Préparer son plan d’action

Par Jean Dupriez | 19 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Premier pas :

Clarifions notre situation personnelle : sommes-nous en phase d’accumulation d’épargne pour une retraite éloignée ou bien sommes-nous en phase de décaissement car nous sommes déjà retraités?

En d’autres termes, sommes-nous âgés de moins de 60 ans ou bien de plus de 65 ans? Entre ces deux âges, il y a une petite zone grise intermédiaire qui trouvera sa solution plus loin.

Petite note : depuis une cinquantaine d’années, notre espérance de vie s’est substantiellement allongée. Prendre comme points de repères 65 et 70 ans au lieu de 60 et 65 sera prudent.

Pour la suite de la construction de ce portefeuille de retraite, nous poserons comme donnée de départ, à titre d’exemple, que notre âge est 45 ans.

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Deuxième pas :

Clarifions notre objectif!

Nous disposons d’une somme à investir dans un grand choix de produits financiers. Nous pouvons la réserver pour notre retraite ou pour un achat de maison ou pour un voyage ou pour …? À quoi cette somme va-t-elle servir? Définissons-le clairement. Nous pourrions avoir 5 000 $ pour notre retraite et un autre 5 000 $ pour l’achat d’une maison; nos choix et nos décisions d’investissements seront différents.

Exemple de départ : nous avons 45 ans et choisissons de placer ces 5 000 $ pour notre retraite. Nous utiliserons sans doute un REER mais nous devrons encore déterminer comment et dans quoi l’argent sera investi. Rappelons que le REER est une forme d’abri fiscal temporaire et n’est pas un choix d’investissement en soi.

Fixons notre choix d’objectif. Pour notre exemple, c’est Retraite!

Troisième pas :

Choisirons-nous de la croissance ou du revenu?

Chercherons-nous à voir notre portefeuille de placement augmenter en valeur sans souci de variations irrégulières et parfois brusques ou bien chercherons-nous à en retirer des revenus réguliers (intérêts et dividendes) avec peu ou pas de variations?

Ce choix aura sans doute un lien avec notre âge mais pas nécessairement. Ce n’est pas parce que nous avons dépassé l’âge de 65 ou 70 ans que nous sommes à la retraite ou inactifs.

Si nous avons plus de 65 ans, peut-être bénéficions-nous d’une jolie rente de retraite et souhaitons-nous arrondir notre capital?

Même si nous sommes retraités et que nous commençons à « consommer » notre capital accumulé, soyons conscients de la durée presque infinie de notre retraite.

La durée de nos placements de retraite doit correspondre à la durée probable de notre vie individuelle. C’est dire aussi qu’il faut tenir compte de l’inflation qui profite aux propriétaires mais pas aux créanciers, aux actionnaires et pas aux détenteurs d’obligations.

Quatrième pas :

Pour combien de temps allons-nous placer cet argent?

Dans le jargon financier, quel est notre horizon de placement?

  • Si c’est pour faire un voyage l’an prochain, laissons-le à la banque dans un compte d’épargne.
  • Si c’est pour acheter une maison dans 5 ans, des obligations à court terme (peu fluctuantes) pourraient, pour un temps limité, faire l’affaire.
  • Si c’est pour les études du fiston dans 10 ans, une répartition entre actions et obligations devrait être intéressante. Cette répartition devra être révisée en fonction de l’âge du fiston.
  • Si c’est pour notre retraite qui commencera dans 20 ans, les actions devraient avoir la priorité.

Si nous sommes à la retraite, il sera bon de diviser notre capital en « tranches ».

  • Chaque tranche aura une durée différente : une première tranche devra consister en placements très stables car nous devrons les retirer dans les 3 prochaines années (court terme). Le taux de rendement sera peu important car la période sera courte.
  • Une seconde tranche de placements (moyen terme) pour la période de 3 à 8 années pourra être légèrement fluctuante en échange d’un rendement un peu moins faible.
  • La troisième période (long terme) exigera des placements dont rendement primera sur les fluctuations intermédiaires.

Cette question est vraiment capitale.

