Placement : la compétence de nos proches

Par André Gosselin | 7 juin 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Les experts financiers de ce monde, aujourd’hui comme hier, n’ont jamais eu la cote auprès du public et des médias. Ils semblent à peine plus populaires que les vendeurs d’automobiles usagée ou que les politiciens.

Investisseurs professionnels, courtiers ou « traders » de toutes sortes sont trop souvent vus comme des nuisances, des acteurs économiques qui n’ajoutent pas grand-chose à la richesse d’un pays. Quand de grands savants comme Albert Einstein ou Albert Jacquard fustigent les financiers en leur reprochant de ne pas se préoccuper des « besoins concrets des gens », comment voulez-vous que le public réagisse ?

La spécialisation grandissante des produits financiers et leur degré d’abstraction sans cesse plus élevé d’abstraction n’aident en rien l’homme moyen à se faire une idée juste et objective du milieu du placement et de ses différents professionnels. Ventes à découvert, contrats à terme, options, obligations convertibles, fonds de couverture de risque : la liste n’en finit plus de tous ces instruments financiers complexes et inintelligibles pour le commun des mortels. Et moins il les comprend, plus il s’en méfie.

C’est l’une des raisons qui explique que la principale source d’information des investisseurs en matière de placement n’est ni les médias ni les conseillers professionnels, mais plutôt les « proches ». Près des trois quarts des investisseurs citent la famille et les amis à titre de source première d’informations financières. Et seulement le quart évoque les conseillers financiers ou les médias.

Faut-il s’étonner dans ces conditions si les investisseurs individuels réalisent, depuis 25 ans, à peine 3 % de rendement annuel moyen sur leurs actions, ce qui est quatre fois moins que le rendement réel de la Bourse ?

Demandez à son beau-frère ou à son oncle, novices en placement, quelle est la meilleure répartition du portefeuille, c’est comme demander à son plombier quel est le meilleur médicament contre le cholestérol, ou à son avocat quel est le meilleur isolant pour les maisons.

Les investisseurs assimilent trop souvent le placement financier à un acte de consommation comme un autre, où il suffit de demander à ses proches si c’est une bonne chose d’acheter le titre ABC ou le fonds XYZ.

Investir c’est beaucoup plus que cela. C’est gérer la diversification de ses placements. C’est équilibrer les risques à travers plusieurs formes d’actifs qui ne réagiront pas tous dans la même direction face aux aléas de l’économie. Bref, c’est une affaire de gestion et de planification avant d’être une question d’achat et de vente.

L’intérêt grandissant des individus pour le marché des valeurs mobilières n’aurait jamais été possible sans l’influence des amis et des membres de la famille élargie qui détiennent déjà des actions et des obligations. L’influence des pairs en matière d’investissement est d’autant plus importante qu’elle consiste, très souvent, à faire connaître des choses aussi simples que la façon d’ouvrir un compte chez un courtier escompteur ou la manière de souscrire à un fond commun de placement. Voilà une transmission de connaissance qui est utile et nécessaire, en autant qu’elle n’aille pas plus loin.

André Gosselin, Ph. D,, est le fondateur de la philosophie de gestion d’Orientation Finance.

Le contenu de cette chronique a été gracieusement fourni par le cabinet Orientation Finance.

André Gosselin