Puiser tôt dans son REER, une solution lourde de conséquences

21 septembre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les dernières données sur l’emploi de Statistique Canada ne sont pas favorables aux personnes de 55 ans et plus. En effet, l’agence fédérale note une recrudescence du chômage dans ce groupe d’âge, particulièrement chez les femmes, constate Kate Robertson, du site Investopedia.

Une personne dans la mi-cinquantaine qui perd son emploi pourrait songer à prendre sa retraite. En effet, et malgré ce que disent certains observateurs, il n’est pas simple de trouver du travail quand on est rendu à cet âge, à moins d’accepter un boulot de préposé à l’accueil dans un magasin à grande surface. La tentation de tirer sa révérence au marché du travail peut donc être forte.

Or, le fait de partir tôt à la retraite peut avoir des conséquences néfastes sur son épargne-retraite si on ne bénéficie pas d’un régime de retraite d’employeur. Les règles régissant les REER sont assez strictes concernant les retenues à la source. Évidemment, les épargnants qui utilisent leur REER dans le cadre du régime d’accession à la propriété ou du régime d’encouragement à l’éducation permanente y échappent et ne sont pas pénalisées. Mais les autres devront faire face au fisc, explique Kate Robertson.

Ainsi, les résidants du Québec qui retirent 5 000 $ de leur REER verront l’institution financière retenir 21 % de la somme en tant que retenue à la source. Si le retrait se chiffre à 15 000 $, par exemple, ce sera 26 %. La facture est donc très élevée, en toutes circonstances.

Kate Robertson ajoute que ce genre d’opération prématurée comporte un piège sournois. En effet, contrairement aux CELI, les montants retirés des REER ne font pas augmenter le plafond des contributions des années subséquentes. « Vous perdez cet espace de cotisation », dit la chroniqueuse.

Les conséquences de la conversion en FERR Pour éviter ces désagréments coûteux, la solution logique consiste à convertir un REER en FERR. Mais, ici aussi, les conséquences peuvent être lourdes. Prenons le cas de Marie, 52 ans, qui vient de perdre son emploi. Avec son REER de 200 000 $, elle croit être en mesure de prendre sa retraite. Si elle transforme son REER en FERR, elle recevra environ 440 $ par mois. Cette somme est imposable.

Si elle attend à 65 ans pour convertir son REER, elle touchera alors 666 $ par mois, soit quelque 230 $ de plus par mois pour boucler son budget. Kate Robertson ajoute que son calcul est élémentaire, qui ne tient pas compte des revenus de placement qui auraient été réinvestis dans le REER de Marie durant 13 ans, soit entre 52 et 65 ans.

En transformant prématurément son REER en FERR, Marie se prive de l’un des principaux atouts des REER : l’accumulation des revenus de placement à l’abri de l’impôt. Kate Robertson utilise la « règle de 72 » pour étayer sa démonstration. Cette règle indique combien d’années sont nécessaires pour faire doubler la valeur d’un placement, en fonction de divers taux de rendement.

Par exemple, si Marie obtient un rendement de 8 % par année sur ses investissements et qu’elle n’y touche pas, elle aura doublé son épargne-retraite au bout de neuf ans, soit lorsqu’elle aura 61 ans. « Elle sera alors en bien meilleure situation pour prendre sa retraite », souligne Kate Robertson.

Conclusion : piger dans un REER sans bonne raison est un exercice risqué du point de vue financier. Avant de recourir à cette solution, les épargnants doivent mesurer correctement l’impact (négatif) qu’entraînera leur décision. De tous les choix disponibles, c’est assurément l’un des moins bons, dit Kate Robertson.