Petite note : à la retraite, une révision annuelle sera utile pour planifier les décaissements et les rééquilibrages du portefeuille, en fonction des fluctuations boursières. Avant la retraite, une révision tous les 3 ou 5 ans devrait être suffisante car il n’y a pas de décaissement.

Cinquième pas :

Quelles sont nos connaissances en matière d’investissement?

Sommes-nous ignorants ou savants? Notre cerveau financier est-il vide, à moitié plein, tout à fait plein? Ou bien sommes-nous un savant expert en finances?

À quelle hauteur pouvons-nous nous situer dans l’échelle des connaissances et du vécu utilisée par la plupart des conseillers financiers?

Voici cette échelle :

  • F : Faible : je n’y connais rien… et je n’ai pas envie d’y connaître quelque chose.
  • M: Moyen : cela m’intéresse et je fais un effort d’étude.
  • B: Bon : j’ai acquis de l’expérience grâce à la crise boursière d’octobre 2008 (ou d’une autre) dont je suis sorti vainqueur par ma patience et ma discipline.
  • S: Sophistiqué : en plus de tout ce qui précède, j’ai étudié les produits dérivés et risqués et j’ai été capable d’assumer les risques et d’accepter mes pertes (occasionnellement)!

Évaluons-nous donc sans orgueil ni modestie excessifs… en toute objectivité.

Rappelons-nous que notre apprentissage durera toute notre vie… tout simplement.

Répartition d’actif professionnelle calculée

Ces cinq premiers pas nous conduisent à une excellente répartition d’actif.

Un petit calcul :

À 45 ans, notre capital retraite pourrait ou devrait avoir atteint 100 000 $.

Si nous le plaçons en obligations pour les 20 ans qui nous séparent de la retraite, il devrait nous rapporter environ du 3 % pour atteindre 180 000 $ avec une fluctuation faible à moyenne.

Si nous le plaçons en actions pour ces 20 mêmes années, il devrait nous rapporter du 7 % et atteindre 387 000 $ soit 115 % de plus mais avec des fluctuations plus substantielles.

Bien sûr, selon la qualité de notre gestion, avec l’aide ou sans l’aide d’un conseiller financier, les résultats pourront être meilleurs ou moins bons. Notons que, même si la dernière année de ces 20 ans, la bourse chutait de 20 %, nous aurions encore un capital de 310 000 $ soit 72 % de plus que le 180 000 $ générés par les obligations.

Notre répartition d’actif, froidement et professionnellement calculée, devrait donc être de 100% en actions, si ce capital est exclusivement destiné à financer notre retraite dans plus de 8 ans.

Mais nous ne sommes pas faits que de « réflexion » froide, c’est donc le moment de se remémorer les notions de tolérance aux risques et de fluctuations.


Jean_Dupriez_NB_150Jean Dupriez, LL.L., DAE., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.

Cinq main qui placent des roues crantées les unes contre les autres sur un fonds bleu clair.

Jean Dupriez

Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl.fin. (ex Adm.A., ex PFA., ex GPP., ex détenteur de permis en épargne collective, en assurance de personne et en assurance collective), mais heureusement toujours marié avec Françoise depuis 57 années!) possède une formation internationale en Droit (UdeM) ainsi qu’en Financement et Administration d’entreprises (London School of Economics + Louvain). Il est planificateur financier et membre de l’association des MBA du Québec. Après 20 années dans le commerce international au sein de grandes compagnies, son goût pour l’indépendance l’a incité, en 1984, à se lancer dans une seconde carrière, plus sédentaire, dans les services financiers personnels, dont 20 ans associé au Groupe Peak. En juin 2002, il publie «Le classement des documents personnels» et en 2010 «Savoir choisir son conseiller financier». Depuis 2013, dans une semi-retraite active, il se consacre à la création de diverses formations. Vers 2015, il met en ligne sa 3e œuvre : «Comprendre l’investissement», une formation illustrée à la fois technique et comportementale destinée au grand public et aux conseillers financiers. Actuellement, il offre aux conseillers et planificateurs financiers 2 formations en ligne, dûment accréditées de plusieurs UFC (CSF et IQPF) sur le site de Campus finance. Voici le lien pour les atteindre.