Quand banques et fintechs deviennent partenaires

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 20 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À l’occasion du Sommet canadien fintechs 2.0, qui avait lieu à Toronto mardi et mercredi, les grandes banques du Canada étaient invitées à venir expliquer en quoi elles pourraient être des partenaires de choix pour le secteur des technologies financières. Parmi celles qui ont répondu à cet appel, la Banque Nationale.

« Nous étions quatre, explique son premier vice-président canaux numériques et stratégie P&C, Lionel Pimpin. En face de nous, une quarantaine de fintechs et nous avions dix minutes pour pitcher notre stratégie en matière de collaboration avec les fintechs. »

L’évènement, organisé par la Banque de développement du Canada (BDC), avait pour objectif de mettre en lumière les dernières tendances et technologies développées par les fintechs. Parce que celles-ci ne se résument plus à la numérisation des produits financiers déjà existants, mais en sont plutôt à innover pour développer des solutions dans les domaines de l’intelligence artificielle, des marchés des capitaux, du financement, de la comptabilité, des paiements, etc.

Autant de services que certaines banques souhaitent développer à l’interne, mais que d’autres préfèrent externaliser, au moins en partie. C’est le cas à la Banque Nationale, qui a de ce fait développé une stratégie lui permettant de monter des partenariats avec les firmes de technologie financière. Une vingtaine de contrats, de plus ou moins grande envergure, ont été signés ces dix-huit derniers mois.

DIALOGUER EFFICACEMENT

Mais faire travailler une grande banque avec des fintechs ne va pas de soi tant les structures et les besoins sont divergents. Il y a d’un côté, une institution tentaculaire au sein de laquelle il est difficile de prendre une décision rapidement, et de l’autre, des toutes petites entreprises flexibles, mais fragiles.

« Nous devons mettre en place un écosystème qui nous permette de dialoguer efficacement avec les fintechs, confirme M. Pimpin. Ces entreprises ont peu de ressources à la fois financières et humaines. Elles n’ont pas de temps à perdre. »

La Banque Nationale a par exemple mis en place un point de contact unique permettant aux fintechs de savoir à quelle porte frapper. Elle a également rendu publique sa stratégie numérique pour leur permettre de développer des produits répondants spécifiquement à ses besoins. Elle s’engage par ailleurs à répondre à toute proposition dans les deux à trois semaines et, le cas échéant, à signer un contrat en deux à trois mois.

« Au-delà des projets qu’elles ont à nous proposer, nous pensons également qu’il faut les aider dans leur phase d’incubation, indique le premier vice-président. Entre le moment où elles ont une bonne idée et le moment où elles signent un contrat, ça peut être long, parfois trop long pour que l’idée ne devienne finalement un produit. Nous croyons que nous devons avoir ce rôle social de les accompagner. »

CONCURRENCE ENTRE LES BANQUES

Il est donc loin le temps où les banques regardaient les fintechs de travers. Aujourd’hui, elles jouent des coudes pour attirer à elles les plus innovantes. Toutes n’y mettent pas la même énergie. Certaines sont plus traditionnelles et préfèrent tout construire de l’intérieur, d’autres demeurent encore trop longues à s’adapter pour que cela soit viable pour les fintechs.

« Mais il y a une certaine concurrence entre nous, c’est certain, confie Lionel Pimpin. Nous avons toutes les même objectif, celui de devenir la meilleure banque pour servir la clientèle de demain. Les fintechs peuvent nous y aider. »

Servir une clientèle qui voudra être à la fois sur tout type de canaux et en succursale.

« Cette capacité à travailler main dans la main, ce n’est pas complètement naturel, conclut M. Pimpin. À la Banque nationale, cela fait trois ans que nous avons enclenché le processus, alors nous avons gagné en souplesse et en flexibilité. Il faut ancrer cette volonté d’ouverture et d’ajustement. Il est certain que nous serons encore meilleurs dans six mois. »

Hélène Roulot-Ganzmann