Québec recule sur le crédit d’impôt pour l’âge

Par La Presse Canadienne | 20 février 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le gouvernement Couillard fait marche arrière devant le tollé suscité par des changements fiscaux qui allaient pénaliser des personnes âgées. Ce faisant, il devra faire une croix sur 38 M$ de revenus potentiels au Trésor.

Après avoir tenu le cap depuis quelques jours malgré des accusations d’insensibilité provenant de l’opposition, le gouvernement mettra en place des mesures afin d’atténuer l’impact du report d’un crédit d’impôt de 500 $ qui était offert aux aînés de 65 ans et plus. Cependant, il ne peut garantir que les sommes seront pleinement rendues à tous les aînés.

Québec avait décidé de hausser graduellement de 65 à 70ans le seuil d’admissibilité à ce crédit d’impôt pour l’âge dans le but d’inciter les aînés à travailler plus longtemps.

Jeudi, à l’Assemblée nationale, le premier ministre Philippe Couillard a montré les premiers signes de fléchissement, après plusieurs jours d’attaques très dures des partis d’opposition. Autant le Parti québécois que la Coalition avenir Québec l’accusaient d’être « déconnecté de la réalité » et « insensible » au sort des plus vulnérables.

« Il y a lieu de faire l’évaluation non pas de la mesure de rétention au travail, qui est une mesure d’incitation qu’il faut absolument garder, mais de l’autre mesure [l’abolition du crédit d’impôt] qui venait de la commission Godbout, a déclaré le chef libéral. Il y a certainement lieu de l’étudier avec attention. »

RENDEZ-VOUS LORS DU BUDGET

À la sortie du Salon bleu après la période de questions, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a été plus clair. Il a reconnu qu’il y avait « certaines brèches » à colmater.

« C’est possible que certaines personnes plus vulnérables, à plus bas revenus, qui ont 65, 66, 67 ans, soient affectées négativement, a-t-il déclaré. Au prochain budget, nous allons mettre en place des mesures additionnelles, pour compenser ces personnes, de telle façon qu’il n’y aurait pas de pertes. »

Les personnes de 66 ans (ce qui représente 18000aînés) sont privées du crédit d’impôt cette année. L’an prochain, ce serait au tour des gens de 67 ans, et ainsi de suite. Une formule qui reste à déterminer, d’une valeur équivalente à 500 $, sera donc élaborée dans le budget de mars, incluant possiblement une rétroactivité.

Le ministre n’a pu garantir toutefois qu’il n’y aurait aucune perte pour certains contribuables âgés, car seuls les plus vulnérables seront bénéficiaires des ajustements.

À terme, le gouvernement espérait ponctionner 267M$ supplémentaires chez les personnes âgées une fois le crédit d’impôt repoussé à 70ans. Cette année, la somme récupérée par le Trésor devait avoisiner les 38M$.

Les libéraux plaidaient en revanche qu’ils bonifiaient le programme pour travailleurs d’expérience, à 373 M$, en abaissant le seuil d’admissibilité de 65 à 62 ans.

L’OPPOSITION PEU SATISFAITE

De son côté, l’opposition officielle estime qu’il ne s’agit pas vraiment d’un recul du gouvernement. Le porte-parole péquiste en matière d’emploi, de solidarité sociale et de lutte à la pauvreté, Harold LeBel, demande le plein rétablissement du crédit d’impôt pour l’âge.

« Le ministre essaie de faire passer ça pour un recul, dit qu’il va essayer d’amener des mesures de compensation, sans nommer ces mesures de compensation, a dit M. LeBel en conférence de presse. Personne n’est dupe. Il n’y a pas de recul là-dedans. On continue notre bataille. On veut qu’il recule pour de vrai et qu’il comprenne le bon sens. »

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