Ne sois ni emprunteur ni prêteur

2 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : zoranm / istockphoto

Ces mots de Shakespeare aident actuellement à repérer les gagnants parmi les détaillants canadiens, dit Chase Bethel, analyste du secteur des biens de consommation, Gestion d’actifs CIBC.

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Dans les dernières semaines, l’impact de la COVID-19 sur les détaillants diffère grandement selon qu’ils vendent des biens de consommation courante ou discrétionnaire. Durant notre entrevue réalisée le 23 mars, Chase Bethel observait une baisse de 11 % chez les premiers depuis le début de l’année, et de 40 % chez les seconds, alors que le marché dans son ensemble avait baissé d’environ 30 %.

« Les titres de consommation canadiens ont tenu bon dans l’ensemble, en grande partie grâce à la performance d’épiciers comme Loblaw et Metro, et d’entreprises relativement défensives comme Jamieson Wellness. Les titres les plus sévèrement touchés sont liés aux biens tangibles, à la restauration et à la consommation discrétionnaire. On voit d’ailleurs la même dynamique aux États-Unis dans le S&P 500, où Kroger, Costco et Walmart surperforment par rapport à l’indice et encore plus par rapport aux voyagistes, aux secteurs cycliques, aux restaurants et autres détaillants », observe l’expert.

Mais outre la nature des activités des entreprises, le critère qui pénalise certaines plus que d’autres sur les marchés est celui de l’endettement, note-t-il.

« On voit cette distinction autant dans les biens de consommation courante que discrétionnaire. Cela me rappelle une réplique de Polonius à son fils Laërte dans Hamlet, de Shakespeare : « Ne sois ni emprunteur ni prêteur ». Dans l’environnement actuel, c’est un avantage d’avoir des états financiers impeccables, un cycle court de comptes débiteurs, et un faible risque de crédit », dit Chase Bethel.

L’expert donne quelques détails sur les titres les plus solides du secteur selon lui, en cette période de pandémie.

« Nous apprécions Saputo, un transformateur laitier mondial dont l’équipe de direction a fait ses preuves, et qui devrait profiter d’une demande stable pendant que la sécheresse affecte les zones de production importantes que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Plus d’un tiers des revenus de Saputo proviennent de services de restauration, qui subissent de la pression dans l’environnement actuel. Mais le fait que les consommateurs s’approvisionnent davantage chez les épiciers pour manger à la maison devrait compenser ce vent contraire, croit Chase Bethel. Nous aimons aussi Loblaw, dont le volume de ventes devrait beaucoup croître en 2020 pendant que la COVID-19 affaiblit leurs concurrents comme les restaurants. On a tous vu les images des étagères vides dans les épiceries ces dernières semaines, ou même vécu nous-mêmes l’expérience de ne pas pouvoir tout cocher sur notre liste de commissions. »

Il mentionne au passage la situation de Costco, qui aurait connu au mois de février une hausse de 3 % des ventes et de 70 % de l’achalandage, alors que les consommateurs se ruaient dans ses rayons pour amasser des réserves.

« On ne connaît pas exactement l’ampleur de la croissance des ventes chez les épiciers canadiens jusqu’ici, mais ce serait un euphémisme de dire qu’elle va facilement dépasser les 2 %. À noter que Loblaw possède aussi Pharmaprix, qui devrait réaliser des ventes importantes même si des produits comme les cosmétiques sont moins en demande ces temps-ci », analyse-t-il.

La pandémie génère aussi une croissance de la vente en ligne, mais celle-ci fait face à des « goulots d’étranglement » selon Chase Bethel.

« Par exemple, je sais que plusieurs entreprises de livraison canadiennes de premier plan ont déjà réservé toutes leurs plages dans les deux prochaines semaines. Cela pousse la population à fréquenter encore les épiceries physiques à moyen terme. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.