Planifier ses finances gratuitement?

Par La rédaction | 2 octobre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : iStockphoto/Johnny Greig

La fintech américaine Retirable offre depuis la semaine dernière des outils numériques de planification financière gratuits. Pour 99 $US par année, on peut également obtenir des conseils de planificateurs financiers professionnels. La clientèle visée : les préretraités.

Retirable a reçu pas moins de 4,7 millions $US en capital de risque pour financer son démarrage. La firme entend fournir aux Américains qui approchent du moment de la retraite des outils numériques afin qu’ils puissent se bâtir eux-mêmes un plan financier… gratuitement. Ceux qui le désirent peuvent aussi obtenir les conseils d’un planificateur financier professionnel. Ils devront débourser 99 $ US pour ce service supplémentaire.

Il s’agit d’une stratégie assez classique sur le Web, où les services gratuits servent en fait à amener les clients à découvrir une entreprise et éventuellement débourser en achetant d’autres produits ou services. La firme touchera aussi des frais de référencement si certains de ses clients achètent des services ou des produits financiers offerts par d’autres entreprises, comme Betterment, avec laquelle existe un partenariat.

UN VASTE MARCHÉ

Un article de Financial-Planning sur ce lancement rappelle que selon un récent sondage de Charles Schwab, environ trois Américains sur quatre ne possèdent pas de plans financiers. Le terreau est donc fertile pour les firmes comme Retirable. En 2019, une étude de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada indiquait que seulement 24 % des Canadiens avaient demandé des conseils à un professionnel de la planification financière en 2019. 

« Il y a un vaste marché qui a besoin de beaucoup d’aide », croit le PDG de Retirable, Tyler End. Contrairement au conseillers robots, sa firme ne gère pas d’actifs financiers et ne vend pas de produits d’investissement. C’est donc bien aux planificateurs financiers qu’elle entend faire compétition, notamment ceux qui sont rémunérés par honoraires. « Notre emphase est mise entièrement sur la planification, surtout pour les personnes de plus de 55 ans qui n’ont pas assez d’actifs ou de revenus pour s’offrir les services d’un planificateur financier », poursuite le PDG.

M. End a débuté sa carrière comme conseiller chez Northwestern Mutual, où il se spécialisait dans le décaissement à la retraite. Il a constaté que les frais basés sur la quantité d’actifs sous gestion oblige les conseillers à prioriser leurs clients les plus riches, ce qui laisse en plan l’investisseur moyen. 

Pas moins de 50 000 personnes ont utilisé la version beta de Retirable pendant un an. Les planificateurs financiers de la firme ont quant à eux préparé 8000 plans personnalisés, selon M. End. L’âge moyen des clients est de 63,5 ans.

AU NORD DE LA FRONTIÈRE

Au Canada, la fintech Finally Financial Services offre depuis le mois de mai un service de planification numérique. Le site de l’entreprise soutient qu’il faut 30 minutes pour réaliser le plan, ce qui fera sûrement réagir un certain nombre de professionnels de l’investissement…

Les utilisateurs choisissent d’abord des objectifs, établissent la priorité de leurs besoins, puis font un budget. Ils peuvent ensuite opter pour les produits financiers qui leur conviennent le mieux, offerts par plusieurs fournisseurs. L’application aide également les utilisateurs à respecter leur plan. 

L’un des deux cofondateurs, le Colombien d’origine Santiago Larrarte, expliquait dans une entrevue offerte à Fintech Futures en mars dernier qu’il avait éprouvé des difficultés à recevoir des conseils financiers de professionnels après ses études à l’Université McGill. Il avait alors 130 000 dollars de dettes, un revenu modeste et aucun plan pour redresser la situation. Il ne trouvait pas vraiment de service abordable pour aider quelqu’un dans sa situation. C’est ce qui lui a donnée l’idée de fonder Finally. 

Il souhaite démocratiser le conseil financier, une tendance qui se fait de plus en plus sentir et qui anime plusieurs fintechs, comme Hardbacon, Moka (anciennement Mylo) ou Mint.

La rédaction