Perspectives de la Laurentienne : de « stables » à « négatives »

Par La Presse Canadienne | 12 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’agence DBRS sert un avertissement à la Banque Laurentienne, qui pourrait devoir racheter jusqu’à 304 millions de dollars de prêts hypothécaires à un tiers à la suite d’anomalies divulguées la semaine dernière.

Sans toucher à la cote de crédit de l’institution financière, qui demeure à A (faible), l’agence de notation a fait passer lundi de « stables » à « négatives » ses perspectives à l’endroit de la septième banque en importance au pays.

« Cela reflète les préoccupations de DBRS à l’égard de la qualité des mesures de contrôle à la Laurentienne à une période sensible dans le cycle immobilier ainsi que sur les répercussions des événements récents sur la réputation de la banque ainsi que sur sa capacité à lever des fonds », explique l’agence torontoise.

Elle a néanmoins souligné que les prêts hypothécaires jugés problématiques performaient à la hauteur des attentes de la banque et qu’ils ne concernaient pas une région ou un courtier en particulier.

Dans sa note d’analyse, DBRS a justifié sa décision en indiquant que la Laurentienne s’appuyait de façon importante sur les dépôts effectués par l’entremise de courtiers ainsi que sur les institutions de deuxième rang comme source de financement.

« Il s’agit d’un risque advenant une détérioration marquée de sa réputation ou de la confiance du marché », a estimé l’agence de notation.

DES IRRÉGULARITÉS

Les irrégularités, notamment des fausses déclarations effectuées par des clients, ont été découvertes au sein de la filiale B2B Banque, qui offre notamment des solutions hypothécaires résidentielles jugées non traditionnelles à des acheteurs dont le profil financier ne convient pas à une grande banque.

Plus tôt cette année, la découverte d’irrégularités chez le prêteur alternatif Home Capital avait entraîné le dépôt d’accusations de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario et poussé l’entreprise dans une crise ayant menacé sa survie.

Lors d’une entrevue à la chaîne télévisée anglophone BNN la semaine dernière, le président et chef de la direction de la Laurentienne, François Desjardins, avait affirmé que l’institution qu’il dirige était dans une situation bien différente que celle de Home Capital.

Depuis la semaine dernière, la Laurentienne a réitéré que les rachats n’auront pas d’incidence majeure sur sa capacité de financement ainsi que ses activités. La banque, qui mène également un audit à travers son réseau de succursales, devrait préciser la somme des prêts hypothécaires à racheter d’ici environ deux mois.

Jusqu’à présent, à la suite des vérifications, la banque québécoise prévoit racheter pour 180 millions de dollars de prêts jugés problématiques, ce qu’elle peut faire avec les liquidités à sa disposition.

Dans des documents déposés auprès des autorités réglementaires, l’institution a souligné que les prêts problématiques comptaient pour 3,7 % du portefeuille de prêts hypothécaires vendus à des tiers.

« Aucun employé n’a été complice de fausses déclarations et les problèmes relatifs à la documentation ne semblent pas intentionnels », a réitéré la Laurentienne, qui a dit avoir déjà resserré ses mesures de contrôle de la qualité.

Dans ses commentaires, DBRS souligne tout de même que les profits de la Laurentienne se trouvaient sur une pente ascendante, ajoutant que cela était notamment attribuable à la croissance des prêts dans le secteur commercial, où les marges sont plus élevées.

À la Bourse de Toronto, l’action de la banque a clôturé à 57,56 $, en hausse de 14 cents, ou 0,24 %.

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