La clé du succès des placements non liquides

Par La rédaction | 17 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : belchonock / 123RF

Savoir sacrifier des liquidités peut s’avérer une stratégie d’investissement précieuse, estime Tom Bradley dans une récente chronique publiée par le Financial Post

Obtenir un rendement supérieur à celui d’un investissement sans risque, comme un certificat de placement garanti ou une obligation d’État, nécessite deux ingrédients : du risque et du temps, affirme le président de la société Steadyhand Investment Funds, spécialisée dans l’offre de fonds à faibles frais.

Il existe quatre types de risques liés à l’investissement, ajoute-t-il. Concrètement, les risques de taux d’intérêt et de crédit (ou de défaut de paiement) sont inhérents au marché des titres à revenu fixe, tandis que le risque lié aux actions (ou à la propriété) est celui que les investisseurs connaissent le mieux, puisqu’ils n’ignorent pas que leurs actions peuvent baisser. Autre risque, enfin, celui dû à la possession de liquidité, qui est souvent « mal compris et mérite d’être approfondi ».

PRISE DE RISQUE C. RÉCOMPENSE ESCOMPTÉE

Grosso modo, explique le spécialiste, le risque de liquidité implique, pour un investisseur, d’être prêt à sacrifier sa capacité de revendre un placement au moment où il le souhaiterait (quotidiennement ou sur une base hebdomadaire ou mensuelle), et ce, en échange d’un rendement escompté plus élevé. En effet, souligne-t-il, le détenteur de deux titres identiques – l’un se négociant quotidiennement et l’autre ne pouvant être revendu qu’au bout de cinq ans – n’achètera jamais ce dernier s’il ne présente pas un potentiel beaucoup plus intéressant que le premier. « Sacrifier les liquidités est une stratégie d’investissement précieuse, car tous vos titres ne doivent pas être facilement négociables », insiste Tom Bradley.

Celui-ci note que le montant du rendement supplémentaire requis pour justifier un tel investissement « dépend du type de titre et de son degré d’illiquidité ». En règle générale, poursuit-il, les actions de petite capitalisation se négocient de manière irrégulière, de sorte que les investisseurs s’attendent à acheter à un multiple cours/bénéfice inférieur, et donc à obtenir une performance plus élevée.

Il en va de même pour les obligations à haut rendement puisque, dans ce cas, des primes de risque encore plus élevées sont exigées lors de l’achat de sociétés privées non cotées en Bourse. Ce genre d’opération s’effectue le plus souvent par l’intermédiaire de fonds gérés par des professionnels, qui ont des durées fixes de 10 ans ou davantage. « En d’autres termes, les investisseurs ont une capacité limitée à récupérer leur argent avant l’échéance du fonds, du moins sans avoir à payer une pénalité.

COMMENT TIRER PARTI D’UNE SITUATION D’ILLIQUIDITÉ

La croissance du capital-investissement et de l’endettement constitue « une caractéristique déterminante de ce cycle de marché », explique par ailleurs Tom Bradley, qui note que « les institutions n’ont jusqu’à présent jamais cessé d’augmenter leurs participations » dans ce secteur, au point que « même les investisseurs individuels entrent désormais en action ». En effet, constate-t-il, la prolifération des produits de type fonds communs de placement suscite des inquiétudes quant au fait que des fonds liquides investissent de plus en plus dans des actifs non liquides.

Un phénomène que l’un des dirigeants de la société britannique Latitude Investment Management expliquait récemment de la façon suivante : « Le manque de liquidité est un risque qui a été mal évalué au cours des 10 dernières années, car les programmes d’assouplissement quantitatif ont inondé les systèmes financiers de liquidités, tandis que les régulateurs ont permis aux fonds d’effectuer des “décalages de liquidité” dans leur portefeuille. »

« Si les investisseurs veulent profiter du risque lié à la possession de liquidité tout en évitant un tel décalage, ils ne peuvent cependant pas se contenter de faire la moitié du chemin et leurs placements doivent donc être véritablement illiquides », recommande Tom Bradley. « Pour investir dans des entreprises privées, des biens immobiliers, des infrastructures, des prêts et des hypothèques, vous devrez fournir à votre gestionnaire de fonds un capital à long terme adéquat. Et veiller à ne pas investir aux côtés d’autres personnes susceptibles de partir à tout moment et de forcer ainsi la vente d’actifs à un moment inopportun », met-il en garde.

Ultime conseil du spécialiste : un investisseur intéressé par ce genre de placement aura avantage à bien cibler les types d’actifs qu’il possédera, puisqu’il les détiendra pour une longue durée, et bien entendu à choisir un (bon) gestionnaire prêt à rester à son poste durant une décennie ou davantage. « En effet, conclut Tom Bradley, la composante temporelle de la formule « risque + temps » est figée. Votre investissement demeurera dans votre portefeuille pour une longue période. »

La rédaction