Pourquoi CI a acheté Sentry

Par La rédaction | 14 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Coup de théâtre dans le monde de la gestion d’actif. CI Financial (CI) a annoncé jeudi avoir déboursé 780 millions de dollars pour se payer Sentry Investments (Sentry). Qu’est-ce qui a motivé cette décision stratégique?

L’acquisition réunit deux des plus importants gestionnaires d’actif indépendants du Canada, spécialisés dans la gestion active. Pour mettre la main sur Sentry, CI paiera 230 millions de dollars en liquide et le solde en actions de CI. Sentry gère plus de 45 mandats de fonds et d’autres investissements, pour un actif sous gestion total d’environ 19,1 milliards de dollars (au 31 juillet 2017). Avec cette acquisition, l’actif sous gestion de CI augmente de 16 %, pour s’établir à environ 140 milliards de dollars.

Sans surprise, le directeur général de CI, Peter Anderson, est emballé par cette transaction. « Nous aurons une équipe de vente significativement plus grande, souligne-t-il. Nous aurons une nouvelle marque supplémentaire. Nous pourrons répartir les coûts sur une plus vaste base d’actif. Tous ces éléments, dans mon esprit, sont très stratégiques. » Il poursuit en expliquant que chaque fois que CI a augmenté son nombre de vendeurs, les ventes ont grimpé. Il s’attend au même résultat cette fois-ci.

CI se réjouit aussi de bénéficier des relations de Sentry avec les firmes et conseillers membres de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM). Selon Peter Anderson, Sentry a de très bonnes relations avec des institutions et professionnels convoités par CI. « C’est là que nous voyons la meilleure occasion d’affaires pour CI », soutient le DG.

Sentry restera une marque à part entière. Le cabinet offrira de la gestion de portefeuille sous les marques Harbour, Signature, Cambridge, CI Multi Asset Management et Sentry.

DES TURBULENCES

Les deux firmes ont connu quelques turbulences au cours des deux dernières années. Sentry a défrayé la manchette en avril 2017 en acceptant de payer une amende de 1,5 million de dollars à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO). Elle était accusée d’avoir employé des pratiques de vente douteuses en offrant des cadeaux extravagants à ses meilleurs vendeurs entre 2011 et 2016. Des bouteilles de Dom Perignon et des bijoux de chez Tiffany’s, notamment, ont été offerts dans le cadre d’une « conférence » donnée aux représentants dans un manoir de Berverly Hills, laquelle a coûté pas moins de deux millions de dollars à Sentry. Dans la foulée de ces révélations, le PDG Sean Driscoll, fils du fondateur de Sentry John F. Driscoll, a été remplacé par Philip Yuzpe.

De son côté, CI Investments a payé en février 2016 quelque 156,1 millions de dollars à des investisseurs dans le plus gros règlement non contesté de l’histoire de l’Ontario. La CVMO soutenait que des clients de CI avaient acheté et vendu des fonds dont la valeur avait été sous-évaluée. CI, tout en payant le règlement, n’a jamais admis, ni nié, avoir commis une faute.

CI a aussi récemment annoncé qu’elle rembourserait 45 millions de dollars à l’Agence du revenu du Canada, qui a révisé à la hausse ses impôts dus entre 2006 à 2008. Loin d’admettre quelque tort que ce soit, la présidente de CI, Sheila Murray, a soutenu que son entreprise était en mesure de se défendre, mais avait décidé de payer pour ne plus subir le poids de ce litige. Au départ, l’ARC réclamait 287,6 millions de dollars à la firme, incluant les intérêts et les pénalités.

Ce texte a été initialement publié sur Advisor.ca. Traduction et adaptation par Jean-François Venne.

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