Placement : les choix des investisseurs souverains

Par La rédaction | 6 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les investisseurs souverains continuent de placer les États-Unis en tête des marchés en raison de leur attractivité, tandis que le Royaume-Uni est en perte vitesse depuis le Brexit, selon un rapport publié lundi par Invesco.

Intitulé Invesco Global Sovereign Asset Management Study, ce document analyse le comportement des fonds souverains et des banques centrales en matière de placement sur la base d’entretiens avec 97 investisseurs et gestionnaires dans le monde, y compris au Canada, qui représentent un actif de 12 milliards de dollars américains.

L’édition de cette année montre que « les incertitudes géopolitiques et les possibilités limitées d’augmenter la répartition d’actif dans les catégories à risque conduisent les investisseurs souverains à effectuer moins de changements de répartition d’actif qu’au cours des cinq dernières années, malgré le profond creusement des écarts par rapport aux rendements cibles », indique Invesco.

LES MARCHÉS FONT CONFIANCE À TRUMP

Depuis trois ans, ces investisseurs classent régulièrement les États-Unis sur la plus haute marche du podium en matière d’attractivité et, dans l’édition 2017 du rapport, le pays ne déroge pas à cette habitude avec un score de 8 sur 10. Notre voisin du Sud est également gagnant sur le plan de la répartition effective, puisque 37 % des personnes interrogées l’ont surpondéré en 2016, comparativement à 40 % qui prévoient le faire cette année.

« L’attractivité du pays est principalement due à la hausse des taux d’intérêt ainsi qu’à la confiance des marchés dans le régime fiscal favorable aux entreprises promis par Donald Trump depuis son entrée en fonction en janvier. Cependant, les incertitudes quant à sa capacité de mener à bien les réformes promises continuent de miner la confiance à long terme, et les perspectives positives quant aux investissements d’infrastructure potentiels aux États-Unis souffrent des craintes qu’un protectionnisme croissant dans le pays limiterait l’accès aux investisseurs souverains étrangers », analyse Invesco.

En revanche, la Grande-Bretagne a perdu beaucoup d’attrait aux yeux des investisseurs institutionnels dans la foulée du Brexit, passant d’une note de 7,5 en 2016 à 5,5 cette année, souligne la firme-conseil en investissement. La sortie du pays de l’Union européenne (UE) est considérée comme « un facteur considérablement négatif pour les placements au Royaume-Uni, et les investisseurs souverains qui placent des fonds en Europe s’interrogent sur son avenir en tant que plaque tournante financière pour l’Europe, compte tenu de l’incertitude des taxes à l’importation et de l’accessibilité du marché à l’avenir », relève-t-elle.

Cependant, si l’on prend en compte le recul de la livre sterling, les répartitions allouées au Royaume-Uni restent « relativement stables », avec des replis des répartitions de l’ordre de 15 %, probablement sous l’effet de la chute correspondante de 16 % de la valeur de la livre par rapport au dollar américain, tempère Invesco. En outre, cette dépréciation a donné lieu à une reprise des actions britanniques. Résultat : 33 % des répondants ont indiqué sous-pondérer le pays dans leurs investissements, alors que 13 % ont au contraire déclaré le surpondérer.

L’ALLEMAGNE SE DÉMARQUE

Sans surprise, les risques géopolitiques représentent plus que jamais une préoccupation majeure pour les personnes interrogées. Conséquemment, les investisseurs institutionnels ont réduit la part allouée à l’Europe continentale, la faisant passant de 12,8 % de l’actif sous gestion en 2016 à 11,2 % cette année devant le risque accru de dissolution de l’UE. Seule l’Allemagne fait figure d’exception et se démarque de ses voisins européens en continuant de figurer parmi les destinations de placement les plus attrayantes au monde pour les investisseurs institutionnels, qui ont fait passer leur pondération dans cette région de 7 l’an dernier à 7,8 cette année.

De leur côté, les investisseurs souverains considèrent la faiblesse des taux d’intérêt comme le principal facteur de répartition tactique de l’actif, ce qui les amène « à accorder des pondérations croissantes aux placements immobiliers afin d’obtenir d’autres sources de revenu », écrit Invesco. Toutefois, « les implications [de cette situation] à plus long terme sont moins certaines et l’on prévoit une transition graduelle de l’assouplissement quantitatif vers le resserrement quantitatif », ajoute la firme, qui précise que, « dans l’ensemble, le contexte de rendement est demeuré éprouvant pour les investisseurs souverains qui sont restés, en moyenne, 2 % en deçà de leurs cibles de rendement ».

LES RISQUES SE MULTIPLIENT

« L’année dernière s’est révélée difficile pour les investisseurs souverains avec des inquiétudes bien réelles quant aux niveaux de financement et aux prévisions de rendement compte tenu de l’exacerbation des incertitudes politiques et macroéconomiques. La demande de placements non traditionnels comme l’infrastructure est un thème récurrent depuis plusieurs années, mais cette année, le défi causé par une offre toujours plus restreinte vient exacerber la situation », commente Alex Millar, responsable des ventes pour le Moyen-Orient et l’Afrique à Invesco.

Celui-ci rappelle que comme « les investisseurs disposent de moins d’effets de levier sur lesquels compter en matière de répartition d’actif, ils se tournent toujours plus vers les marchés immobiliers où l’offre est abondante, et vers les États-Unis et l’Allemagne pour y trouver de nouvelles occasions et profiter de leur santé économique ».

« Les investisseurs souverains constituent un groupe hétérogène dont les membres sont confrontés à des défis divers en fonction de leur passif, de leur appétit pour le risque, des dynamiques de financement et d’autres facteurs. Notre rapport met en lumière la façon dont les membres de ce groupe […] relèvent les défis mondiaux, malgré les contraintes externes et internes auxquels ils sont soumis », conclut Alex Millar.

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