Québec baisse les impôts des contribuables

Par La Presse Canadienne | 22 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un surplus non négligeable de 2,4 milliards de dollars apparu dans les coffres de l’État durant l’année 2016-2017 permet au gouvernement Couillard d’avoir de l’ambition : tout à la fois baisser les impôts, financer un plan de lutte à la pauvreté et réinjecter des centaines de millions dans les réseaux de la santé et de l’éducation.

En gros, le surplus engrangé sera redistribué ainsi : environ un milliard de dollars en soulagement fiscal des particuliers, près d’un milliard de dollars en réinvestissements dans les services publics et le reste mis de côté pour les plus démunis de la société.

C’est ce qu’a annoncé mardi le ministre des Finances, Carlos Leitao, en présentant sa mise à jour économique.

La principale clientèle visée par Québec : les familles avec enfants. La clientèle oubliée : les entreprises.

« Je ne me prends pas pour le père Noël », a noté le ministre Leitao, en conférence de presse, en insistant pour dire que si le gouvernement réduisait le fardeau fiscal des Québécois à ce moment-ci, c’était parce qu’il en avait les moyens. Le Québec s’est donné une « solide marge de manœuvre » ces dernières années, a-t-il dit, ce qui lui permet de dépenser, après des années de vaches maigres.

Ces bonnes nouvelles surviennent juste au bon moment pour les libéraux, qui seront réunis en congrès le week-end prochain à Québec, alors que le PLQ a perdu sa première place dans les sondages.

ALLÉGEMENT FISCAL

Les Québécois, qui sont les contribuables les plus taxés au Canada, bénéficieront donc d’un allégement fiscal en 2017, incluant des baisses d’impôts. Pour une famille de la classe moyenne composée de deux adultes (revenu total 88 000 $) et deux enfants, la réduction du fardeau fiscal atteindra 1200 $, en incluant l’abolition de la cotisation santé et l’allocation pour les fournitures scolaires.

Une personne seule ayant un revenu de 44 000 $ verra son fardeau fiscal diminuer de 500 $.

De plus, Québec vient donner un coup de pouce aux parents pour l’achat de fournitures scolaires. Ils recevront 100 $ par année par enfant à compter de juillet 2018. La mesure est rétroactive à 2017 et les parents d’enfants d’âge scolaire recevront un premier chèque en janvier 2018.

Le chèque sera destiné aux fournitures scolaires, mais Québec n’exercera aucun contrôle sur la manière dont les gens vont, dans les faits, dépenser cet argent. Le chèque de 100 $ sera envoyé à tous les parents ayant des enfants d’âge scolaire, qu’ils soient millionnaires ou sans le sou.

Des millions de contribuables (4,2 millions) verront leur taux d’imposition des premiers dollars de revenu gagné passer de 16 à 15 %. La mesure sera rétroactive à janvier 2017.

DES MILLIONS EN SANTÉ ET EN ÉDUCATION

Au cours des six prochaines années, Québec prévoit des investissements additionnels de l’ordre de 630 millions de dollars dans le réseau de la santé, dont 105 millions de dollars cette année. Notamment, les aînés auront droit cette année à 17 millions de dollars et 18 millions de dollars iront aux services de santé mentale. La prévention de la dépendance au cannabis, rendue nécessaire avec la légalisation prochaine du produit, fera aussi partie de ce poste budgétaire.

En éducation, on mettra l’accent sur l’embauche de professionnels. Québec ajoutera 337 millions de dollars sur six ans au réseau, dont 212 seront réservés à l’embauche de 500 professionnels (orthophonistes et orthopédagogues) au secteur primaire. Les services de garde se partageront quant à eux 125 millions de dollars pour améliorer la qualité des services offerts.

DES CRITIQUES

Là où le gouvernement voit de bonnes nouvelles, l’opposition voit plutôt du cynisme et de la partisanerie, à l’approche du prochain rendez-vous électoral en 2018.

Le premier ministre Philippe Couillard « prend véritablement les Québécois pour des idiots. Il insulte l’intelligence des Québécois », selon le porte-parole péquiste en finances, Nicolas Marceau. Cette mise à jour économique s’est transformée selon lui en « déclenchement de la campagne électorale libérale », une campagne financée par les contribuables, qui ont dû subir une réduction des services publics durant des années.

« Le gouvernement donc a choisi d’utiliser la marge de manœuvre qu’il s’est constituée par la souffrance des Québécois, par la négligence des Québécois, pour réduire l’impôt sur le revenu des particuliers. Or, la majorité des Québécois auraient préféré qu’on mette l’argent pour mieux s’occuper de leurs parents, pour mieux s’occuper de leurs enfants, pour mieux s’occuper de nos malades », selon lui.

La Coalition avenir Québec (CAQ) parle d’opportunisme. Car la baisse du fardeau fiscal, « les libéraux ne le font pas par conviction aujourd’hui, ils le font par opportunisme, parce qu’on est à quelques mois des prochaines élections », a jugé le porte-parole, le député François Bonnardel.

« Mon indice de cynisme aujourd’hui est à 100 % », a ajouté le député caquiste, convaincu que le gouvernement ne faisait que remettre aux contribuables une partie des sommes soutirées ces dernières années et coupées dans les services à la population.

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