Pourquoi si peu de femmes en finance?

Par La rédaction | 25 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Bien qu’elles soient de plus en plus représentées dans bien des secteurs, les femmes sont toujours peu nombreuses dans celui de l’investissement. Le manque de femmes leaders est un problème qui devrait préoccuper davantage les entreprises, d’autant plus que les recherches démontrent que la diversité des sexes dans les postes décisionnels en investissement est liée à des rendements positifs.

Dans les différentes activités d’investissement telles que les fonds communs, les fonds de couverture, les fonds de capital-investissement, les fonds de capital-risque et la gestion des investissements, les femmes ne contrôlent qu’entre 1 % et 3,5 % de l’actif sous gestion, relève Karen Firestone, présidente et chef de la direction de Aureus Asset Management, une société de gestion d’actif, dans un article du Harvard Business Review.

Il existe peu de données concernant le nombre de femmes qui débutent dans des entreprises, mais les dirigeants de plusieurs grandes entreprises américaines, interrogés par Karen Firestone, estiment que ce nombre s’élève à environ un quart ou un tiers de leurs associés de première année. Cependant, il diminue au fur et à mesure de la progression dans ce type de carrière.

Ainsi seuls 2 % des fonds communs de placement (FCP) sont gérés exclusivement par des femmes gestionnaires de portefeuille. Dans l’univers des fonds de couverture, ce pourcentage monte à 4 %, mais seul 1,5 % de l’actif est sous leur contrôle, ce qui suggère que la taille de leurs fonds serait inférieure à celle des hommes.

COMMENT EXPLIQUER CES CHIFFRES?

Il est évident que plusieurs raisons poussent les femmes à quitter cette carrière entre leur arrivée dans un programme de MBA et leur ascension professionnelle. Karen Firestone a isolé plusieurs raisons qui pourraient expliquer cette délation.

  • Un véritable « boy’s club »

Il s’agit d’une des raisons les plus évoquées. Les femmes se sentiraient exclues de ce milieu où les hommes sont omniprésents.

« J’en suis arrivée au point où je ne pouvais plus supporter le manque total de respect – juste la culture, l’attitude, le fait de ne pas être un des boys », témoigne une femme du milieu dans un article de smart company.

  • Le manque de flexibilité

Une autre raison souvent donnée est la rigidité des entreprises du secteur. Les heures trop peu flexibles, les nombreux déplacements imposés et autres exigences sont souvent prohibitifs pour des femmes qui sont également mères et qui assument encore une grosse partie des responsabilités parentales et de garde des enfants.

PAS DE DIFFÉRENCE DE RENDEMENT

Pourtant, rien ne prouve que les investissements et les fonds gérés par les femmes ont un rendement inférieur à celui des hommes. Au contraire, une étude de la Knight Foundation révèle que pour toutes les catégories d’actif, il n’existe aucune différence statistiquement significative entre la performance de fonds gérés dans des sociétés détenues à plus de 25 % par des femmes et des fonds détenus par d’autres sociétés avec une moins grande présence féminine.

Malgré cela, les chances de pouvoir faire sa place dans l’industrie, même pour les femmes expérimentées, sont plus minces. Il y aurait ainsi un biais implicite de la part des investisseurs, hommes ou femmes, à l’égard des gestionnaires masculins. Les entreprises d’investissement créées par des femmes ont ainsi moins de chances de survie puisqu’il est plus difficile de maintenir la rentabilité avec un actif limité à gérer.

CERTAINES INSTITUTIONS AGISSENT

Certaines institutions tentent de remédier à la situation. C’est par exemple le cas de Goldman Sachs, qui a déclaré qu’elle recruterait dorénavant davantage de femmes et de minorités.

La célèbre banque américaine veut ainsi mettre l’accent sur les femmes dans le recrutement des banquiers, mais aussi dans celui des traders et des analystes chevronnés. Elle s’est également engagée à accélérer et promouvoir la carrière des femmes en rendant son environnement de travail plus inclusif.

La rédaction