Où est le rendement?

Par La rédaction | 7 juillet 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Sur un horizon de douze à dix-huit mois, les actions présentent un potentiel de rendement supérieur aux instruments du marché monétaire et aux obligations, affirme Valeurs mobilières Desjardins dans son bulletin trimestriel.

L’analyse annonce une croissance du PIB soutenue, synchronisée et ponctuée d’une inflation progressant vers les 2 %, peut-on lire. Selon le Fonds monétaire international (FMI), « l’expansion économique attendue depuis longtemps se concrétise enfin. Au point où la montée en puissance de l’économie mondiale nous porte à un point tournant du cycle. » L’organisme prévoit une hausse du PIB mondial de 3,5 % en 2017 et de 3,6 % en 2018. Ceux des économies avancées (40 % du PIB mondial) et émergentes devraient progresser respectivement de 2 % et 4,5 % en 2017 et de 2 % et 4,8 % en 2018.

Dans ce contexte, la Fed multiplie les messages pour faire savoir qu’elle entend aligner le taux directeur sur sa cible d’équilibre réel à long terme (±1 % selon la Fed et le FMI). Si le taux d’inflation est de 2 %, cela signifie que le taux directeur devrait être de 3 %. Outre cette hausse graduelle et continue du taux directeur sur un horizon de dix-huit mois, la Fed cherchera aussi à réduire la taille de son bilan, qui atteint les 4 500 milliards de dollars. En 2009, il n’était encore que de 1 000 milliards, rappellent l’auteur du bulletin, Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille.

Si plusieurs autres économies avancées n’en sont pas au même point, la Banque du Canada a signalé à la mi-juin qu’elle considère réduire le degré de détente monétaire dans l’économie, ce qui devrait théoriquement engendrer une mouvance haussière des taux sur les obligations nord-américaines.

Ainsi, pour une première fois en 35 ans, le rendement d’un portefeuille pourrait provenir uniquement des actions, conclut l’auteur. Comme environ 90 % de la variabilité des rendements d’un portefeuille dépendent de la répartition entre les catégories d’actifs, il sera essentiel d’en assurer une gestion optimale.

STRATÉGIES

Sur un horizon de 3 à 6 mois, la stratégie devrait être teintée d’un optimisme prudent, croit-il. Les ratios de valorisation boursière sont historiquement élevés. En date du rapport, l’indice S&P 500 n’avait en effet pas connu une baisse d’au moins 5 % depuis juin 2016 et de recul de 10 % depuis février 2016. Autre signe de complaisance, le S&P500 n’a connu qu’une seule baisse quotidienne de plus de 1,5 % en 2017.

Le gestionnaire de portefeuille ajoute que les perspectives financières sont favorables à une prolongation du cycle d’investissement. Il rappelle que le simple fait qu’il dure depuis longtemps n’est pas une raison suffisante ou déterminante pour provoquer la fin d’un marché haussier (bull market).

Selon lui, une fin de cycle est généralement ponctuée de plusieurs facteurs : une récession, un choc monétaire ou budgétaire, une hausse marquée du prix des matières premières et/ou une augmentation extrême des multiples d’évaluation. Outre la valorisation boursière, aucun autre facteur n’est apparent.

Sur un horizon de 12 à 18 mois, la stratégie d’investissement dénote un optimisme sélectif pour les actions, un certain opportunisme dans la gestion tactique des actifs et d’alternatives limitées.

« Nos attentes à l’égard des actions demeurent modestes d’un point de vue historique, particulièrement en regard des dernières années, mais elles présentent néanmoins un potentiel de rendement supérieur aux instruments du marché monétaire et aux obligations, écrit M. Doucet. Renforcée par la synchronisation des politiques monétaires, budgétaires et fiscales, l’économie mondiale monte en puissance au point où elle arrive à un tournant selon le FMI. »

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Si les mesures budgétaires et fiscales proposées par la Maison-Blanche finissent par être entérinées, elles pourraient propulser la Bourse vers un nouveau sommet, croit Desjardins. Mais l’inverse est aussi vrai si les mesures annoncées ne passent pas le test de la Chambre des représentants, puis du Sénat. Les attentes des investisseurs sont élevées, ce qui expose le marché boursier à une déception. Le Mouvement recommande ainsi une surpondération des actions américaines à hauteur de 38 % du portefeuille.

Du côté des actions canadiennes, toujours très liées au marché des matières premières, les perspectives sont tout aussi difficiles à cerner. La tendance incertaine des prix de plusieurs ressources pousse le gestionnaire de portefeuille à recommander une pondération neutre des actions canadiennes à hauteur de 37 % du portefeuille.

Il soutient que le reste devrait être composé de 12 % d’actions européennes, 8 % de japonaises et de 5 % de titres en provenance des marchés émergents. Parmi eux, l’Inde, l’Indonésie, la Corée du Sud et Taïwan pourraient être surpondérés, mais il faudrait sous-pondérer le Brésil, la Chine, la Russie et la Turquie. Un positionnement neutre est recommandé pour le Mexique et l’Afrique du Sud.

RÉDUIRE L’EXPOSITION AUX OBLIGATIONS

Les perspectives économiques et financières militent pour une normalisation graduelle des taux obligataires sur un horizon de 18 à 24 mois. Penser autrement revient à conclure que la stagnation séculaire est bien ancrée dans l’ADN des États-Unis et des autres pays avancés et que l’interventionnisme monétaire, budgétaire et fiscal est insuffisant. La remontée des taux obligataires doit être vue comme un signe de victoire contre la stagnation séculaire et la désinflation, affirme l’auteur du bulletin.

Il n’est pas exclu que le marché obligataire s’apprécie le temps d’une pause santé de la Bourse ou de la digestion de résultats décevants et/ou de déclarations des banques centrales. Sans compter l’effet de la politique sur le moral des investisseurs. Ces épisodes doivent être vus comme une occasion de réduire l’exposition aux obligations, indique Michel Doucet. Une baisse continue des taux pourrait être interprétée comme un signal précurseur d’une fin de cycle.

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