Que pensent les conseillers de l’élection fédérale?

Par La rédaction | 23 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Micro tenu par un homme d'affaires.
Photo : twinsterphoto / 123RF

Les réactions des conseillers aux résultats de l’élection fédérale reflètent une certaine division. Dans le Canada atlantique, où la majorité de la carte est libérale, les conseillers sont optimistes. Dans l’Ouest, où le #Wexit a fait son apparition, démontrant une volonté d’indépendantisme, les sentiments sont plus mitigés, révèle un article récent d’Advisor’s Edge.

Du côté atlantique, les conseillers sont optimistes quant à l’idée d’un gouvernement minoritaire. Selon eux, cela mènera à une plus grande collaboration entre les partis à la Chambre des communes.

« Cela signifie qu’ils doivent travailler ensemble et qu’ils devront peut-être faire passer les Canadiens en premier plutôt que la politique pour que le gouvernement puisse continuer à travailler pendant un certain temps », a déclaré Blair Corkum, un planificateur financier à honoraires qui dirige Blair Corkum Financial Planning à Charlottetown, à Advisor’s Edge.

« Les libéraux et le Nouveau Parti démocratique (NPD) semblent s’aligner du moins du point de vue social », confirme Emily Rae, conseillère principale en planification financière chez Assante Capital Management à Halifax.

Du côté de l’Ouest canadien, la perspective d’un partenariat entre les deux partis est moins bien accueillie. Ce côté-ci du pays se sent quelque peu exclu du reste du Canada, notamment à cause des nombreuses pertes d’emploi depuis 2015.

Brad Brain, gestionnaire de portefeuille chez Aligned Capital Partners Inc. à Fort Saint John (Colombie-Britannique), affirme ainsi ne pas espérer qu’un gouvernement libéral exclu dans une grande partie de l’Ouest accordera la priorité aux économies occidentales en difficulté.

Marie DeLauretis, planificatrice financière chez DeLauretis Wealth Management à Calgary, a affirmé que les Calgariens sont également sceptiques au sujet des libéraux. Elle craint notamment que le gouvernement libéral appuie le NPD et prenne des mesures pour augmenter les taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital et introduise l’impôt successoral au niveau fédéral comme il l’a laissé entendre. Les conseillers devront travailler fort « pour augmenter les taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital et introduire l’impôt successoral au niveau fédéral pour tenir ses promesses », a-t-elle ajouté.

« Ce sont des mesures risquées politiquement. C’est envisageable pour un gouvernement majoritaire, mais certainement pas pour un gouvernement en position de faiblesse comme le nouveau gouvernement Trudeau », rétorque toutefois Fabien Major, conseiller en épargne collective pour Major Gestion Privée.

PAS D’ALLÉGEMENT FISCAL POUR LES PETITES ENTREPRISES

Pendant leur campagne, les conservateurs avaient promis d’abroger les nouvelles règles des libéraux concernant l’imposition des revenus de placement passifs des petites entreprises et avaient dit qu’ils exempteraient les conjoints de l’impôt sur le revenu fractionné.

Étant donné que les libéraux ont remporté les élections, ces mesures fiscales resteront certainement en place.

Ces taxes ne sont pas considérées d’un bon œil par les professionnels des finances. « Se lancer en affaires est périlleux et, pour stimuler l’entrepreneuriat, on ne peut pas pénaliser ainsi les propriétaires. Le gouvernement Trudeau parle de “juste part d’impôt”… Mais certainement pas de juste part de travail. Lancer son entreprise se fait à coups de sacrifices et parfois à plus de 80 heures par semaine. Accumuler des économies dans un holding peut reporter des impôts, mais pas les annuler. Même si un proprio de PME accumule un million de dollars dans sa compagnie, ça correspond parfois à beaucoup moins que la valeur actualisée d’une rente garantie à vie d’un salarié dans certains corps de métier et professions », note ainsi Fabien Major

Emily Rae espère toutefois que les libéraux, en situation minoritaire, ne prennent pas le risque d’introduire de nouvelles modifications fiscales controversées pour les petites entreprises. Le statu quo pourrait se poursuivre au cours des prochaines années.

UNE TAXE POUR LES SUPER RICHES

Beaucoup craignent également la mise en place d’une taxe supplémentaire pour les super riches, soit les personnes dont la fortune dépasserait les 20 millions de dollars. Cette taxe faisait partie des promesses du chef du NPD Jagmeet Singh.

Ce plan est généralement impopulaire dans l’ensemble du pays. Marie DeLauretis estime que les riches sont « injustement attaqués ». « Je crois que beaucoup de gens riches ont travaillé très dur pour atteindre leur richesse, et je pense qu’ils l’ont fait dans le cadre des paramètres juridiques de la loi fiscale », ajoute-t-elle.

« C’est une idée « populaire », mais un peu farfelue. Du vrai clientélisme politique. Les familles et entrepreneurs canadiens qui ont fait leurs fortunes ne l’ont pas volé. Nous avons des taux d’imposition personnels TRÈS élevés. L’impact découragerait un peu plus le démarrage de PME. Surtout dans un pays qui a considérablement assoupli ses règles de fiscalité pour la grande entreprise », ajoute Fabien Major.

Emily Rae tempère toutefois cette opinion en soulignant que cela n’affecterait qu’un petit groupe de personne.

La rédaction