Pourquoi pas les obligations des pays émergents?

Par Soumis par Investissements Renaissance | 20 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pendant que les obligations de nombreux pays développés offrent des rendements faméliques, c’est dans les pays émergents que se trouvent les bonnes occasions de revenu fixe, explique Robert Abad, spécialiste de produit à Western Asset Management, en Californie.

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« Nous sommes toujours intéressés par le marché à haut rendement américain. Les risques de défaut y ont reculé, particulièrement dans le secteur de l’énergie, et les éléments fondamentaux se sont améliorés dans plusieurs secteurs, comme les services financiers et les technologies. Cela dit, ce marché a connu une si bonne année 2016 que ses prix se sont ajustés en conséquence », dit Robert Abad.

« En Europe, en revanche, les titres à haut rendement sont sous les 3 % et les négociations en cours pour la séparation du Royaume-Uni de l’Union Européenne risquent de provoquer de la volatilité », poursuit-il.

Selon l’expert, c’est vraiment dans les pays émergents que l’on peut trouver aujourd’hui « une combinaison intéressante d’éléments fondamentaux solides et de prix attrayants, autant en dollar américain qu’en devises locales ».

Robert Abad nomme en exemple l’entreprise pétrolière brésilienne Petrobas, qui émet en devise américaine.

« Elle s’est remise de la chute du pétrole dans les dernières années, et a surmonté plusieurs contraintes réglementaires et politiques. Nous considérons qu’elle a un bon profil de dette avec des chances d’amélioration continue. Ses obligations à plus long terme offrent actuellement entre 6 et 7 % de rendement, soit 150 points de base au-dessus de la dette souveraine du pays. »

Du côté des devises locales, Robert Abad a l’œil sur l’Argentine, où les politiques du nouveau président Mauricio Macri « ont revitalisé l’économie et restauré l’accès aux marchés de capitaux du pays après 15 ans d’absence », selon lui.

« L’Argentine accueille désormais les investisseurs étrangers en titres à revenu. Ses obligations locales atteignent des rendements supérieurs à 16 %. Bien que la faiblesse de la devise soit un risque, les investisseurs devraient profiter de ces titres alors que les taux d’intérêt locaux baissent à la faveur d’une tendance déflationniste. »

« Il y a plus d’avantages que d’inconvénients lorsqu’on investit en devise étrangère dans les pays émergents. Il faut bien sûr se montrer sélectif, mais leurs rendements demeurent les plus élevés au monde, pendant que les taux directeurs de la zone euro, du Japon, du Canada et du Royaume-Uni sont sous 1 % », poursuit Robert Abad.

« Les dettes en devise locale des pays émergents ont beaucoup moins de corrélation avec le dollar américain que celles des pays développés. Cela est dû au fait que les pays émergents connaissent des cycles de taux différents. Par exemple, nous nous attendons à voir la croissance américaine plafonner autour de 2 % pendant que la Fed continue de normaliser ses taux, ce qui créera une pression à la hausse sur les rendements obligataires; mais pendant ce temps, un pays comme la Russie est en train de sortir de son cycle de récession provoqué par la chute des prix du pétrole. Le rouble devrait donc poursuivre sa reprise et les taux baisser après leur sommet à 17 % », dit Robert Abad.

Pour lui, l’exposition d’un investisseur aux obligations des pays émergents est un « investissement pur dans leur dette souveraine, avec un meilleur rendement. Cependant, les risques de défaut ou de liquidités sont plus élevés dans la devise locale, et c’est pourquoi il peut être parfois plus avantageux de miser sur les titres en dollars américains. Le peso mexicain ou le réal brésilien ont connu beaucoup de volatilité dans les trois dernières années, en raison d’inquiétudes concernant les risques politiques locaux, la menace d’un ralentissement chinois, et la crainte d’une chute des matières premières. »

L’expert dit avoir été « opportuniste » dans ses récents placements en accroissant l’exposition de son portefeuille à l’Argentine, à la Russie, au Mexique et au Brésil au cours de 2016.

« Nous croyons que la croissance mondiale va continuer à soutenir ces marchés, et jusqu’ici, notre croyance s’est révélée vraie. »

Soumis par Investissements Renaissance