Paradis fiscaux : l’UE réduit sa liste

Par La rédaction | 24 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À peine deux mois après l’avoir difficilement établie, l’Union européenne vient de réduire de moitié sa liste noire des paradis fiscaux, rapporte l’Agence France-Presse.

Réunis mardi à Bruxelles, les 28 ministres des finances de l’UE ont en effet décidé de sortir de cette liste huit pays (le Panama, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, la Tunisie, la Mongolie, Macao, la Grenade et la Barbade) sur un total de 17 qu’elle comprenait initialement.

Les dirigeants ont justifié leur décision en expliquant que les États concernés s’étaient « engagés à remédier aux inquiétudes de l’Union », mais ce « lifting » a suscité l’indignation des eurodéputés écologistes et de gauche, ainsi que de plusieurs organisations non gouvernementales.

« CETTE DÉCISION SAPE LE PROCESSUS »

« L’UE se dépêche de retirer des pays de sa liste noire sans dire clairement ce qu’ils ont promis d’améliorer, cela sape le processus », a notamment dénoncé Aurore Chardonnet, une porte-parole de l’ONG Oxfam. Les soupçons de complaisance des autorités européennes envers les « États voyous » ont encore été renforcés chez certains observateurs par l’attitude ambiguë des ministres, qui ont refusé de divulguer les engagements donnés par les pays retirés de la liste.

« Nous ne pouvons pas publier automatiquement les lettres [dans lesquelles les pays ont promis de corriger leur législation fiscale]. Ce que nous proposons, c’est d’entrer en contact avec ces territoires pour voir s’ils veulent publier leurs engagements », a simplement déclaré le ministre bulgare des Finances, Vladislav Goranov, dont le pays assure la présidence de l’UE pour six mois.

L’AFP souligne que le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, avait pourtant appelé la semaine dernière à opter pour une politique de transparence dans ce domaine. « Il n’est pas possible de travailler en secret sur ces questions », a-t-il d’ailleurs répété mardi.

QUATRE PAYS DE L’UE SUR LA SELLETTE

Aujourd’hui, la liste noire de l’Union, qui avait été adoptée au début du mois de décembre, ne comporte donc plus que neuf pays ou territoires : Bahreïn, Guam, les Îles Marshall, la Namibie, les Palaos, les Samoa, les Samoa américaines, Sainte-Lucie ainsi que Trinité-et-Tobago.

À sa publication, elle avait essuyé une vague de critiques de la part des eurodéputés sociaux-démocrates, écologistes, de la gauche radicale ou de la droite, qui avaient alors réclamé qu’on y ajoute quatre pays européens à la fiscalité très « accueillante », soit les Pays-Bas, l’Irlande, le Luxembourg et Malte. La semaine passée, Pierre Moscovici les avait d’ailleurs qualifiés de « trous noirs fiscaux » sans pour autant demander leur inscription sur la liste noire, rappelle l’AFP.

L’Agence précise que les huit pays « blanchis » mardi doivent faire l’objet d’un suivi pour s’assurer qu’ils respecteront leurs engagements de bonne conduite fiscale, faute de quoi ils pourraient retourner parmi les États dont la fiscalité est jugée opaque.

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