Nouvelles allégations contre David Baazov

Par La rédaction | 12 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Blanchiment d’argent : Credit Suisse visé par une enquête

Les frères David et Josh Baazov se seraient enrichis grâce à des comptes en Suisse et à des sociétés incorporées à l’étranger, notamment aux îles Vierges britanniques, rapporte La Presse dans son édition d’hier.

Citant comme source l’Autorité des marchés financiers (AMF), le quotidien montréalais indique qu’il existerait même une preuve directe montrant que David Baazov a touché une ristourne « qui s’élèverait jusqu’à 20 % des gains nets réalisés par les membres de son entourage bénéficiant de ses tuyaux ».

Ainsi, un « nouveau document » déposé en cour, dont La Presse a pu prendre connaissance, révèle que l’AMF aurait découvert que la société Optivilla Holdings aurait acheté pour « près d’un million de dollars » d’actions de la compagnie WMS Industries par l’entremise d’un compte en Suisse, et ce, pour le bénéfice de Josh Baazov, l’aîné de la famille.

UN COMPTE À GENÈVE AVEC 4,4 M$ US

Josh Baazov et son partenaire d’affaires Craig Levett auraient également effectué des transactions à partir de ce compte suisse pour mener des opérations d’achat et de vente de titres de WMS ainsi que de deux autres sociétés, Bwin.party et Intertain Group.

Le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (Money Laundering Reporting Office-Switzerland, ou MROS) auprès de l’Office fédéral de la police helvétique aurait en outre informé l’AMF qu’Optivilla avait transféré au début de l’année le solde du compte de 2,4 millions de dollars américains de l’Union bancaire privée (UBP) vers un compte à la Banque Edmond de Rothschild, à Genève. Toutefois, La Presse précise que l’Autorité ignore encore le nom du titulaire de ce compte, dont le solde serait de 4,4 millions de dollars américains.

Enfin, toujours selon La Presse, Josh Baazov et Craig Levett auraient « contrôlé un compte » à la banque genevoise Hyposwiss Privatbank, « qui aurait permis de faire des transactions sur le titre d’Amaya ». Cependant, souligne le quotidien, aucune de ces allégations n’a encore été prouvée en cour.

SYSTÈME DE RISTOURNES

Par ailleurs, ajoute-t-il, une récente analyse du contenu de la boîte de messagerie de David Baazov aurait permis aux enquêteurs de l’AMF de découvrir un courriel daté du 26 février 2013 faisant référence à une comptabilité de ristournes, avec « une distribution des profits nets réalisés suivant la transmission et l’utilisation d’informations privilégiées à certains individus ». Un stratagème qui aurait permis à l’ex-PDG d’Amaya de bénéficier d’une ristourne de 20 %, soit environ 92 587 dollars, pour les seules transactions réalisées sur WMS.

L’an dernier, l’AMF avait déjà révélé avoir découvert l’existence d’un système de ristournes de la part d’investisseurs en échange d’informations privilégiées. Au fil du temps, celles-ci auraient pris plusieurs formes, par exemple de l’argent comptant, des chèques ou encore des objets de luxe, dont une montre Rolex. À l’époque, l’Autorité avait indiqué à La Presse qu’il s’agissait d’un stratagème représentant un « haut niveau d’organisation et de sophistication ».

Au cours de son enquête, l’AMF avait également révélé que Josh Baazov aurait perçu des chèques de plusieurs milliers de dollars portant la mention « cadeaux » en échange d’informations privilégiées provenant de son frère David. Selon elle, ces chèques pourraient avoir fait partie d’un système destiné à partager les profits.

LE DÉMENTI DE DAVID BAAZOV

Appelé par La Presse à commenter ces allégations, le nouveau porte-parole de David Baazov, Adam Sharon, a indiqué qu’il s’agissait de suppositions et d’impressions. « Une tendance pour le moins troublante est observée à l’effet que certains faits ou documents qui n’appuient pas la position de l’AMF sont retenus ou mal interprétés par l’AMF pour des raisons stratégiques », a-t-il soutenu.

« David Baazov a déjà fait savoir qu’il n’a pas reçu d’argent, cadeaux ou autres choses en lien avec des transactions. L’AMF devrait le reconnaître et a le devoir de présenter la situation de façon complète et fidèle a la réalité. Elle ne peut faire fi de ses obligations. David Baazov a travaillé fort depuis le début de sa carrière, obtenu du succès et prouvé son intégrité. Les propos fallacieux de l’AMF ne l’empêcheront pas de réaliser ses projets futurs », a conclu Adam Sharon.

Rappelons que le procès de David Baazov, qui débutera le 20 novembre, devrait durer plusieurs mois, au moins jusqu’en mars 2018, ce qui en fera l’un des événements judiciaires les plus importants dans l’histoire de la province.

La rédaction