Président de Desjardins par hasard (ou presque)

Par Alizée Calza | 3 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une photo portrait de Guy Cormier
Guy Cormier

Malgré sa fierté d’être président de Desjardins, Guy Cormier avoue qu’il n’imaginait pas accéder si jeune à ce poste. C’est toute une série d’événements qui l’ont finalement poussé à proposer sa candidature en 2016. Il en a révélé un peu plus sur son parcours lors d’une conférence organisée par HEC Montréal mercredi.

« On se demande parfois s’il faut tout planifier dans une carrière. Pourtant, celle-ci est constituée de beaucoup de hasards : être au bon endroit, au bon moment, connaître les bonnes personnes qui, à un moment donné dans leur vie, se disent qu’on est l’individu qu’il leur faut », estime Guy Cormier.

S’il avait de l’ambition de devenir un jour directeur d’une institution financière, Guy Cormier n’a pas tracé son parcours dans cet objectif. Il s’est laissé porter par les éléments de la vie et les occasions qu’on lui offrait.

« Si vous m’aviez demandé si je voulais être président de Desjardins à la fin de mon baccalauréat, de mon MBA ou en 2012, j’aurais dit non. J’étais ambitieux, mais je ne savais pas ce que j’allais faire », avoue-t-il.

LE HOCKEY COMME INSPIRATION

Issu d’une mère couturière et d’un père électricien, Guy Cormier a très vite compris les vertus du travail et a obtenu son premier emploi vers l’âge de 14 ans. Ses parents eux-mêmes travaillaient beaucoup et il voulait les imiter, pas « dans le souci d’avoir de l’argent et d’être indépendant financièrement », mais par « désir de se prendre en main ».

« Assez rapidement je me suis dit qu’il ne fallait pas que je dépende des autres. Vaut mieux compter sur soi-même pour réussir. »

De 18 à 21 ans, Guy Cormier s’est inspiré des livres de croissance personnelle et des biographies, y apprenant à aborder la vie positivement. Guy Lafleur était pour lui un exemple à suivre.

« Je suis un maniaque de hockey : je compare tout ce qui concerne la gestion à ce sport. Tout peut s’expliquer à travers le hockey. Et Guy Lafleur était ma grande idole par son style, son charisme, son énergie, par ce qu’il représentait », confie-t-il.

Après le cégep, M. Cormier hésitait entre deux universités. Mais il savait déjà qu’il voulait se lancer dans la finance. Il s’est ainsi inscrit à HEC Montréal et à l’Université de Montréal en droit, afin de devenir avocat en droit des affaires.

Il a finalement opté pour HEC pour son programme comportant une première année de tronc commun.

« Je pense que c’est une grande force, ça permet de butiner un peu pour trouver ce que l’on aime vraiment », explique le président de Desjardins.

Guy Cormier a gardé un excellent souvenir de ses années de baccalauréat. Il est d’ailleurs revenu plus tard à HEC Montréal pour réaliser une maîtrise, puis comme chargé de cours.

SES DÉBUTS CHEZ DESJARDINS

En 1992, en pleine récession, Guy Cormier a accepté un premier emploi chez Desjardins : celui de caissier.

« Après trois ans à HEC Montréal, tu penses que tu vas sortir de l’université en grand, et là tu te retrouves dans une période où il est difficile de dénicher un emploi au Québec. On m’a offert cette occasion. Ça m’a appris l’humilité, à rester confiant et positif et ça m’a rappelé que tous les métiers sont importants », raconte-t-il.

Après trois ans dans ce domaine, il a réalisé que la gestion l’attirait davantage. Il a donc pris la décision difficile de quitter son emploi permanent à Saint-Jean-sur-Richelieu pour intégrer une équipe mobile à Montréal, toujours chez Desjardins, ce qui lui a permis de se rapprocher de ce secteur d’activité.

« Je ne restais donc que quelques mois dans un même poste. Ça me permettait d’apprendre d’autres choses. Chaque fois, je me retrouvais avec de nouveaux collègues, de nouveaux clients, à devoir performer immédiatement. Ça me sortait de ma zone de confort », se rappelle-t-il.

Il a finalement décidé de retourner sur les bancs d’école faire une maîtrise à HEC Montréal. Puis, muni de son curriculum vitae, il a cogné à la porte de vice-présidents qu’il ne connaissait pas pour être embauché, ce qui l’a mené à être nommé directeur général d’une caisse de l’ouest de Montréal à 32 ans.

À partir de ce moment, Guy Cormier a toujours été le plus jeune, une bonne façon selon lui de ne jamais prendre les gens de haut et de se rappeler qu’on a besoin des autres et de leur expérience. Déjà formé dans le moule de la gestion participative, il a décidé d’embrasser ce modèle.

« Être toujours le plus jeune fait que tu ne peux pas arriver sûr de toi et dire que tu sais tout. On m’a prédisposé à la gestion participative dans ma formation universitaire, mais aussi dans mon milieu de travail, où j’étais toujours entouré de personnes plus âgées et expérimentées que moi. Ces gens-là ont toujours été mis à contribution dans la recherche de solutions. Je leur soulignais que j’avais besoin d’eux. »

En 2009, Monique F. Leroux l’a contacté pour lui offrir le poste de vice-président Finances, Réseau des caisses. Alors que ce n’était pas du tout à son plan de match, il accepte.

Si cela se révèle une période stressante, il s’agit surtout d’un beau tremplin qui l’a conduit à entrer au comité de direction de Desjardins en 2012, puis à devenir président en 2016.

DES CONSEILS POUR LA RELÈVE

Guy Cormier place beaucoup d’espoir dans la relève, qui possède selon lui de nombreuses compétences : les jeunes sont bilingues, ouverts sur le monde, ont un bon niveau d’éducation et connaissent bien la technologie. Il a profité de la conférence pour leur prodiguer ces quelques conseils.

« Il y a beaucoup de pression sur notre jeunesse, comme si elle allait régler tous les problèmes du monde. Ne prenez pas tout sur vos épaules, laissez-en un peu pour les autres! À un moment donné, faites confiance à la vie. Commencez par faire le travail pour lequel vous êtes payé avant de penser au futur. »

Prenant son parcours en exemple, Guy Cormier enjoint les jeunes à saisir les occasions qui se présentent. « Si je ne l’avais pas fait, je ne serais sûrement pas président parce que je n’aurais peut-être pas voulu sortir de ma zone de confort. »

Finalement, il leur conseille de travailler pour une entreprise qui les inspire. Lui-même dit aimer profondément Desjardins pour tout ce qu’elle rend à la communauté.

« Trouvez le moyen de trouver un sens à ce que vous faites, d’être passionné parce que moi, ça m’a fait passer à travers beaucoup de défis et de moments difficiles. »

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.