« On n’est pas pro-pétrole », dit Desjardins

Par La rédaction | 27 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Malgré les critiques de Greenpeace, qui lui reproche notamment d’avoir contribué à financer le projet d’oléoduc de Kinder Morgan, Desjardins assure ne pas soutenir l’industrie pétrolière.

« On n’est pas pro-pétrole. On est pro-développement durable », affirme à QMI une porte-parole du Mouvement, Chantal Corbeil. Celle-ci en profite pour souligner que seuls 3 % des quelque 275 milliards de dollars d’actif de la coopérative financière ont été investis dans le secteur des énergies fossiles, soit environ 6,5 milliards.

Dans le cas de l’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, le Mouvement a prêté 145 millions à la société texane Kinder Morgan, maître d’œuvre de ce projet controversé, qui triplera la capacité du pipeline à acheminer des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’au port de Burnaby, en Colombie-Britannique.

NOUVELLE POLITIQUE EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENTS

Ce soutien financier reste en travers de la gorge de Greenpeace, d’autant que, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de Desjardins, qui se tenait samedi, le grand chef Serge Simon n’a pu remettre à son P-DG, Guy Cormier, une pétition comportant 10 000 signatures recueillies au nom des 150 Premières Nations signataires du Traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux au pays.

Présente lors d’une manifestation organisée samedi en marge de l’assemblée, l’ONG a estimé que l’institution financière avait notamment « bafoué les droits des Premières Nations » et elle a réclamé que celle-ci « cesse de financer les pipelines de sables bitumineux » et « retire sa participation au projet de Kinder Morgan ». « Après avoir emporté une victoire collective contre le projet Énergie Est au Québec, nous ne pouvons accepter que Desjardins finance un projet similaire qui affectera l’environnement et les communautés de l’ouest canadien », a dénoncé Greenpeace.

Interrogée par QMI, Chantal Corbeil soutient que, dans le cas de Kinder Morgan, le contrat a été signé il y a déjà un certain temps et qu’il est donc impossible de le dénoncer, sans quoi la réputation de Desjardins sur la place financière en souffrirait. La porte-parole ajoute que, depuis décembre dernier, le Mouvement s’est doté d’une nouvelle politique en matière d’investissements, avec notamment des critères d’acceptabilité sociale plus stricts. « Dans le futur, nos prochaines autorisations [se feront] s’il y a une acceptation sociale et si tous les gouvernements sont d’accord avec le projet. Cela fera en sorte que les investissements qu’on a dans les énergies fossiles vont diminuer à l’avenir », a-t-elle assuré.

« LES VALEURS À LA BONNE PLACE »

En manifestant samedi à Québec, Greenpeace a voulu « lancer un message très clair » à l’effet que le financement de l’oléoduc de Kinder Morgan, déjà dénoncé par de nombreuses personnes et associations en Colombie-Britannique, va à l’encontre des valeurs de respect des communautés et de protection de l’environnement.

« Desjardins dit avoir les valeurs à la bonne place. Qu’il le prouve », a martelé le responsable de la campagne Climat-Énergie de l’ONG, en entrevue avec La Presse canadienne. Pour Patrick Bonin, le Mouvement doit « tomber du bon côté de l’histoire » en revenant sur sa décision, en retirant son financement à Kinder Morgan, en investissant dans les énergies renouvelables et en privilégiant les solutions visant à réduire la dépendance au pétrole et au gaz afin de respecter l’accord de Paris. « Ce n’est pas vrai que les Québécois vont accepter que l’institution financière la plus connue au Québec continue de financer cette destruction environnementale et cette violation des droits des Premières Nations », a-t-il prévenu.

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