Économie : ensoleillé avec passages nuageux

Par La rédaction | 14 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’économie mondiale se porte assez bien et devrait continuer à croître à un rythme intéressant, à moins que l’un des nombreux risques géopolitiques ne vienne y mettre un frein.

Dans une récente livraison des perspectives économiques mondiales de la RBC, l’économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs, Eric Lascelles, souligne plusieurs raisons de faire preuve d’optimisme.

Les indicateurs mondiaux se sont améliorés depuis l’été 2016 et atteignent leurs meilleurs niveaux depuis des années. Une donnée « qui vaut son poids en or », indique l’économiste. Un bémol cependant : l’économie mondiale montre des signes de plafonnement et la conjoncture pourrait devenir moins favorable.

LE FACTEUR TRUMP

Plusieurs s’inquiètent de voir l’économie américaine arriver en fin de cycle et s’essouffler. M. Lascelles convient que cette crainte peut être fondée. Toutefois, le marché immobilier américain pourrait continuer de croître, une occasion de faire preuve d’un peu d’optimisme.

Le protectionnisme trumpien fait beaucoup jaser et la perspective de guerres commerciales rend les investisseurs nerveux. Toutefois, Eric Lascelles croit que les négociations au sujet du renouvellement de l’ALENA pourraient se conclure prochainement, ce qui soulagerait le Canada d’une grande incertitude. RBC évalue à 45 % les probabilité d’une entente ou d’un compromis et craint moins qu’auparavant la possibilité que les pourparlers échouent.

L’économiste en chef avance que les envolées du président américain en faveur du protectionnisme ne seraient peut-être que du bluff. « Il y a davantage de volonté de négocier du côté américain qu’auparavant », fait-il remarquer.

La diminution du risque d’escalade avec la Corée du Nord constitue une autre bonne nouvelle, tout comme le maintien des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne et la Banque du Canada.

MARCHÉS INSTABLES

Bien sûr, tout n’est pas rose. Depuis le début de 2018, les marchés ont été plutôt instables, les investisseurs craignant le retour de l’inflation et les guerres commerciales. La perspective d’une guerre de tarifs entre les États-Unis et la Chine « est désavantageuse pour la croissance mondiale, car les économies de ces pays représentent 40 % du PIB mondial », soutient Eric Lascelles. Le déficit commercial entre les deux États est de 337 milliards de dollars américain en faveur du géant asiatique.

Alors que des affrontements entre Israël et l’Iran relancent le conflit en Syrie et qu’un nouveau gouvernement italien tarde à se mettre en place, les dissensions entre la Colombie-Britannique et l’Alberta au sujet du pipeline de Kinder Morgan sont aussi citées comme un point négatif.

D’autres facteurs pourraient éventuellement avoir une influence sur les marchés, notamment la hausse du prix du pétrole ou l’enquête sur une possible collusion entre l’équipe électorale de Donald Trump et la Russie. Par ailleurs, si une grande partie des entreprises américaines se réjouissent des réductions d’impôt et des mesures de stimulation budgétaire, elles ont cependant fait décoller le déficit budgétaire des États-Unis. Il se situe maintenant à 5,3 % du PIB total, contre 1,8 % au Canada.

ÉCONOMIE VIGOUREUSE CHEZ L’ONCLE SAM

Optimum Gestion de placements pose un regard semblable sur l’économie. En jetant un œil sur notre voisin du Sud, la firme constate que son économie est vigoureuse, malgré des données décevantes sur les ventes au détail et une balance commerciale qui se détériore rapidement. « Malgré tout, la confiance des consommateurs reste élevée, à des niveaux rarement atteints, particulièrement depuis la fin des années 1990. Aucun signe de récession n’est visible pour les prochains mois », écrit le vice-président Gérald Gagnon.

LE CANADA TOUT EN RETENUE

Au pays, la prudence de la Banque du Canada quant à la remontée de ses taux d’intérêt démontre bien qu’il serait téméraire de s’emballer, même si l’économie approche de sa pleine capacité. Le PIB a augmenté de 3% en 2017 et le marché de l’emploi a été vigoureux, avec la création de 427 000 emplois, mais le début de l’année 2018 a été plus modeste. La croissance lors des deux plus récents trimestres s’est établie à 1,7 % et le Canada a perdu 88 000 emplois en janvier. L’endettement des ménages par rapport au revenu disponible reste très élevé.

DES OBLIGATIONS POUSSIVES

Ces données ont bien sûr une influence sur les marchés. Le rendement des obligations canadiennes à court et moyen terme au premier trimestre 2018 a été à peu près neutre, alors que celui des obligations à court terme s’est élevé à 0,22 %. Ce sont surtout les résultats des obligations provinciales et municipales qui ont plombé le rendement moyen. Les obligations fédérales ont assez bien fait, tout comme les obligations d’entreprise. Les investisseurs craignent la reprise des dépenses au Québec après des années de rigueur budgétaire.

ACTIONS CANADIENNES AU RALENTI

Le marché des actions canadiennes, lui, a souffert au premier trimestre. L’indice boursier S&P/TSX affiche un rendement de -4,52 %. Les investisseurs ont anticipé le ralentissement économique en début d’année, en plus de regarder avec angoisse les négociations sur l’ALENA. Seuls les secteurs des technologies de l’information (+10,18 %) et, dans une moindre mesure, celui de l’immobilier (+0,53 %), ont connu une hausse. Le secteur des soins de santé a chuté de -13,51 % alors que celui de l’énergie a baissé de -9,44 %.

ACTIONS INTERNATIONALES EN BERNE

Le rendement des indices boursiers internationaux est aussi dans le rouge, sauf pour le NASDAQ (+3,2 %), la bourse italienne (+2,8 %), la bourse de Hong Kong (+0,9 %) et les marchés émergents (+1,4 %). Le retour de la volatilité montre bien les nombreuses inquiétudes des investisseurs sur les différents marchés.

Notons toutefois que la dépréciation du dollar canadien a compensé la baisse des actions internationales. Ainsi, le S&P 500 a diminué de 0,8 % en devise locale, mais a augmenté de 1,8 % en devise canadienne. Même chose pour l’indice boursier japonais Nikkei 225, qui a baissé de 5,1 % en devise locale, mais a offert un rendement de 3,3 % en dollars canadiens.

Optimum Gestion de placements croit que la croissance économique se poursuivra en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et maintient donc sa surpondération en actions, notamment en actions européennes et canadiennes.

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