Prendre plus de risques pour réduire les coûts?

Par Pierre-Luc Trudel | 13 juillet 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les hauts niveaux de solvabilité enregistrés par les régimes de retraite à l’heure actuelle risquent fort bien de pousser certains promoteurs à réviser leur politique de placement. Et les nouvelles règles introduites par la loi 29 pourraient avoir un impact important sur les portefeuilles des régimes de retraite.

En effet, en vertu de cette loi en vigueur depuis le 1er janvier 2016, les promoteurs de régimes de retraite du secteur privé, n’ont plus à financer les déficits de solvabilité, mais ils doivent en contrepartie verser des cotisations plus importantes qu’auparavant pour constituer une provision de stabilisation. Et la taille de cette provision est intimement liée à la politique de placement, a expliqué ­Jean ­Bergeron, actuaire et associé chez ­Morneau ­Shepell lors du ­Séminaire sur la gestion des caisses de retraite, qui a eu lieu le mois dernier à ­Montréal. « ­Plus un régime est considéré risqué, plus la provision de stabilisation doit être importante », ­a-t-il résumé.

Pour évaluer le niveau de risque d’un régime, ­Retraite ­Québec utilise une grille basée sur deux critères : la proportion de titres à revenu fixe et à revenu variable dans le portefeuille, ainsi que la durée des titres (essentiellement des obligations) par rapport à la durée du passif actuariel du régime. En résumé, plus un régime contient de titres à revenu fixe et plus leur durée est près du passif actuariel, plus la provision de stabilisation pourra être petite. « ­Généralement, elle se situe entre 12 et 15 % pour la majorité des régimes », indique ­Jean ­Bergeron.

DES CONCLUSIONS ÉTONNANTES

En analysant plus soigneusement la grille, on en arrive cependant à des conclusions étonnantes. « ­En théorie, on peut réduire les coûts du régime en prenant des risques plus importants. Avoir une répartition plus importante en titres variables fait augmenter le rendement attendu et, par le fait même, diminuer le coût du régime, et ce, malgré une provision de stabilisation plus grande », observe l’actuaire.

Plusieurs stratégies de placement pourraient donc découler de l’analyse de cette grille, par exemple un allongement de la durée du portefeuille en troquant des obligations univers pour des obligations à long terme, ou encore l’ajout d’immobilier ou d’infrastructure au portefeuille, puisque ­Retraite ­Québec considère ces catégories comme du revenu fixe à hauteur de 50 % dans sa grille.

Richard ­Bourget, associé principal chez ­Normandin ­Beaudry, appelle tout de même à la prudence. « ­Est-ce que le fait de se servir de la grille pour cotiser moins à court terme va faire en sorte qu’un promoteur va cotiser moins à long terme ? ­Je suis convaincu que non. Oui, certaines stratégies de placement vont changer, mais l’important est de prendre des décisions dans une optique de long terme. »

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Pierre-Luc Trudel