr, et elles ont causé beaucoup de souffrance aux investisseurs alors qu’elles étaient supposées être les titres les moins risqués de leurs portefeuilles. Si j’applique cet exemple à aux bons du trésor américain ou aux actions à dividendes que j’ai mentionnées précédemment, il faut faire très attention aux attentes concernant leur croissance future. »

Investir en Bourse

David Picton

M. Picton est un partenaire fondateur de Picton Mahoney Asset Management. Auparavant, il a contribué au lancement de Synergy Asset Management en 1997. Son expérience dans le domaine des placements comprend huit ans en tant que chef de l’équipe Recherches quantitatives chez RBC Dominion Securities, où il a été élu un des meilleurs analystes de son domaine. M. Picton a obtenu un baccalauréat, avec les honneurs, en commerce de l’Université de la Colombie-Britannique. Il a également reçu une bourse Leslie Wong de la prestigieuse Portfolio Management Foundation de l’Université de la Colombie-Britannique.