Qu’est-ce qui alimente le marché des actions?

Par La rédaction | 6 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Doigt pointant des données sur une tablette.
Photo : scyther5 / 123RF

Après une fin d’année 2018 poussive, le marché des actions américaines a rebondi de belle façon en 2019, soulignait récemment Bloomberg.

Le S&P 500 a grimpé de 18 % et globalement, le marché a ajouté une valeur totale d’environ cinq billions de dollars américains. On pourrait donc imaginer que cela provient d’investisseurs très confiants qui font le plein d’actions. Pourtant, ce n’est pas le cas.

LES INVESTISSEURS SORTENT DES ACTIONS

Au contraire, l’argent a plutôt tendance à sortir des fonds d’actions depuis le début de l’année. Les investisseurs ont retiré 134,2 milliards de dollars américains des fonds communs provenant d’investissements mondiaux depuis le début de l’année, selon Goldman Sachs. Environ 56,4 milliards ont été retirés de fonds américains. Seulement 16,3 milliards sont entrés dans les fonds négociés en Bourse (FNB) américains axés sur les actions.

Cela s’expliquerait en partie par le vieillissement des investisseurs baby-boomers, lesquels vendent leurs actions pour acheter des titres plus sûrs et protéger leur capital. Cette tendance est renforcée par la conviction que le cycle haussier actuel tire à sa fin et par la crainte engendrée par les turbulence du marché à la fin de l’année dernière. « Encaisser les gains au fur et à mesure qu’ils se présentent a du sens », soutient Cameron Brandt, directeur de la recherche à EPFR. 

L’INCIDENCE DES RACHATS D’ACTIONS

Mais alors, qui achète les actions, si ce ne sont les investisseurs individuels? Qui fait grimper leur valeur? Difficile à dire.

Bloomberg identifie toutefois un suspect : les entreprises elles-mêmes. Elles ont accumulé les profits ces dernières années et ont aussi bénéficié de généreuses baisses d’impôt. Une grande partie de ces fonds a servi à financer des programmes de rachat d’actions. Ces rachats ont grimpé de 22 % dans le premier trimestre de 2019, pour atteindre 270 milliards, selon Bank of America. Cela dépasse de beaucoup les sommes retirées des fonds communs de placement par les investisseurs individuels. 

Au cours des dix dernières années, Apple a été, de loin, l’entreprise américaine qui mené les plus gros programmes de rachat d’actions, suivi d’Exxon Mobil, de Microsoft et d’IBM, selon Birinyi Associates. Apple a dépensé pas moins de 239 milliards en dix ans sur ces rachats d’actions.

LIMITER LES RACHATS?

Notons toutefois que les programmes de rachat d’actions ne sont pas au goût de tous, notamment parce qu’ils sacrifient de l’argent qui pourrait être utilisé pour augmenter les salaires ou investis dans l’entreprise elle-même afin d’améliorer ses performances à moyen et long termes. 

Le candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders et le sénateur démocrate Chuck Schumer ont proposé de limiter ces programmes pour les entreprises qui ne remplissent pas certaines obligations minimales envers leurs employés, comme un salaire d’au moins 15 $ l’heure. 

Selon Bank of America Merrill Lynch, la crainte de voir ce type de politiques appliqué après la prochaine élection pourrait à court terme avoir l’effet inverse. Les entreprises pourraient vouloir racheter le plus possible de leurs actions pendant qu’il en est encore temps. 

UN MARCHÉ RÉSILIENT

Puisque beaucoup d’investisseurs ont tendance à sortir du marché ou à réduire leurs investissements entre mai et octobre, les entrées d’argent dans les fonds pourraient continuer à diminuer dans les prochains mois.

Pour certains, c’est une bonne nouvelle. Trop d’entrée d’argent pendant une reprise du marché laisse craindre une folie boursière qui finit généralement mal. Alors que voir que le marché se maintient malgré le peu d’engouement des investisseurs individuels serait plutôt rassurant.

La rédaction