Quand une gourou de la finance bascule

Par La rédaction | 31 janvier 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Katarzyna Białasiewicz / 123RF

Au moment où Brianna Bell commence à faire sa marque comme experte des finances personnelles, sa vie personnelle dérape, entraînant avec elle son budget. La solution à ses problèmes ne résidait pas dans une quelconque stratégie financière, mais dans le rétablissement de sa santé mentale. 

Dans un texte brutalement honnête, publié d’abord sur Narratively, puis repris par The Guardian, Brianna Bell explique que sa vie personnelle a commencé à basculer en mars 2015, juste au moment où sa vie professionnelle prenait son envol.

À ce moment-là, son mari, ses enfants et elle avaient troqué leur maison pour un appartement dans un sous-sol, ce qui leur permettait d’épargner environ 600 dollars par mois. Parents de deux enfants, ils géraient frugalement leur budget, se contentaient d’une seule voiture bon marché et recherchaient les rabais pour tout, des vêtements jusqu’aux jouets et aux meubles. Le revenu familial s’élevait environ à un mince 41 000 dollars et ils arrivaient pourtant à investir dans de l’épargne-retraite. Ils avaient aussi amassé un fonds d’urgence.

DEVENIR UN MODÈLE

Brianna Belle tentait de s’établir comme journaliste indépendante et souhaitait publier des articles sur son expérience de simplicité volontaire. Le résultat dépasse ses attentes lorsque Rob Carrick, célèbre chroniqueur du Globe and Mail, fait une entrevue avec elle et publie un article élogieux pour célébrer sa capacité à gérer ses finances. Assez rapidement, sa popularité grandit et elle commence à faire sa marque comme gourou de la finance personnelle.

DRAME PERSONNEL

Ironiquement, c’est exactement à ce moment que sa vie et ses finances ont dérapé. Le jour de sa première entrevue avec le Globe and Mail, elle apprend le décès soudain de l’un de ses frères quelques minutes à peine avant de s’entretenir avec le journaliste. Une double vie débute alors.

D’un côté, elle multiplie les apparitions médiatiques, affichant même un sourire épanoui pour les photographes qui viennent immortaliser sa petite famille. En même temps, elle vit très difficilement un deuil qu’elle ignore comment affronter et se perd dans de longues heures de travail.

Elle manque alors de temps pour gérer ses propres finances, gonflées par son nouveau succès. Le premier signal d’alarme survient lorsqu’elle constate que son mari et elle sont endettés de 3 000 dollars. Rien d’insurmontable, mais un signe clair que quelque chose ne va pas. Surtout quand on se présente à tous comme une experte des finances personnelles dépourvues de dettes et en chemin vers l’indépendance financière. 

LES DETTES SE CREUSENT

Elle essaie plusieurs des trucs qu’elle a elle-même mis de l’avant dans ses écrits pour améliorer ses finances, mais rien n’y fait. Devant cet échec, sa santé mentale se détériore un peu plus. Elle ne peut plus supporter le petit appartement qu’elle habite, devient anxieuse et continue de nier que le deuil qu’elle vit a peut-être un impact plus grave sur elle qu’elle ne le croyait. 

Le couple finit par déménager dans une maison, encaissant du même coût une nouvelle hausse importante de ses dépenses. Trois ans après ce jour fatidique où sa carrière était lancée – au moment même où elle perdait son frère –, elle constate que sa marge de crédit est dans le rouge de plus de 10 000 dollars. Elle est diagnostiquée d’une dépression alors qu’elle était enceinte de son troisième enfant. Les dépenses pour la famille, la voiture ou le travail continuent de s’accumuler, et elle, de s’enfoncer.

S’OCCUPER DE SOI

Cela perdure jusqu’à ce que son mari lui dise un beau jour que son problème, ce n’était pas ses dettes, mais sa santé mentale. Qu’elle devait s’occuper d’elle-même, plutôt que de ses finances.

En consultant un psychiatre, elle est diagnostiquée de troubles post-traumatiques, de dépression, de trouble panique et d’agoraphobie. Elle commence alors à creuser les malaises qu’elle cachait avec sa vie professionnelle. Elle affronte le deuil de son frère plus directement. Surtout, elle commence à écrire sur ses troubles de santé mentale et son expérience. Le partage de son expérience l’aide à retrouver un sens à sa vie. Ironiquement, ses écrits sur ce sujet reçoivent un bon accueil et le revenu qu’elle en tire lui permet de rembourser rapidement une grande partie de ses dettes. 

« La réponse à ma crise financière ne se trouvait pas dans un livre sur la gestion du budget ou dans un programme de finances personnelles, conclut-elle; elle était dans la découverte des noms de mes maladies mentales, dans le fait de les dire à voix haute et d’apprendre à vivre avec elles. »

La rédaction