Perdre de l’argent avec les obligations!!!

Par Sylvain B. Tremblay | 24 mai 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Qui aurait pensé que nos placements en obligations seraient un jour à ce point menacés? Et je ne parle pas, ici, de placements en obligations de pacotille (junk bonds). En effet, l’ensemble des obligations à taux réel canadiennes a enregistré un rendement négatif de -1,80 % au premier trimestre de 2013. À titre comparatif, cette catégorie d’actif a enregistré un rendement annualisé de 8,12 % au cours des 10 dernières années en contexte de baisse constante des taux d’intérêt. Aurions-nous enfin atteint le fond du baril? À quelles conséquences devons-nous nous attendre dans le cas d’une inversion du mouvement des taux? Questions tout à fait légitimes que doit se poser tout investisseur sérieux dans le contexte économique actuel.

Les épargnants qui ont opté pour les titres de créances ont été plus largement récompensés que ceux ayant choisi les titres de participation au cours des cinq dernières années. En effet, l’indice DEX Univers a réalisé un rendement annualisé de 5,88 % au 31 mars 2013, alors que le S&P/TSX de la Bourse de Toronto s’est contenté d’un maigre 2,06 % pour la même période. Cette situation constitue une anomalie, car un épargnant devrait normalement être rémunéré en fonction du niveau de risque auquel est exposé son placement. Si on allonge notre période d’observation à 10 ans, les choses reviennent à la normale, avec un rendement de 6,12 % annualisé pour les titres de créances et de 9,97 % pour les titres de participation. Que nous réserve l’avenir à partir du taux de 2,50 % enregistré au 31 mars sur nos obligations Canada 30 ans et 1,87 % sur les 10 ans?

Afin de mesurer la sensibilité de la variation des taux d’intérêt sur votre portefeuille d’obligations, posons quelques hypothèses à partir des taux en vigueur au 31 décembre 2012.

Les bons du Trésor 1 an portaient alors intérêt au bas niveau de 1,10 %, les obligations 5 ans, 1,38 %, les 10 ans, 1,80 % et les 30 ans, 2,36 %. Si le taux 1 an passait de 1,10 % à 1,75 %, le rendement réalisé sur un placement un an ne serait, bien sûr, pas affecté. Par contre, si le taux 5 ans passait de 1,38 % à 2,20 %, vous obtiendriez un rendement négatif de -1,75 %. Si le taux 10 ans passait de 1,80 % à 2,75 %, la perte serait de -5,73 %. Pire encore, si le taux 30 ans passait de 2,36 % à 3,25 %, la perte atteindrait -14,27 %. Par extension, une simple hausse de 0,36 % des taux 5 ans, de 0,22 % des taux 10 ans ou de 0,12 % des taux 30 ans contribuerait à l’annulation du rendement des portefeuilles obligataires ayant ces durées respectives. Comme disent les Chinois : the best is behind

À la lumière de ces constats, l’investisseur prudent qui vise la protection de son capital optera pour un portefeuille de courte durée, voire un portefeuille de marché monétaire, quitte à laisser un peu de rendement sur la table. Après tout, nous ne plaçons pas nos épargnes en obligations pour en perdre une partie.


Sylvain B. Tremblay, Adm.A., Pl. Fin., vice-président, Gestion Privée, Optimum Gestion de placements inc.

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Sylvain B. Tremblay