Profil d’investisseur : les banques devraient améliorer leur processus

Par La rédaction | 19 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pour les banques, le « profilage » demeure une étape incontournable pour bien cerner la tolérance au risque des clients. Toutefois, les méthodes qu’elles emploient aujourd’hui ne sont guère efficaces.

C’est ce qu’estiment Ariel Cecchi et Sylvain Frochaux, respectivement chercheur à la London School of Economics et maître d’enseignement à la Haute École d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, en Suisse, dans une chronique publiée par le quotidien suisse Le Temps.

Les deux spécialistes rappellent que cette analyse « des capacités matérielles, mais aussi psychologiques, à subir de possibles pertes d’argent » permet aux institutions financières d’offrir des produits mieux adaptés aux besoins de leur clientèle. Elle concerne aussi bien les crédits, les hypothèques et les portefeuilles d’investissement que les planifications en matière de retraite et les comptes d’épargne, et dépend de facteurs subjectifs comme les connaissances financières, la personnalité ou encore le niveau d’éducation.

LES TESTS ACTUELS SONT INADAPTÉS

La méthode traditionnelle des questionnaires ne permet pas aujourd’hui de restituer toute la complexité de cette démarche, soulignent les chercheurs. Ces formulaires expliquent « à peine 15 % de la réelle tolérance au risque des investisseurs », indique une récente étude effectuée par un membre du CFA Institute. Un constat auquel avait déjà abouti la Financial Conduct Authority, l’organisme de réglementation financière du Royaume-Uni.

Une analyse réalisée en 2011 a testé plusieurs de ces questionnaires, ainsi que 11 outils classiques de profilage du risque. Verdict : aucun des questionnaires et neuf outils classiques sur 11 ne fournissaient pas de résultats fiables ou exploitables. Ce mauvais résultat est dû à « une compréhension inadéquate des composantes du risque », « des scénarios hypothétiques ou difficiles à concevoir », « des méthodes inadaptées à l’environnement actuel », « un calcul trop simpliste » et à « la complexité même des questions », selon Ariel Cecchi et Sylvain Frochaux.

Malgré tout, s’étonnent les deux chercheurs, « la grande majorité des institutions financières continue à faire remplir des questionnaires statiques, souvent sur format papier, avec des tests psychométriques datant de plusieurs décennies ». Et la tolérance au risque du client est alors « représentée par un simple chiffre résultant de l’addition des points donnés à chaque question », ce qui leur paraît pour le moins insuffisant.

DE NOUVELLES MÉTHODES EXISTENT DÉJÀ

Pourtant, insistent-ils, il existe aujourd’hui de nouveaux logiciels de profilage basés sur des algorithmes, le big data et l’apprentissage par la machine (machine learning), qui intègrent de manière plus efficace « la pluralité des aspects émotionnels, cognitifs, éducatifs, personnels et sociaux associés à la psychologie du risque ». Ceux-ci « combinent notamment des tests psychométriques, des graphiques interactifs de performance ou d’exercices de jeux d’argent », expliquent-ils, précisant que certaines banques, comme Barclays au Royaume-Uni, ont déjà recours à ces nouvelles techniques.

« À l’avenir, les questionnaires ne seront même plus d’actualité. La banque se tournera plutôt vers votre historique de revenus, de dépenses, de retraits et d’utilisation de votre carte de crédit pour déterminer votre tolérance au risque », soutiennent Ariel Cecchi et Sylvain Frochaux, qui prévoient que cette « révolution » se concrétisera au cours « des prochaines années ».

En croisant les données financières, démographiques et psychologiques de ses clients, une institution financière pourra alors « cartographier » avec précision leur rapport à l’argent. « Elle pourra ainsi adapter rapidement les services qu’elle vous proposera. Par exemple, si vos revenus augmentent significativement ou, à l’inverse, si l’algorithme détecte que vous avez un nouvel enfant, votre banque pourra vous conseiller de refinancer votre hypothèque avec une planification qui correspondra mieux à votre nouvelle situation », concluent les chercheurs.

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