Prédictions optimistes pour l’investissement responsable

Par Christine Bouthillier | 30 septembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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De gauche à droite : Jean Philippe Desmartin, directeur de la recherche ESG à Oddo Securities, Antti Savilaakso, directeur de l'investissement responsable et de la gouvernance à Nordea, Stephen Kibsey, vice-président, gestion des risques, marchés boursiers à la Caisse de dépôt, Pernille Jessen, gestionnaire de portefeuille, revenu fixe, à Unipension, Andreas Hoepner, professeur de finance à l'Université de Reading, et Zacharias Sautner, professeur à l'École de gestion et de finance de Francfort. Photo : Christine Bouthillier

Risques diminués, meilleure stabilité, les investisseurs à long terme comme les caisses de retraite ont tout à gagner à s’adonner à l’investissement responsable, croient ses partisans.

« Si tu vois quelque chose que tes concurrents ne voient pas, tu as un avantage », affirme avec conviction Stephen Kibsey, vice-président, Gestion des risques, Marchés boursiers à la Caisse de dépôt.

Avec cinq autres experts, il était de la plénière sur les investissements à long terme et l’importance des facteurs ESG, tenue à Montréal la semaine dernière dans le cadre de la PRI Academic Network conference et à laquelle Conseiller a assisté.

Accroître son pouvoir de prédiction

Pour M. Kibsey, considérer les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance), piliers de l’investissement responsable (IR), permet de prévoir certains problèmes et ainsi de les éviter.

« Surtout dans les marchés émergents, nous considérons des variables qui ne sont généralement pas regardées par le marché. Nous ne sommes pas seulement réactifs », ajoute-t-il.

Il cite en exemple un investissement dans une mine mexicaine, située en terre particulièrement aride. Le problème de l’eau a tôt fait de se manifester. Pourtant, lorsqu’on investit, on prend souvent pour acquis qu’on trouvera de l’eau, avance-t-il.

Si une entreprise se préoccupe des facteurs ESG, on présume qu’elle gère déjà le reste comme il faut, ajoute Rosalie Vendette, conseillère principale en investissement socialement responsable chez Desjardins, en entrevue avec Conseiller.

« L’entreprise est mieux préparée à faire face à ce qui s’en vient », précise-t-elle.

Ainsi, les recherches démontrent que l’IR présente une meilleure stabilité et une meilleure protection du capital, dit-elle.

Rendement égal

Mme Vendette s’emploie aussi à déboulonner le mythe selon lequel il faudrait sacrifier une partie du rendement pour s’adonner à l’IR. À produit similaire, le rendement est comparable, affirme-t-elle.

« Les statistiques le montrent depuis longtemps. Alors, pourquoi s’en priver? », lance-t-elle.

Être activement engagé?

Si certains tenants de l’IR se contentent d’investir dans des entreprises qui suivent les facteurs ESG, d’autres estiment qu’il est possible d’agir sur les firmes pour les inciter à adopter de meilleures pratiques.

« Ce n’est pas juste avec les filtres [critères] qu’on va amener les choses à changer », souligne Rosalie Vendette.

En établissant un dialogue avec les entreprises, il est possible de leur faire part des préoccupations des investisseurs et de mettre de la pression sur elles. Et elles ont tout intérêt à prêter l’oreille, estime l’experte.

« S’il n’y a pas de dialogue, c’est porté aux assemblées des actionnaires et ça devient tout à coup très public », soutient-elle.

Mais il n’est pas toujours facile d’avoir l’attention des gouvernements ou des entreprises, a fait remarquer lors de la plénière Pernille Jessen, gestionnaire de portefeuille, revenu fixe à Unipension. Pour avoir un impact, il faut beaucoup d’investisseurs ou être un joueur majeur, croit-elle.

D’autres croient au contraire que le poids du nombre n’est pas nécessaire. Si les investisseurs possèdent un vaste réseau d’autres investisseurs qu’ils peuvent influencer, ils seront entendus, soutient Mme Vendette.

Les sociétés sont également enclines à suivre leurs pairs, soulignent d’autres.

« Il s’agit donc de cibler certaines entreprises et d’entamer un dialogue, ça aura un effet sur les entreprises similaires qui ne suivent pas les facteurs ESG », estime Zacharias Sautner, professeur à l’École de gestion et de finance de Francfort.

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Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.