Près de 250 Québécois victimes d’une fraude à la Ponzi

Par La rédaction | 21 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Un important réseau de fraudeurs allégués aurait fait plus de deux cents victimes sur la Rive-Sud et en Estrie, rapportait le Journal de Montréal lundi.

Selon son Bureau d’enquête, deux des principaux accusés dans cette affaire auraient entretenu des liens étroits avec des membres du crime organisé.

En 2013, la police a arrêté France-Josée Dancause, 52 ans, Alain Péloquin, 51 ans, Benoît Sénécal, 60 ans, Sophie Jolicœur, Isabelle Cantin, 39 ans, et Chantal Goulet, 47 ans. Trois plus tard, ils sont toujours en attente de leur procès.

Les escrocs présumés auraient sollicité des investisseurs potentiels en leur faisant miroiter des rendements astronomiques compris entre 100 % et 220 % obtenus grâce à un soi-disant programme secret de rachat de biens saisis par la Gendarmerie royale du Canada, qui s’est finalement révélé bidon.

Les personnes approchées se faisaient dire que si elles parvenaient à rassembler assez de fonds toutes ensemble, elles pourraient acquérir à un prix imbattable des lots de faillite d’une grande valeur. Parmi les 246 victimes présumées recensées durant l’enquête figurent un avocat fiscaliste montréalais, une dentiste de Longueuil, un policier enquêteur ainsi qu’un comptable, précise le Journal.

Décrite par une source proche du dossier comme étant « structurée et complexe », cette vaste fraude à la Ponzi aurait rapporté à ses auteurs quelque 18 millions de dollars, dont 10 M$ n’ont jamais été retrouvés. Seuls certains montants auraient été remboursés à des investisseurs qui voulaient sortir du « programme ».

« C’EST UN PROJET D’UNE VIE »

Pour appâter ses futures victimes et continuer à leur soutirer de l’argent sans leur mettre la puce à l’oreille, la bande leur aurait envoyé notamment des courriels encourageants : « La fin de l’aventure approche, merci de votre confiance »; « Nous allons mettre un terme à ces projets dans le positif […] je vous le jure »; ou encore « La conclusion est imminente, félicitations à tous et merci pour […] votre confiance tout au long de ce projet. Nous prévoyons une rencontre mutuelle lorsque tout sera terminé, ce sera un gros party ».

Histoire d’enfoncer le clou, les fraudeurs allégués n’auraient pas hésité pas à en rajouter, quitte à éveiller les soupçons : « L’entente avec le gouvernement est inchangée, elle est coulée dans le béton »; « C’est un projet d’une vie, ça ne passera pas une autre fois »; ou « Il est important que l’Autorité des marchés financiers n’intercepte aucun remboursement, car, contrairement à ce que vous pensez, l’AMF n’est pas là pour vous aider ».

Selon la police, la prétendue « personne-ressource au sein du gouvernement » mise de l’avant par les accusés pour mettre leurs victimes en confiance, un certain Jean-Pierre Le Roy, n’aurait jamais existé et la signature qui était censée être la sienne serait fausse.

ACTEUR CLÉ DISPARU DEPUIS 2012

Le réseau aurait tiré sa force de son association avec d’authentiques professionnels de la loi, dont une notaire, Sophie Jolicœur, et un avocat, Jean-Marc Lavallée, chez qui les versements auraient eu lieu. Toutefois, il sera sans doute difficile d’éclaircir totalement cette affaire, car ce dernier, qui aurait joué un rôle pivot dans l’arnaque, a disparu en 2012, explique le Journal.

La Sûreté du Québec a publié un avis de recherche en 2013, mais sa famille et ses proches sont sans nouvelles de lui depuis quatre ans. « Soit il a réussi à fuir le pays, soit il s’est fait tuer pour obtenir son silence », a indiqué au quotidien montréalais « une source au fait du dossier ».

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